La Presse — En Tunisie, le 13 août est la Fête de la Femme, appelée aussi journée nationale de la Femme. Cette date marque l'anniversaire de la promulgation du Code su statut personnel en 1956. Un ensemble de lois considéré comme révolutionnaire dans le monde arabo-musulman. Il a accordé aux femmes tunisiennes des droits considérables en matière de mariage, de divorce et d'héritage. C'est une journée fériée en Tunisie, célébrant les réalisations et les contributions des femmes tunisiennes à la société. Nous aborderons ci–après le volet sportif qui a été à l'avant-garde des réalisations de la femme tunisienne. En effet, le sport tunisien a eu ses champions du monde et ses champions olympiques garçons et filles. La femme sportive tunisienne, grâce à des éléments de valeur internationale, est devenue une véritable icone. Elle a emmené dans son sillage des centaines de milliers de jeunes qui ont sauté le pas et entamé avec succès une carrière sportive. Cette réussite sportive n'a pas empêché la réussite sociale. Les jeunes championnes ont concilié études et sport. Elles sont, de nos jours, devenues des femmes-cadres, gérant leurs propres affaires ou à la tête de départements importants. Elles remplissent de ce fait leur mission dans les différents domaines, avec bonheur et satisfaction. Des moyens limités Malgré le soutien financier que l'on apporte aux associations féminines en maintenant les fonds alloués au titre des subventions à l'intention des associations sportives féminines et financées par le Fonds national pour la promotion du sport et de la jeunesse, les moyens demeurent limités. Le renchérissement du matériel, l'augmentation du coût de la vie qui se répercute sur tout le reste des secteurs d'activités, le fossé qui sépare les besoins réels de ce qu'on met à disposition continue de se creuser. Malgré tous ces efforts, une section féminine donne aux clubs l'impression que c'est une charge, un fardeau. Voilà où nous en sommes, alors que tous les observateurs sont unanimes pour soutenir que nous sommes devant une génération où les valeurs individuelles et collectives sont extrêmement intéressantes. C'est la raison pour laquelle, en dépit des titres conquis sur les arènes du monde entier, nous considérons que le sport féminin ne tourne pas à plein régime. Les moyens, encore une fois fort réduits, même pour les besoins des autres activités sportives masculines d'ailleurs, bloquent toutes les initiatives. Les conditions économiques qui ont prévalu, alors que le décollage était imminent, ont considérablement réduit les ambitions. Il faudrait reconnaître également que l'organisation du sport féminin ne répond pas aux besoins. Ni au niveau du département de tutelle ni au sein des fédérations nationales sportives. Il est tout simplement considéré comme un complément, un ajout, un secteur que l'on essaie de maintenir à flot sans plus. Pourtant, nos équipes de sports collectifs, reprises à la base ces dernières années, connaissent une relance significative. Le basketball a, par exemple, intelligemment refait son équipe type à partir d'un socle rajeuni, qui commence à s'imposer. Le même cas se pose pour le volleyball et le handball. Mais, le moment voulu, il faudra des moyens autres que ceux mis à leur disposition pour accéder au niveau supérieur. Ces équipes se contentent d'un travail réduit au niveau international, faute de contacts avec l'extérieur et d'occasions de se roder au haut niveau. Les sections féminines, à part celles qui appartiennent aux associations anciennement constituées, qui possèdent palmarès et histoire, souffrent. Elles possèdent pourtant de très beaux effectifs et ne demandent que plus de temps, plus d'espace, plus de liberté d'action. Cela exige des engagements financiers qu'elles sont loin de pouvoir assurer. C'est le contraire de ce qui se passe au niveau de leurs rivales potentielles qui bénéficient de plus de moyens, multiplient les tournois et consolident leurs acquis. Icônes et symboles Les sports individuels et de combat sont logés à meilleure enseigne, grâce aux efforts des parents et au cran de ces sportives qui ont réussi à devenir des symboles de réussite. Le problème, de toutes les façons, est avant tout une question de conviction et d'honnêteté morale. Les filles, tout comme les garçons, représentent le sport national. Il n'en demeure pas moins que les féminines devraient être gérées non pas comme un appendice du sport masculin, mais par une direction à part entière qui aura son programme d'action, son budget, ses moyens de contrôle et surtout des objectifs clairement définis en rapport avec les engagements de nos équipes féminines. Le sport féminin rapporte presque autant de résultats probants que le sport masculin. Nos représentantes écument les arènes et se font respecter en karaté, escrime, taekwondo, tennis, lutte, judo, voile, aviron, boxe, natation, athlétisme, basket, hand, volley, etc. Elles se sont frayé, tout au long de l'histoire du sport tunisien, un chemin vers les marches des podiums. Parmi les plus connues, on retrouve Habiba Ghribi, championne olympique du 3.000 m steeple. Marwa Amri en lutte, médaillée de bronze aux Jeux Olympiques Rio 2016 (58 kg), Ons Jabeur , joueuse de tennis de renommée mondiale, connue pour ses performances exceptionnelles. Elle est devenue la joueuse tunisienne, arabe et africaine la mieux classée des classements WTA. En escrime, Ines Boubakri a marqué l'histoire en remportant une médaille de bronze aux Jeux Olympiques Rio 2016 (fleuret), Hend Chaouch est une pionnière en rallye, étant la première femme arabe et africaine à remporter ce titre. Enfin, Hajer Jelili est la première tunisienne et africaine,sacrée championne de Jiu-Jitsu brésilien, etc. Toutes ces championnes ont cru au sport, animées par des pionniers et pionnières qui ont montré le chemin. Il ne faudrait pas les oublier : Meryem Mizouni, les sœurs Dérouiche, Saloua Obba,Faten Ghattas,Senda Gharbi, Souad Ben Sliman, les sœurs Ben Zineb, etc. Tout est à faire Pour conclure et éviter la langue de bois, tout est à faire dans l'organisation du sport féminin. Faute de plan d'action et d'efforts, pour traduire cette volonté politique dans les faits, que « le sport tunisien participe pour viser les podiums », exprimée dernièrement par le Chef de l'Etat en personne, on ne peut que demander des comptes à ceux qui n'ont pas encore compris la place à assurer pour cette partie importante du sport national.