Par M'hamed JAIBI Le problème de l'habitat et de l'accès à la propriété immobilière ne cesse de prendre de l'ampleur, en Tunisie, depuis de longues années, à mesure que les terrains constructibles se sont raréfiés, que l'AFH a densifié son crible sélectif et que le niveau moyen des salaires a été distancé par les prix du bâti. De sorte que la classe moyenne, qui se rétrécit comme une peau de chagrin, n'arrive plus ni à construire son propre domicile ni à saturer l'offre de logements neufs mis sur le marché par les soins de promoteurs immobiliers décidément en surproduction et surendettés auprès des banques. Cette situation nécessite sans doute un déblocage, pour réactiver le secteur de la promotion immobilière et relancer le bâtiment, ce secteur qui fait que lorsqu'il va tout va. Mais elle exige aussi et surtout que les autorités s'activent à réguler le marché par une offre conséquente de terrains constructibles à des prix en harmonie avec le pouvoir d'achat des diverses catégories de Tunisiens, en parallèle d'une profonde réforme en matière d'aménagement du territoire, et d'une véritable politique nationale de promotion du logement social. De même qu'une politique plus audacieuse en matière de crédit immobilier. Le fait est que le programme gouvernemental «Premier logement» semblait devoir s'inscrire pleinement dans la logique de ces attentes pressantes, au bénéfice d'une tranche bien identifiée de la classe moyenne, celle des ménages dont le revenu se situe entre 5 et 10 fois le Smig. Cependant, il s'est avéré que le texte de loi soumis à l'ARP orientait les candidats exclusivement vers une liste restrictive de 14 promoteurs «agréés» bien identifiés, dont les logements proposés seraient bel et bien construits et situés dans certaines régions précises du pays. De sorte que le texte a été très critiqué au sein de la commission des finances de l'Assemblée, dans le sens d'une levée de l'exigence de s'adresser à un promoteur immobilier, et de l'introduction de la possibilité d'acquérir un logement ancien ou de recourir à l'autoconstruction.