Audacieux, conservateur, peu autoritaire face aux stars, tacticien, fébrile, on en a vu de tout avec le Franco-Polonais. Maintenant, c'est une certitude, Henry Kasperczak a vraiment changé par rapport à son premier passage en sélection de 1994 à 1998. On ne parle pas de la compétence, l'homme reste l'un des entraîneurs les plus respectés et expérimentés du continent, on parle plutôt de son attitude, de sa façon de diriger le groupe et surtout de la manière dont il a géré la CAN. Là, il y a un changement notable et surtout des contradictions qu'on ne lui connaissait pas il y a 20 ans. L'homme était beaucoup plus régulier que maintenant. Son retour en sélection est si controversé. Il y a beaucoup de lumières (celui qui ne reconnaît pas ça est quelqu'un de subjectif), mais aussi des zones d'ombre, jusqu'à la contradiction. Dans cette CAN qu'on a mal terminée avec la classique élimination aux quarts de finale, Kasperczak a présenté de multiples facettes, plusieurs visages. Et on a du mal à rassembler le puzzle et à trancher sur l'attitude de Kasperczak. On l'a vu tacticien, sobre au premier tour, face à l'Algérie et au Zimbabwe. On l'a vu, par contre, fébrile et hors du coup aux quarts. Quelques visages relevés. Le sobre Contrairement aux matches amicaux et aux matches des éliminatoires de la Coupe du monde, où l'équipe a paru prenable et en perte de vitesse, le premier tour de la CAN a été une satisfaction. Nous ne parlons pas résultats uniquement, mais aussi qualité de la prestation et volume du jeu présenté. Là, on a vu un Kasperczak bien dans sa tête et qui savait orchestrer sa troupe. Beaucoup de stabilité, de tact et une bonne lecture des matches. Malgré une défense pas au point, le Franco-Polonais a trouvé la bonne formule offensive avec trois milieux de création, Msakni, Khazri et Selliti qui jouaient ensemble. Pour arriver à créer ce fond de jeu, Kasperczak était bien sobre mais aussi audacieux. On a dit de lui qu'il était défensif en commentant la liste des retenus, mais au fait il a changé d'avis en jouant devant, en aidant ses joueurs à jouer libérés et à marquer le plus grand nombre de buts après le premier tour. Le conservateur Ce visage contradictoire on l'a vu contre le Burkina Faso, comme si Kasperczak avait fait marche arrière. Comme s'il a effacé cette image d'un entraîneur ferme et bien armé. Il fait jouer Abdennour comme arrière gauche et sacrifie Maâloul, il ne réagit pas en deuxième mi-temps quand il voit son équipe s'effondrer; ses changements sont tardifs et n'ont rien apporté. Ses joueurs avancent en bloc sur le corner qui a amené le second but, il ne bronche pas. On l'a vu hyper conservateur, et le résultat a suivi tout de suite. Le passif On n'a pas envie d'utiliser ce genre de lexique vis-à-vis du sélectionneur, mais Kasperczak ne semble pas diriger avec l'autorité qu'il faut son groupe. Abdennour parachuté alors qu'il devait rester sur le banc, lui qui dicte tout aux vestiaires aux côtés de Balbouli. Le cas Abdennour veut dire que notre sélectionneur n'est plus celui qui protégeait ses vestiaires, il y a 20 ans, contre les interférences. Autre geste qui montre que Kasperczak n'est plus cet entraîneur que ses joueurs respectent. Khazri, frustré après le changement, refuse de serrer la main en toute «insolence» à son entraîneur qui finit par rire. Geste qu'un entraîneur de son métier ne peut pas laisser passer inaperçu d'autant que ce Khazri, inactif en Angleterre, a des antécédents. Pouvait-il faire cela avec David Moïse à Sunderland qui l'oublie depuis un bon moment ? Les incidents qui ont éclaté aux vestiaires après le match et les attaques des stars de la sélection montrent bien que les choses dérapent. On l'a vu dans cette CAN dans différents états. On a vu de tout chez Kasperczak qui reste bien le premier maître à bord dans ce groupe. Mais maintenant, comment peut-il organiser ses plans et faire pour redonner du sérieux à une sélection qui a si progressé pour, tout d'un coup, retrouver ses vieux démons.