Washington a imposé des droits de douane de 28 % sur les importations tunisiennes, une mesure annoncée par le président Donald Trump en avril dernier. L'impact risque d'être sévère sur l'un des secteurs phares de l'économie tunisienne : l'huile d'olive. Pour Khalil Laabidi, expert en investissement et développement de projets, il est urgent d'activer la diplomatie économique et de lancer des négociations bilatérales. Lors de son passage sur Express FM, Khalil Laabidi a réagi à la mise en application imminente des droits de douane décidés par l'administration américaine. Ces taxes, qui s'inscrivent dans une stratégie plus large de Donald Trump pour réduire le déficit commercial des Etats-Unis, touchent de plein fouet plusieurs pays, dont la Tunisie. Un coup dur pour l'huile d'olive tunisienne Selon Laabidi, 34 % des exportations tunisiennes vers les Etats-Unis concernent l'huile d'olive, pour une valeur de 98 millions de dollars. L'imposition de droits de douane de 28 % pourrait donc provoquer une perte significative de parts de marché, au profit de pays concurrents qui bénéficieraient d'accords commerciaux plus favorables. "La Tunisie est un grand producteur et exportateur d'huile d'olive, mais ce n'est pas un pays consommateur. Il est donc impératif d'écouler les quantités produites... Si la Tunisie est la seule à être soumise à ces droits alors que d'autres pays sont exemptés, elle risque de disparaître du marché américain, à l'exception des huiles de très haute valeur ajoutée comme le biologique ou le conditionné. Cela porterait un coup à l'ensemble de la chaîne de valeur, du petit agriculteur jusqu'à l'exportateur", a-t-il averti. Face à cette menace, Laabidi appelle à une réponse immédiate et structurée. "Il faut activer la diplomatie économique, engager des négociations avec les Etats-Unis et défendre nos intérêts de manière proactive", a-t-il indiqué, tout en soulignant l'importance de ne pas se contenter de réagir, mais de mettre en œuvre une stratégie à long terme pour sécuriser les exportations tunisiennes. Diversification des marchés : une urgence Sur un autre plan, Khalil Laabidi rappelle que des efforts ont été menés pour ouvrir de nouveaux marchés, notamment en Chine et au Japon, mais estime qu'ils restent insuffisants. Pour cela, il plaide pour une stratégie nationale ambitieuse axée sur la conquête de marchés alternatifs tels que les pays du Golfe, l'Amérique latine ou encore l'Asie du Sud-Est. "Le développement de la valeur ajoutée est crucial. Il faut valoriser notre huile d'olive, la conditionner, la labelliser et investir dans la logistique et le marketing international", précise-t-il. Par ailleurs, l'expert estime que les anciennes stratégies ne sont plus adaptées aux défis actuels. Il appelle à une nouvelle vision, intégrant des mécanismes de financement, une logistique efficace et une exécution rapide. "Il faut penser les solutions d'aujourd'hui en parallèle avec celles de demain", a-t-il déclaré. Parallèlement, Laabidi a attiré l'attention sur les opportunités sur le continent africain, où la Chine et la Russie sont déjà fortement implantées. Dans ce cadre, il a proposé de renforcer la présence diplomatique tunisienne, d'améliorer les liaisons de transport et de mobiliser des financements internationaux pour consolider la présence économique de la Tunisie en Afrique. Il est à rappeler que Donald Trump a justifié ces mesures douanières comme un moyen de défendre les intérêts américains dans ce qu'il a appelé un "jour de libération économique". Il a annoncé des taxes minimales de 10 % sur la plupart des importations et jusqu'à 50 % pour les pays présentant un fort déséquilibre commercial avec les Etats-Unis. Si certains pays ont obtenu un report de 90 jours, comme l'Union européenne (jusqu'au 9 juillet 2025), la Tunisie reste, à ce jour, pleinement concernée par ces mesures.