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Pour des diplômes de qualité
Enseignement supérieur privé
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 12 - 2016

La Fgesrs et l'Ugtt ont organisé, du 19 au 21 décembre, à Hammamet, en partenariat avec la fondation Rosa Luxemburg, un séminaire sous le titre « L'université tunisienne et les risques de privatisation » et pour lequel on a choisi le slogan « L'université publique, la locomotive de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique» et « Non à la marchandisation de l'enseignement supérieur et à la violation de l'égalité des chances entre les citoyens ». Au terme de ces trois jours, qui étaient animés par la tenue de nombreuses séances autour de thèmes variés, tels que l'évolution de l'université publique à travers l'histoire et la gouvernance, ainsi que par les travaux de deux workshops, le secrétaire général de l'Ugtt, Hassine Abassi, qui était accompagné du secrétaire général adjoint, Kacem Afia, a prononcé le discours de clôture où il a valorisé cette initiative et remercié les participants. Mais juste avant cet épilogue, on a procédé à la présentation des rapports de ces ateliers où on a exposé les principales recommandations concernant l'élaboration d'une loi organisant l'enseignement supérieur et la conception d'un cahier des charges pour le secteur privé. Le premier se rapporte à la discussion de la loi relative à l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, un document que les deux parties ministérielle et syndicale ont convenu de réviser et de concevoir à nouveau et qui constituera la base sur laquelle celle-ci va entamer les négociations avec l'autorité de tutelle après son approbation par le conseil administratif sectoriel. Quant au second rapport, il est relatif à l'amendement du cahier des charges concernant l'enseignement supérieur privé et son élaboration à partir d'un point de vue syndical. Il est à souligner que lors de ce séminaire, toutes les régions étaient représentées par les universités et les structures pédagogiques.
Garantir la transparence et la crédibilité
Le travail du premier workshop, présenté par l'universitaire Mariem Lazâar, s'est concentré sur la qualité de l'enseignement. Le premier point garantissant cette condition est le principe de participation des structures élues à côté de l'autorité de tutelle, à savoir la Fgesrs et le conseil des universités, à commencer par la conception du nouveau cahier des charges. Dans ce cadre,on propose que les autorisations accordées, énoncées par l'article 4 du chapitre 1er, ne dépassent pas les 10% du nombre des universités publiques, et qu'une moyenne soit déterminée pour l'entrée aux établissements universitaires privés, en exigeant qu'elle soit la même que celle requise dans le public pour les mêmes filières. Et pour plus de transparence et plus de crédibilité, on tient à ajouter à l'article 10 des dispositions selon lesquelles les structures universitaires élues participent, au même titre que l'autorité de tutelle, à l'adoption du règlement intérieur régissant l'établissement privé, et le conseil scientifique doit être élu. Par ailleurs, on suggère l'augmentation du nombre des enseignants recrutés par les établissements privés, prévu dans l'article 14 du chapitre 3, afin que ce secteur participe réellement à résoudre le problème du chômage des diplômés universitaires. Comme on propose d'amender l'article 16 par la création d'une structure qui contrôle les mécanismes du recrutement des vacataires dans l'enseignement supérieur privé. L'autre point contenu dans le même article, relatif à la question du partenariat pédagogique et scientifique, a suscité deux positions contradictoires. Les tenants de la première soutiennent que ce partenariat doit être dans l'intérêt des deux secteurs, en ce sens que le privé qui veut bénéficier des avantages du public dont il tire profit est dans l'obligation de payer la contrepartie. Les tenants de la deuxième thèse refusent catégoriquement le principe de partenariat. D'autre part, dans le souci de préserver la qualité de l'enseignement supérieur, on tient à imposer dans le secteur privé les mêmes conditions d'inscription appliquées dans le public, à savoir le score requis et non le simple diplôme du baccalauréat ou un diplôme équivalent, comme stipulé dans l'actuel article 19 du chapitre 4 qui permet ainsi l'accès avec 10 de moyenne à des filières où on exige l'obtention d'une forte moyenne dans cet examen national, ce qui permet à des diplômés moyens pour ne pas dire médiocres, de rivaliser avec les excellents sur le marché de l'emploi, rien que parce qu'ils ont de quoi se payer les frais d'inscription excessifs dans un établissement privé. La question de l'équivalence des diplômes, énoncée par l'article 18 du même chapitre, était également évoquée par les participants au workshop qui se demandent sur quelle base cette équivalence est établie, tout en proposant la mise en place de critères qui soient basés sur la qualité de l'enseignement prodigué et non pas sur le nombre d'années passées dans la filière comme c'est le cas actuellement, et ce dans un cadre participatif où les structures universitaires élues représentant l'université publique seraient associées à l'autorité de tutelle.
Décalage avec la réalité
Le rapporteur du deuxième atelier, l'universitaire Boubaker Ben Ali, a commencé par remarquer que, d'un point de vue linguistique, l'ordre des mots dans l'expression « établissements privés de l'enseignement supérieur », figurant dans le cahier des charges, n'est pas gratuit, en ce sens que la première position occupée par la notion « privés » par rapport à celle d'« enseignement supérieur» traduit une primauté et donc une préférence. Il s'agit d'entreprises lucratives qui investissent dans le domaine très rentable de l'enseignement juste pour réaliser de gros bénéfices. L'équipe participant à ce workshop a relevé la présence dans ce cahier des charges des articles non actualisés et qui sont en décalage avec la réalité. Pour remédier à ces lacunes, on a proposé d'ajouter à l'article 2 la ratification par le ministre de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique du règlement intérieur de l'établissement privé, ainsi que la présence d'un conseil scientifique élu par les enseignants titulaires, d'un conseil de discipline et d'un comité de master, étant donné que l'ancienne loi n'a pas pris en considération le système LMD où on trouve le master et le doctorat. Seulement là, se pose un problème, puisque si l'établissement privé livre un diplôme de doctorat, on n'est plus dans l'enseignement mais plutôt dans la recherche scientifique. Faut-il empêcher cela ? Et par quel moyen ? Concernant la composition du conseil scientifique, stipulé dans l'article 3, on a proposé que les titulaires le constituant soient détenteurs d'un diplôme de doctorat ou d'un diplôme équivalent. Et pour ce qui est des parties économiques et sociales qui sont autorisées à assister aux réunions des conseils scientifiques, comme le précise le décret 2716 au nom de l'ouverture de l'établissement universitaire sur son environnement, les membres de cet atelier s'opposent à ce qu'ils bénéficient du droit de vote pour les empêcher de s'ingérer dans la gestion de la vie universitaire. Dans le cadre de l'article 4, ils suggèrent la mise en place de sections pédagogiques élues en fonction des spécialités, un service s'occupant de l'administration des études et des examens, un service de stages et un service des affaires universitaires. Quant au cadre enseignant dont parle l'article 5 du chapitre 2, ils tiennent à ce que l'établissement privé recrute les 2/3 de son cadre enseignant parmi les détenteurs du diplôme de doctorat ou d'un diplôme équivalent, parce que, selon eux, cela est de nature à permettre un niveau d'encadrement minimum qui soit conforme aux normes internationales. Ils veulent, également, modifier les dispositions de l'article 6 qui donnent la possibilité à l'établissement privé de se faire aider par des enseignants de l'université publique après autorisation de la part du ministre, de sorte que cette autorisation n'émane plus de ce dernier mais de leurs établissements respectifs, étant donné qu'ils connaissent le mieux leurs emplois du temps, tout en la soumettant à l'approbation du recteur concerné. D'un autre côté, on propose de revoir la réorientation telle que stipulée par l'article 20, en exigeant que l'établissement privé observe les mêmes conditions d'admission appliquées dans l'université publique en la matière. Enfin, dans le cadre de l'article 29, on sollicite que les établissements privés soient soumis au comité national d'évaluation, de qualité et d'accréditation, et au contrôle administratif et académique de la part de l'autorité de tutelle.
Les chasseurs d'opportunités
De son côté, le secrétaire général de la Fgesrs, Houcine Boujarra, affirme que les syndicalistes universitaires ne sont pas seulement pour la réforme de l'enseignement privé, mais aussi pour la réforme de l'enseignement public, étant donné que celui-ci ne peut gagner la concurrence tant que l'université publique garde le statu quo. D'autre part, il fait remarquer que l'enseignement supérieur privé a considérablement évolué pendant ces cinq dernières années où le nombre des étudiants qu'il accueille représente 10% de ceux de l'enseignement supérieur public, alors qu'il ne dépassait pas 2 ou 3% avant la révolution. Pour lui, cette nouvelle réalité nous laisse poser des questions lancinantes : par quoi expliquer cette évolution du secteur privé et cette régression du secteur public ? L'explication la plus plausible que l'on a pu trouver c'est la faiblesse de l'Etat à partir de 2010/2011 et l'exploitation de cette «opportunité historique » par certains établissements privés pour appliquer tout ce qu'ils veulent. Ainsi, ces derniers n'ont pas trouvé face à eux un ministère, ni une université publique qui soient capables d'imposer à ces établissements privés des conditions de qualité. En outre, il dénonce le fait que l'autorité de tutelle dispose pratiquement de toutes les données, excepté une seule, celle se rapportant au nombre des enseignants titulaires dans les établissements privés. On ignore tout à propos de leur nombre et de leurs diplômes. D'ailleurs, il y en a parmi ceux qui exercent dans ce secteur certains qui n'en ont pas et aussi des universitaires qui travaillent dans le secteur public. Et il faut savoir que dans certains établissements privés, le nombre des enseignants titulaires est en-deça de 2,5%. « En tant qu'Ugtt et que Fgesrs, on n'est pas contre l'enseignement supérieur privé en tant que tel, mais contre un enseignement médiocre qui ne respecte pas les conditions de qualité et qui ne cherche que le gain exorbitant, comme en témoignent la grande concentration de ces établissements privés dans deux villes, Tunis et Sousse, et leur quasi absence dans les autres régions du pays, ainsi que leur spécialisation dans trois grands secteurs, à savoir le commerce, la santé et l'ingénierie, c'est-à-dire les domaines les plus rentables, alors qu'on n'y trouve pas de trace des autres spécialités », tient à préciser Boujarra. Ce bilan très sombre le laisse dire que les défaillances de l'enseignement public sont insignifiantes comparées à celles qui existent dans le secteur privé, ce qui amène à relativiser en quelque sorte la critique envers le système public et à se focaliser principalement sur ce système privé qui a profité de cet état de relâchement général, en restituant à la loi sa valeur et sa suprématie. Pour ce faire, d'après lui, il faut donner toutes les prérogatives non pas aux structures administratives et bureaucratiques du ministère, mais à des commissions élues et constituées d'experts qui posent les conditions et qui assurent le contrôle des institutions publiques et privées. « L'autorité de tutelle, qu'on a longtemps expérimentée, devrait se contenter de veiller au suivi de ce travail, car elle n'a jamais procédé à l'application des dispositions de son propre cahier des charges, ni sanctionné ces établissements privés pour leur inobservance de ce dernier, et il est donc grand temps de revaloriser les structures pédagogiques », conclut Boujarra.


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