D'ici la fin de l'année prochaine, six mille familles de condition modeste accéderont à la propriété de leurs logements On a pris l'habitude, depuis l'avènement de la révolution, de reprocher aux gouvernements qui se sont succédé au palais de La Kasbah de faire des promesses qu'ils savent ne pas pouvoir concrétiser. On se rappelle encore la série de conférences de presse que les ministres du gouvernement de la Troïka I dirigé par Hamadi Jebali ont tenues en avril 2012 pour annoncer des milliers de projets dans toutes les régions du pays, dont les 30.000 logements sociaux à importer en préfabriqué de la Troïka et les 20.000 Tok Tok qui devaient être cédés aux citoyens nécessiteux ou de condition modeste. Hamadi Jebali est parti pour céder la place à Ali Laârayedh, remplacé lui aussi par Mehdi Jomâa, chef du gouvernement des compétences apolitiques, mais les 30.000 logements et les 20.000 Tok Tok sont restés une promesse non tenue. Pire encore, on assure que les crédits accordés au financement de ces projets sont toujours dans les caisses de l'Etat tout simplement parce que la réalisation des projets a été bloquée, à cause de l'incapacité des gouvernements de la Troïka I et II à procéder aux expropriations qu'il faut, les propriétaires des terrains visés ayant refusé les offres de l'Etat. Il est aussi une donnée qui mérite d'être rappelée : aucun des gouvernements ayant succédé à Jebali et à Laârayedh n'a annoncé l'abandon officiel de ces projets, et si on applique le principe de la continuité de l'Etat, on peut dire que ces projets sont toujours de mise. On commence par le programme «Premier logement» Qu'en est-il maintenant de la concrétisation des promesses faites par Youssef Chahed, chef du gouvernement d'union nationale, dans son discours devant les députés le jour où il a obtenu leur confiance ? Dans ce discours, il a parlé notamment d'un programme appelé «Premier logement». Il s'agit d'une ligne de financement de l'ordre de 200 millions de dinars au profit des catégories à revenu moyen. Et la loi de finances 2017 d'expliciter les conditions à remplir pour pouvoir bénéficier de ce programme. D'abord, le logement attendu comportera un salon +2 chambres et son prix ne dépassera pas 200 mille dinars. L'autofinancement est de l'ordre de 20% du prix du logement. Il est financé par un crédit accordé par l'Etat à tout candidat dont le revenu mensuel se situe entre 4,5 et 10 fois le Smig estimé à 300 dinars. L'Etat ne percevra pas d'intérêts sur le crédit accordé qui doit être remboursé sur une période de 7 ans. Jeudi 2 février, le chef du gouvernement a donné le coup d'envoi du programme «Premier logement». Il a notamment insisté sur le fait que le programme a pour objectif de permettre aux Tunisiens aux revenus moyens «d'acquérir leur propre maison, un rêve qui est devenu irréalisable vu la flambée des prix des terrains à bâtir et aussi des prix pratiqués par les promoteurs immobiliers qui ne peuvent plus offrir des logements à des prix abordables». D'ici l'année prochaine, six mille logements seront à la disposition des bénéficiaires du programme. Il est à préciser que la liste des promoteurs immobiliers qui auront à construire ces logements est déjà finalisée et le marché est déjà conclu avec l'Etat. Il reste à savoir si ces promoteurs seront capables d'honorer leurs engagement à temps quand on sait que les prix des matériaux de construction enregistrent des hausses vertigineuses, sans arrêt. Plusieurs promoteurs soulignent qu'entre la signature des conventions et le démarrage des travaux de construction, certains matériaux comme le ciment connaissent deux à trois augmentations, sans oublier la main-d'œuvre où un maçon est payé aujourd'hui jusqu'à 50 dinars la journée, alors que l'ouvrier non qualifié perçoit jusqu'à 25 dinars. On attend maintenant le démarrage officiel prévu début avril prochain du programme d'emploi «Contrat dignité» qui profitera à quelque 25.000 diplômés de l'enseignement supérieur et mobilisera une enveloppe de 250 millions de dinars.