Par Abdelhamid Gmati Il paraît que ce sont des Tunisiens qui auraient commis l'attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. C'est l'ex-président de la République qui l'écrit dans un article paru sur le journal français « Le Monde » lundi dernier. Moncef Marzouki analyse: « Quel est le point commun entre l'attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, celui de Berlin le 19 décembre 2016 et celui de Nice le 14 juillet 2016 ? Ils ont été commis par mes compatriotes, par des Tunisiens qui ont frappé aussi en Tunisie même, et ce, à plusieurs reprises ». Après le tollé que cela a provoqué, Marzouki affirme, le lendemain, qu'une phrase a « sauté » dans son texte original : « Heureusement que les Tunisiens n'ont pas fait sauter le Centre de commerce international dans les attentats du 11-Septembre». Question : n'a-t-il pas lu et relu son texte avant de l'envoyer au journal, comme le font tous ceux qui écrivent pour le public ? En tout cas, l'ex-président a réussi à faire parler de lui à deux reprises. Pour le contenu de ce qu'il dit ou écrit, les Tunisiens sont échaudés et savent qu'il ne rate aucune occasion pour faire « du bruit » et tente « d'intoxiquer les esprits » par des affirmations tendancieuses et souvent mensongères. Il n'est pas le seul. En fin de semaine, on a beaucoup épilogué, dans certains médias et des réseaux sociaux, sur une « information » affirmant que la voiture de « collection » de type « Rolls Royce », offerte par la reine d'Angleterre Elisabeth II au leader Habib Bourguiba, serait livrée à la « casse » et vendue. Le président de la République est alors intervenu en personne pour démentir et affirmer que ce n'est là qu'une rumeur destinée à « détourner l'attention du public et le focaliser sur de faux problèmes ». Il n'en a fallu pas plus pour que la députée d'Attayar, Samia Abbou, décidément obsédée par Caïd Essebsi, parte à la charge : « Il n'a pas fait de déclaration sur sa santé et il n'a pas présenté la déclaration de ses biens. Ce n'est pas à lui de démentir la vente du véhicule de l'ancien président, un conseiller aurait pu le faire ». L'honorable députée n'a visiblement pas saisi que le fait d'apparaître en personne devant la caméra était une réponse à sa question inutile sur son état de santé. De plus, ignore-t-elle que Béji Caïd Essebsi a bien fait une déclaration de ses biens dès janvier 2015, et ce, à la Cour des comptes. Le dépôt de cette déclaration a été porté à la connaissance du public, à l'époque. Encore du bruit et une tentative d'intox. Pendant deux jours, on a beaucoup parlé de la mort du leader du groupe interdit Ansar Al Chariâa, Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, annoncée par certains médias libyens, la chaîne Libya Al Hadath et le site Africa Gate News, qui ont montré des photos du corps présumé du terroriste. Il s'est avéré, par la suite, que la photo de l'homme, dont le corps est criblé de balles, serait celle d'Abdelkader Abou Jerad, un chef terroriste libyen, originaire de Benghazi. On avait annoncé, à plusieurs reprises, la mort de Abou Iyadh, en fuite en Libye depuis septembre 2013, mais il serait toujours vivant. Selon certaines sources, cette fausse information serait une intox destinée à manipuler l'opinion publique tunisienne et peut-être aussi les services de sécurité. Une autre « information » affirmait, en début de semaine, le rappel immédiat de l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique à Tunis, Daniel Rubinstein. Couplant cette affirmation avec une autre indiquant que Radhouan Masmoudi, réputé proche de Rached Ghannouchi et des Frères musulmans, serait interdit d'entrer aux USA, les auteurs en concluent qu'il s'agit là d'une rupture du nouveau président américain avec les Frères musulmans. En fait, il n'en est rien et le département de la communication de l'ambassade des USA à Tunis a démenti ces allégations : « Il s'agit d'une intox sans fondement dans le sens où l'ambassadeur Daniel Rubinstein a assisté, le matin même du mardi 24 janvier 2017, à une manifestation organisée par le ministère de l'Industrie et du Commerce en collaboration, notamment, avec l'organisation américaine, Usaid ». D'autres intox fusent chaque jour les unes plus fantaisistes que les autres. Il est important de prendre ces « informations » avec prudence et vigilance, car elles peuvent donner lieu à des réactions déplorables. Mais il faut faire avec, tant qu'il y aura des esprits malintentionnés. D'aucuns recommandent de leur demander des comptes.