Au petit matin, la zaouia de Sidi Mehrez a été le théâtre d'une ferveur mystique pour la célébration du Mouled. Les murs ont résonné des sons de gombris, de chkchaks, des tbal, tangara et autres instruments joués par les confréries de stambali et de bengua. Venus de Sfax, Tozeur, Gabès, Nefta, et d'autres régions de la Tunisie, les membres de ces confréries ont rempli l'air d'une énergie mystique et fascinante. Dans la cour de la zaouia, imprégnée de l'odeur de l'encens, des centaines de spectateurs curieux se sont rassemblés, les yeux rivés sur les pas de danse enivrante effectués par les membres des confréries qui, portés par un rythme effréné, sont allées jusqu'à la transe. Ces rituels ancestraux, témoins d'un patrimoine multiséculaire transmis de génération en génération, ont rendu, encore une fois, hommage aux origines africaines de ces pratiques ancestrales inchangées. Drapés dans leurs étendards aux couleurs chatoyantes, les adeptes ont célébré et chanté les louanges de Sidi Abdelbaki, Sidi Ammar et Sidi Ali Lasmar et d'autres marabouts, captivant la foule par ce spectacle hors du temps. La procession des membres des confréries a, ensuite, quitté la zaouia de Sidi Mehrez pour se rendre à celle de Sidi Ben Arous. Tout au long de leur chemin, des chants soufis se sont élevés, accompagnés des youyous des femmes, ajoutant une ferveur particulière à l'effervescence ambiante. Cette manifestation culturelle confirme la résilience de ces traditions maraboutiques que les adeptes ont jalousement préservées malgré les menaces de disparition, en continuant, chaque année, à investir ces zaouias chargées d'histoire et de mysticisme. Ils perpétuent ainsi un héritage culturel et musical riche, profondément enraciné dans la mémoire collective du pays.