Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens, Néji Bghouri, a déclaré hier, lors d'une rencontre avec les journalistes correspondants de médias étrangers, qu'il n'avait plus confiance dans les déclarations de bonnes intentions du ministère de l'Intérieur. « Lors de nos réunions avec le ministre de l'Intérieur, il explique avoir donné ses directives aux forces de police pour ne pas entraver le travail des journalistes, mais en réalité, sur le terrain, rien n'a changé», s'indigne Néji Bghouri. Les conditions de travail des correspondants des médias étrangers sont difficiles, surtout au lendemain du scandale du journaliste sioniste Moav Vardi. Ces conditions de travail sont d'autant plus difficiles que pour eux, les accréditations sont une compétence exclusive du gouvernement, pour des raisons évidentes de sécurité. « Une fois l'accréditation délivrée, la police n'a plus le droit de demander des autorisations de tournage à chaque fois, sauf pour les lieux fermés», explique le président du Snjt. Mais la réalité est moins rose. Adnane Chaouachi, correspondant de médias étrangers, raconte, qu'en moins d'une heure, à l'avenue Habib-Bourguiba, il s'est fait contrôler 7 fois lors d'un rassemblement. «L'un des policiers m'a même demandé les noms des députés que j'ai pu voir pendant mon tournage ». Pire, selon le coordinateur pour la chaîne allemande ZDF, un agent de police lui a fait savoir que la police technique et scientifique voudrait voir ses enregistrements. Pour Youssef Hemdane, correspondant « non reconnu » de la chaîne palestinienne « Al-Qods », c'est une toute autre histoire. Depuis 2014, Youssef tente d'obtenir une accréditation de la part des autorités tunisiennes sans succès. Après l'avoir baladé de service en service, on lui demande (de manière officieuse) de fournir aux autorités « une lettre de non-objection » émanant de l'ambassade palestinienne. « Mais que vient faire l'ambassade dans cette affaire ? s'interroge-t-il. Si le gouvernement tunisien ne veut pas de la chaîne Al-Qods sur son sol qu'elle le dise officiellement et d'une manière claire». Le président du Snjt regrette le double discours du ministère de l'Intérieur et explique que certains cadres du ministère de l'Intérieur continuent à cultiver une « hostilité » envers les médias et la liberté de la presse. Hier après-midi, le Snjt a d'ailleurs publié un communiqué dans lequel il appelle les autorités à fournir les accréditations annuelles pour l'ensemble des correspondants étrangers sans discrimination, d'accorder des autorisations de filmer annuelles au lieu d'autorisation mensuelles et de donner des autorisations temporaires aux équipes de médias étrangers lorsqu'ils n'ont pas de correspondants. La Snjt demande également au gouvernement de ne pas changer les règles du jeu suite aux derniers événements.