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Les prémices d'une crise
Ministère de l'enseignement supérieur et syndicats
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 02 - 2016

Après l'entretien consacré au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, il y a un mois, La Presse donne la parole au secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, M. Houcine Boujarra, pour développer les approches syndicales des questions qui ont été soulevées
L'université tunisienne se prépare à vivre un tournant majeur dans son histoire. Manifestement, la lune de miel avec ses partenaires s'est vite éclipsée et a laissé place au désaccord, voire à des controverses lancinantes. Le secrétaire général du syndicat des universitaires reproche au ministre, entre autres, sa rétraction vis-à-vis de la question de la réforme de l'enseignement supérieur privé, après avoir affiché une intransigeance qui était saluée et soutenue par le syndicat, lorsqu'il était en butte à des attaques de la part de certains lobbys financiers et certaines parties politiques. Cependant, ce n'est pas le seul point de discorde entre les deux parties : ils ne s'entendent plus ni sur la manière de résoudre les revendications professionnelles et sociales, ni même sur celle d'appliquer la réforme du système universitaire. A ce propos, Boujarra soutient que celle-ci reste lettre morte, en raison du fait que la plupart des points sont toujours inactivés, notamment ceux dont la concrétisation immédiate ne pose pas de problèmes d'ordre pratique, ni ne requiert de fonds spécifiques.
Décisions ministérielles unilatérales
A propos de la divergence de points de vue entre la Fédération et le ministère, concernant la conception de la réforme du système universitaire, Boujarra soutient : « On a toujours été persuadé que le travail devait se faire d'une manière concertée et collégiale, essentiellement entre l'autorité de tutelle, le syndicat et les structures pédagogiques élues, les étudiants, à travers leurs représentants au sein des conseils scientifiques et des conseils des universités, ainsi que les fonctionnaires et les ouvriers, par le biais de leurs structures syndicales respectives. Mais, il semble que le ministre veuille mettre fin à cette approche participative, que nous avons privilégiée, trois ans durant. Cette tendance se confirme par le fait que nous ne nous sommes pas réunis, dans le cadre de la Commission nationale de réforme, depuis trois mois, alors que, conformément à l'accord signé entre l'autorité de tutelle et notre syndicat, depuis l'époque de Moncef Ben Salem, la Commission se réunit le premier mercredi de chaque mois. Les autorités ministérielles prennent les décisions d'une manière unilatérale, et lorsqu'on proteste contre ces méthodes antidémocratiques, en tant que CNR, elles nous répondent qu'on n'a pas le droit d'intervenir au niveau de l'application et que notre rôle se limite aux questions théoriques et à la consultation. Alors que cela se contredit avec les accords conclus avec tous les ministres successifs, et suivant lesquels la CNR représente l'ensemble des intervenants universitaires, organise la consultation, contribue à la rédaction des projets de réforme et accompagne l'activation de tous les éléments relatifs à l'opération de réforme.
Le ministère veut montrer à l'opinion publique nationale qu'il est d'accord avec le syndicat, alors que, dans la réalité, aucune disposition de la réforme n'est activée. A titre d'exemple, on a conçu ensemble un projet d'allégement des examens, qui est une revendication des étudiants, des professeurs et de l'ensemble des parties, étant donné que les dépenses consenties et le temps gaspillé, dans la réalisation des examens, la correction des copies et les délibérations sont énormes. Cette manière de procéder lèse, considérablement, l'étudiant qui, au lieu de passer l'essentiel du temps dans la formation, en consacre presque la moitié à passer des épreuves. Ainsi, les promesses faites par M. le ministre (dans la dernière interview qu'il a accordée à La Presse) sont des promesses sur papier, elles sont presque toutes reportées à une date indéfinie, d'autant plus que le budget de la réforme n'est toujours pas déterminé et que celle-ci n'a pas encore fait l'objet d'un débat sérieux au sein de l'ARP. Néanmoins, il y a lieu de souligner qu'on s'est mis d'accord sur une autre question, lors de la dernière réunion du 15 janvier, suite à une grande pression exercée par la CNR. Elle se rapporte à la soumission, vers la fin de l'année universitaire, des questions, relatives à l'indépendance des universités, la bonne gouvernance, la carte universitaire et l'orientation, à des concertations entre les différentes parties, les universitaires, les fonctionnaires et les ouvriers, et en recourant également aux avis des experts, à travers des réunions et des séminaires, pour en tirer, en définitive, une synthèse.
Différends concernant la réforme du système LMD
Le point fort de ce système réside dans la réparation des rapports entre l'enseignant, l'étudiant et le tutorat, consistant à ce que chaque enseignant prenne en charge dix ou quinze étudiants qu'il accompagne tout au long de leur carrière universitaire, et même au-delà, c'est-à-dire jusqu'à leur intégration dans le marché de l'emploi, où il se doit d'assister les étudiants qu'il a formés. Cela est consigné dans le texte original de la loi instituant le système LMD, comme l'a appliqué l'ex-ministre, Lazhar Bou Ouni, et que l'actuel ministre refuse d'activer, comme à l'accoutumée, à chaque fois que la mise en application des mesures nécessite des fonds, sous prétexte qu'il n'y a pas de budget alloué. Et bien que le syndicat ait fait montre d'une grande souplesse, en acceptant que les enseignants accompagnateurs soient payés l'année prochaine, M. le ministre, lui, a opposé un refus catégorique. Ce que nous demandons dépasse de loin ce qui est proposé. Et de deux choses l'une : soit qu'on procède à des solutions de raccommodement, comme avant, soit qu'on applique une vraie réforme qui requiert, avant toute autre chose, l'attribution d'un budget au ministère. Ce qui n'est pas évident. Celui de l'année écoulée est inférieur à celui de l'année précédente, et l'ensemble de tous ceux accordés après la révolution sont très en-deçà de ceux qui étaient alloués avant. Est-ce qu'on peut appliquer les réformes souhaitées, en diminuant très sensiblement le budget du ministère de l'Enseignement supérieur ? Est-il possible d'améliorer, qualitativement, l'espace universitaire et son environnement, avec un budget dérisoire?
Concrètement, les problèmes sont nombreux, et plusieurs revendications sont, toujours, au point mort. C'est le cas, à titre d'exemple, de l'accord sur la question très simple, relative à la création d'une commission mixte de négociations concernant les statuts des enseignants, qui a été signée avec M. Chaâbouni, le deuxième ministre après la révolution, il y a plus de trois ans. Cette commission n'a pas encore vu le jour. Concernant les questions sociales, les négociations ont, également, été renvoyées à une date indéterminée. «Tout porte à croire que nous nous acheminons vers un blocage des négociations et donc des réformes. Si le ministère continue dans cette politique stérile, il va perdre la confiance de toutes les parties, syndicats et structures pédagogiques élues. On a proposé à M. Bouden, en présence de tous les secrétaires généraux des syndicats et avec la participation des recteurs, de trouver une solution, susceptible d'installer une sorte de confiance entre les professeurs et l'ensemble des parties intervenantes, d'une part, et l'autorité de tutelle, de l'autre. Mais, il paraît, jusqu'à maintenant, que la politique de l'attentisme et l'immobilisme sont toujours de rigueur.
Universités étrangères et enseignement privé : tout à refaire
S'agissant de la coopération entre le ministère et les universités étrangères, Houcine Boujarra indique que quelques universités étrangères sont en train d'envahir l'espace universitaire tunisien, ce qui représente un défi à l'endroit de l'université publique. D'autre part, le ministère évoque la création d'une université américaine, un projet que nous avons catégoriquement refusé. L'argument présenté est la présence de ce genre d'université en Orient. Ce qui est plus inquiétant, concernant les rapports avec les institutions universitaires étrangères, c'est que dans le projet de réforme, on compte presque exclusivement sur le financement étranger. Ce qui se contredit, fondamentalement, avec le principe de souveraineté nationale qui ne doit être hypothéquée en aucun cas et sous aucun prétexte, que ce soit dans l'enseignement supérieur ou dans tout autre domaine.
Concernant l'enseignement supérieur privé, Boujarra soutient qu'il envahit le paysage universitaire en admettant qu'il s'agit d'une tendance internationale. Qu'en est-il en Tunisie ? « Toutes les parties concernées doivent s'exprimer à propos de cette question cruciale dans le cadre d'un débat national. Le ministère ne doit pas l'accaparer et l'activer sans en informer l'ensemble des parties intervenantes. La question relative à l'ingénierie en est la preuve », soutient-il. La problématique a été posée entre le ministère et quelques établissements privés à la suite de la grève observée par les étudiants et que nous avons soutenue, en tant que fédération. La revendication essentielle, que nous considérons légitime, est, en premier lieu, l'égalité des chances entre tous les étudiants, étant donné qu'il est tout à fait inadmissible de permettre à un étudiant d'accéder à cette filière pour devenir architecte avec 10/20 comme moyenne au baccalauréat, alors qu'on exige une moyenne dépassant 15/20 pour accéder à l'université publique. Le ministère de tutelle et l'université tunisienne doivent garantir l'égalité des chances et la qualité de l'enseignement.
La profession reproche aux établissements de l'enseignement universitaire privé de fonctionner avec un, deux ou trois statutaires, des enseignants n'ayant pas de diplômes universitaires reconnus par les commissions des équivalences, les commissions de recrutement et de promotion au sein du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, sans conseils scientifiques élus. Et le pire, c'est que les étudiants de ces établissements privés parviennent à obtenir des emplois avant ceux de l'université publique. Pour mettre un terme à ces graves dépassements, il est impératif de discuter ensemble du cahier des charges auquel il faut soumettre toutes les parties, établissements publics et privés. Et conformément à celui-ci, les 2/3 des enseignants des institutions privées doivent être des statutaires et recrutés par des commissions de recrutement élues. Il est inconcevable que l'autorité de tutelle tolère la présence d'établissements universitaires privés où n'existent même pas les conditions minimales de qualité, où domine le mercantilisme de l'enseignement et où le diplôme n'a de valeur qu'à travers celle de l'argent. Du côté du ministère, la réponse a été la mise en place d'une commission pour les écoles supérieures privées d'ingénierie, en dehors de la CNR, et la désignation de ses membres. Mais bien qu'on se soit mis d'accord sur la représentativité de cette dernière, avec en son sein deux membres que nous avons choisis, avec son accord, ces derniers n'ont été convoqués à aucune réunion et les décisions émanant des travaux de cette commission ont été publiées sur le site web du ministère, avec la signature du ministre. A notre interrogation, le ministre a répondu que c'était faisable.
Recherche scientifique : le désastre
S'agissant de la recherche scientifique, Boujarra tire la sonnette d'alarme. « Le rapport relatif au projet de réforme, signé par le ministre, la CNR et le chef du gouvernement, et approuvé dernièrement par l'ARP, stipule qu'il existe un grand désastre au niveau de la recherche scientifique, et qu'il faut la réorganiser et la restructurer. D'ailleurs, plusieurs propositions ont été présentées dans ce sens. Le ministre, quant à lui, soutient le contraire, cela montre à l'évidence une contradiction flagrante avec le contenu du document qu'il a signé lui-même. Sur un autre plan, au sujet de l'accession de la Tunisie au projet européen H 20/20, l'universitaire syndicaliste estime que ce genre de projet doit être, nécessairement, soumis à la ratification des présidents des universités, regrettant à l'occasion de n'en avoir pas pris connaissance ni ses confrères universitaires et représentants des structures syndicales et pédagogiques. Comme pour la constitution de la commission d'ingénierie, nous avons été mis devant le fait accompli.


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