Réalisateur, scénariste et producteur, Anouar Moatassem signe avec «Atoman» le premier film de super-héros marocain. Actuellement à l'affiche à Tunis, ce long-métrage de science-fiction et de divertissement mêle action spectaculaire et réappropriation culturelle. La Presse — Pourquoi avoir choisi la science-fiction et le super-héros pour «Atoman», un genre peu exploré dans le cinéma arabe ? J'ai toujours rêvé de faire un film qui s'éloigne des clichés montrant une Afrique uniquement marquée par la pauvreté ou les drames sociaux. Nous sommes une civilisation puissante, riche d'histoire et de culture. Pour moi, la meilleure façon de nous réapproprier notre identité, c'est par l'entertainment, le grand spectacle populaire. Ce type de film demande une écriture particulière, mais aussi un budget important... Exactement. Pour réussir un film de super-héros, il faut un scénario pensé différemment, mais aussi des moyens conséquents. Mon expérience de réalisateur de séries historiques, comme Saïda El Horra ou Mansour Dhahbi, m'a beaucoup aidé. En travaillant avec des historiens et des archéologues, j'ai imaginé un héros orphelin en quête d'identité, qui découvre son « amazighanité » et en tire ses pouvoirs surnaturels. Comment avez-vous financé un projet aussi ambitieux ? Nous avons eu au départ une avance sur recettes du Centre cinématographique marocain. Mais, avec un budget final de 2,4 millions d'euros, il a fallu compléter. Une partie est venue de ma société, Casablanca Pictures, et le reste grâce à notre vendeur international américain, 123 Médias. Leur préachat a été décisif pour boucler le financement. Sur le plan technique, vous avez aussi visé haut... Oui, le mixage son a été réalisé en 7.1 dans les studios de Luc Besson, via Elgo Live. Ils avaient adoré mon pitch : un super-héros arabe... qui ne vole pas dans les poches, mais dans les airs ! Un super-héros arabe, est-ce « bankable » aujourd'hui ? Sans prétention, je peux dire qu'Atoman est, selon le Centre du cinéma marocain, le film le plus distribué de l'histoire du cinéma marocain. Il est sorti en Asie, dans tous les pays d'Amérique latine et en Afrique. Ce succès a dépassé mes attentes. Ce succès ouvre-t-il la voie à d'autres héros africains ? Oui. J'ai créé la franchise African Comics (A.C.) avec l'idée de développer, dans chaque pays africain, un super-héros ou une super-héroïne. Le prochain personnage sera une héroïne malienne. Mon rêve, c'est que tous ces héros se retrouvent un jour dans un même film.