Par Samira DAMI Le coup d'envoi des travaux de restauration d'«El Karraka», site historique de la banlieue nord situé à l'entrée de La Goulette, est pour bientôt. C'est ce qu'a annoncé, mercredi dernier, le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabiddine. Cet ancien fort, datant du XVIe siècle, retrouvera, ainsi après les travaux de rénovation, sa vocation culturelle. Vocation qu'il avait avant le 14 janvier 2011 mais qu'il a perdue après avoir été squatté par un bon nombre de citoyens en mal de logements juste après la révolution. Ce magnifique fort a accueilli le festival méditerranéen de la musique ainsi que plus de 40 éditions du Festival «El Karraka», fondé par le défunt homme de théâtre Moncef Souissi. Théâtre, musique, danse, cinéma, tous les arts ont égayé et agrémenté les soirées des riverains. Bref, tout est bien qui finit bien car c'est grâce à la volonté politique du ministre des Affaires culturelles et du gouverneur de Tunis, M. Amor Mansour, que ce monument a été «réapprivoisé». Maintenant, espérons que les travaux de restauration, qui seront pris en charge par le ministère de tutelle, ne traîneront pas en longueur comme, c'est actuellement, le cas de la maison de la culture Ibn-Khaldoun, fermée pour rénovation depuis près de deux ans. Toutefois, d'autres monuments et espaces culturels squattés et/ou fermés, tel le palais beylical d'Hammam-Lif, méritent d'être restaurés et rénovés. Mais on peut se demander si le ministère des Affaires culturelles dispose des moyens financiers et matériels nécessaires à la restauration et/ou à la rénovation des espaces culturels et des sites historiques à vocation culturelle éprouvés par le passage du temps et le délabrement. On sait que les enveloppes financières que nécessitent les travaux de réaménagement de ces sites sont très importantes, ne serait-il donc pas souhaitable d'associer des partenaires privés, ainsi que des associations de mécénat afin de sauvegarder et de sauver le plus grand nombre de monuments et d'espaces culturels du dépérissement. C'est pourquoi une législation conséquente avec des cahiers des charges bien précis pourrait aider l'Etat à préserver et conserver tous ces temples historiques et culturels. Et l'Acropolium de Carthage rénové et géré, il y a plusieurs années par un promoteur culturel privé, représente un parfait exemple de l'apport de l'investissement privé, pour la sauvegarde de tels monuments auxquels a été conférée une vocation culturelle. Il est sûr, en tout cas, qu'une législation organisant les espaces culturels publics, privés et en partenariat public-privé permettrait de clarifier les choses et de booster la pratique culturelle à travers l'ensemble du pays. L'organisation juridique des espaces culturels devrait découler d'une vision précise et d'une stratégie englobant l'ensemble du pays dans un souci d'équilibre et d'équité entre les régions et favorisant le partenariat entre le public et le privé. La rénovation des temples de la culture, dans le but d'améliorer leur infrastructure, permet d'élargir l'accessibilité de la majorité des Tunisiens aux arts et à la culture et de développer la diffusion culturelle. Outre que cela offre l'opportunité aux artistes de créer, de présenter leurs œuvres dans de bonnes conditions et d'aller, ainsi, à la rencontre des différents publics. Chaque espace culturel nouveau ou fraîchement modernisé représente un plus pour toutes les parties concernées : la région, les créateurs et le public, tant cela génère toute une dynamique artistique et une animation socioculturelle tous azimuts.