Par Samira DAMI Certains rêves et projets artistiques paraissent des plus fous, mais à force de persévérance et de volonté de la part de ceux qui les portent, ils arrivent à prendre forme et à se réaliser. Parmi ces projets si originaux, s'inscrivant dans un mouvement artistique engagé et citoyen, prônant «la culture pour tous et partout», citons l'action artistique «El balcon» initiée par Chokri El Bahri. Cet artiste et agitateur culturel n'est pas à sa première aventure artistique puisqu'il a déjà initié l'action «K'Art» consistant à organiser des ateliers de théâtre dans la rue. Cela dans le but d'encourager les citoyens à s'adonner à l'art du théâtre. Plusieurs tournées dans un bus acheminant «la culture partout et pour tous» ont été effectuées, l'année écoulée, dans plusieurs gouvernorats du nord et du sud du pays. Le nouveau projet, entamé le 29 décembre, consiste à donner des spectacles, entre performances et concerts, sur la scène d'un balcon d'une ancienne demeure de la Médina de Sfax. Le balcon qui tombait en décrépitude a été réaménagé et repeint en bleu et blanc, couleurs dominantes de la ville antique de Sfax, précisément à «Rahbet El Naâma», rue du Bey. «Yasser fil balcoun» est le premier spectacle qui y a été représenté, jeudi dernier. Il s'agit d'un concert du chanteur et musicien Yasser Jradi, auteur-compositeur de l'attachante mélodie : «Dima-dima», cela en attendant d'autres performances. Une telle initiative relève du genre : «L'art dans la rue» qui interpelle les citoyens et favorise la proximité. Sortir les arts de leurs lieux conventionnels en allant vers toutes sortes de publics dans les zones urbaines et rurales les plus reculées ne peut être que salué et encouragé. Ainsi, depuis le 14 janvier 2011, plusieurs initiatives du genre, telles «Le cinéma en zone rurale», ont eu lieu dans maintes régions du pays : les habitants, entre enfants, jeunes et moins jeunes, ont assisté, pour la première fois pour certains, à des projections de films en plein air, dans des étables ou dans une «sous-serre». Citons également les actions façon «Street art graphique», telle «Djerba Hood», soit un véritable musée à ciel ouvert où 100 artistes venant du monde entier ont réalisé 250 fresques murales dans le village typique d'Erriadh. Une initiative lancée par Mehdi Ben Cheikh, directeur de la galerie «Itinérance» à Paris. Le Street-art s'est également affiché à Tunis à travers les graffitis sous le pont de l'avenue de la République, dans plusieurs gares du métro de Tunis (Le Bé Art) sur les devantures des cafés, dans les cours d'écoles et de lycées de plusieurs villes (Sfax, Hammamet, Tunis et autres). Ces graphistes désormais connus, tels les «Zwewla» (Les Pauvres), «Les volontaires» Ouméma Bouassida, Dalinda Louati, «9oum ébni», El-Seed, Skoof, Meen-one et autres ont boosté, par leur talent, l'art urbain tunisien. Bref, quand les artistes s'approprient l'espace urbain avec une vision créative, privilégiant la proximité, cela ne peut que conférer cette touche esthétique qui manque tant à nos villes et villages. Hélas, le plus souvent, envahis par la laideur. L'art dans et de la rue ne peut, également, que valoriser nos paysages urbains en leur redonnant des couleurs, tout en sensibilisant les citoyens à ne pas les dégrader, en les salissant et en jetant des ordures partout. L'art dans et de la rue embellit, anime et dynamise les espaces publics grâce à la création et à la créativité. Souhaitons qu'à l'orée de cette nouvelle année 2017, l'art, la beauté et la poésie investissent nos villages et nos villes et fleurissent partout dans nos rues.