Une équipe à soutenir, des joueurs généreux, mais des détails à soigner pour arriver au haut niveau. Enormément d'histoires à raconter. Ceux qui ne sont pas allés à la Cité nationale sportive pour suivre Tunisie-Suède ont raté quelque chose. C'est un match qui ne sera pas oublié des mémoires, anecdotique même avec ces matches longs et interdits aux «cardiaques». Le court central, délaissé pour des années par la FTT et les clubs, s'est réconcilié avec son public, la vrai public du tennis, spontané, généreux, pas snob du tout (il fallait regarder un peu dans la tribune VIP pour voir tout le snobisme du monde et voir un public qui rappelle en partie l'image «discriminatoire» du tennis!). Malheureusement, on n'a pas battu la Suède, qui, sur le court, était beaucoup plus solide que sur le papier. Le classement ATP n'a pas un lien fiable avec la qualité des joueurs et le cours d'un match. On n'a pas gagné face à une Suède qui n'était pas supérieure, mais qui était plus réaliste et certainement moins maladroite que notre sélection. Tout s'est joué sur quelques détails qui font toute la différence à ce niveau de compétition. Dougaz : des signes qui ne trompent pas La victoire de Malek Jaziri face à Rosenholm a permis de revenir à 2 partout. Le match Dougaz-Arvidsson était donc la «finale» de cette confrontation. Ce fut un match palpitant, très dur, rocambolesque avec des renversements de situation intenses. Notre Aziz Dougaz, qui a séduit le public et conquis son cœur, gagne difficilement le premier set 7/6 avant de fléchir lors des deux sets qui suivent, puis il retrouve son énergie, son talent fou, ses sensations pour égaliser 2 sets partout. Des moments de grande liesse et un central chaud et impliqué jusqu'au dernier coup. Malheureusement, au cinquième set, un «break» à 3 jeux partout est fatal pour notre jeune talent. Il craque, il multiplie les fautes directes et permet au Suédois, qui a plus d'expérience, de gagner 6-3 et 3 sets à 2. Ce fut un goût d'inachevé, un goût de frustration parce que Aziz Dougaz avait de grandes qualités, un tennis de joueur averti et ambitieux. Il nous a fait plaisir avec des coups gagnants, virtuoses (coups droits décroisés sur la ligne, revers à deux mains d'attaque, coups croisés avec l'effet «lift», amortis subtiles), et un registre technique qui promet. Dougaz a payé cher beaucoup de fautes directes de précipitation, et surtout un coup de fatigue après 4 heures de jeu plein. Il doit soigner surtout sa présence physique en gagnant en puissance physique et doit aussi éviter de rentrer mal sur un match ainsi que les irrégularités. Dans l'ensemble, Aziz Dougaz n'a pas du tout démérité. On a découvert un joueur au potentiel très respectable, qui a envie d'arriver au top. Cette défaite au match décisif n'est pas à en rougir pour l'équipe de Tunisie, et pour Aziz lui-même. C'est vraiment la naissance d'un grand joueur s'il travaille encore et progresse sur le plan physique et mental. Cette Coupe Davis a été la confirmation pour Malek Jaziri qui a gagné ses 2 matches en simple et rempli largement son contrat. Il reste le premier joueur de la sélection, le modèle et l'homme autour duquel la sélection est bâtie. Des regrets? On en a certainement mais il ne faut pas condamner les joueurs de la sélection. Ils n'ont pas triché, ils n'ont pas déçu leur public. Le résultat n'a pas suivi et quelques histoires et détails en sont la raison. Seulement, il faut positiver et regarder la moitié pleine du verre. Ceux qui cherchent à régler leurs comptes avec des personnes à la FTT et qui exultent après la défaite de l'équipe de Tunisie car ils contestent la liste de l'équipe ou défendent quelques joueurs doivent avoir honte. On a une bonne équipe en Coupe Davis, et surtout on a des solutions tangibles et fiables pour l'avenir. Une sélection où il y a, outre Jaziri, des joueurs candidats comme Dougaz, Mansouri, Ghorbel, sans oublier Chergui, Ouakâa, Kilani, c'est une sélection qui promet et qui mérite un encadrement meilleur. Des changements, oui... Nous sommes spécialistes en Tunisie du fatalisme. Et en tennis, un sport que les gens pensent loin des coups bas et des polémiques, les histoires des coulisses, les bras de fer, l'opportunisme, la manipulation des résultats, on le vit depuis des années. Cette défaite doit être bien étudiée et analysée avec des questions qui attendent des réponses : le capitaine a-t-il joué vraiment son rôle et apporté le plus ? A-t-on bien géré le match du double ? A-t-on mis le paquet sur le staff essentiellement pour un travail spécifique et pour aider dans la récupération de Dougaz? C'est à la présidente de la FTT de trancher sur ces questions en vue du match contre Chypre. Les places seront chères, avec deux places ouvertes à 5 joueurs et de vives polémiques qui nous attendent. La défaite est interdite, sinon, ce sera de nouveau l'ascenseur entre les groupes 1 et 2. En tout cas, il ne faut pas léser et condamner nos joueurs et l'équipe de Tunisie. Il y a quelques années, on avait du mal à composer une équipe; aujourd'hui, on a l'embarras du choix qui fait plaisir, mais qui demande, en contrepartie, des gens décideurs qui savent assumer. Il y a beaucoup à dire sur ce match Tunisie-Suède. Nous y reviendrons !