Les jeunes diplômés indiquent qu'ils ont déposé une plainte à l'ARP et auprès de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc). Le concours national du recrutement des cadres supérieurs spécialisés, ouvert en décembre 2014 par le Groupe chimique tunisien (GCT) dont le siège social est dans la capitale, a enfin révélé tous ses secrets. Pas plus tard que le 4 de ce mois, les résultats définitifs ont été proclamés, laissant entendre un grand bruit de coulisses. Sans pour autant écarter un soupçon de corruption et de fausse note procédurale qui risque de faire tout tomber à l'eau. 82 candidats, pourtant déclarés admis, en ont payé les frais. Hier, lors d'une conférence de presse, tenue au siège du Snjt à Tunis, une dizaine parmi eux se sont montrés complètement déçus, le moral est au plus bas. Ironie du sort ! Leur porte-parole, Akram Ferchichi, ingénieur en électro-mécanique, diplômé de l'Enit de Tunis, s'est dit surpris par un résultat jugé « détourné ». Et que le long déroulement du concours a remis en cause sa crédibilité et sa transparence. «Cela sent bien le souffre », accuse-t-il, sûr de ses propos. Ses collègues et lui n'y vont pas par quatre chemins pour dénoncer une certaine manipulation douteuse orchestrée, en catimini, sous l'emprise des lobbies, au profit d'autres candidats pouvant être inféodés à des partis politiques. Sinon, argue-t-il, comment expliquer que des admis aux épreuves écrites (coefficient 5), puis convoqués à passer l'oral, en guise d'un test psychotechnique (coef 1 seulement) se sont retrouvés hors liste. « Difficile d'y croire », se méfie-t-il. A qui la faute ? Mais, pour rentrer dans les détails, le jeune Akram a remonté dans le temps avec plus de précisons. C'était, en décembre 2014, que le GCT avait, déjà, lancé ce concours, ouvert aux diplômés du supérieur (maîtrise + master) dans trente spécialités demandées en matière d'ingénierie, finances, commerce international, sciences de gestion, environnement, droit et bien d'autres filières techniques. Après dépôt des dossiers et leur examen, 6264 candidats furent a priori sélectionnés pour participer à trois épreuves écrites (matière de spécialité, anglais et culture générale) passées en deux phases (décembre 2015 et juin 2016). Un mois plus tard, soit en juillet dernier, les résultats préliminaires, rappelle-t-il, ont abouti au choix de 519 candidats censés être soumis, au cours du même mois, à un test psychotechnique pour avoir, au bout de sept mois, 346 postulants dont a besoin le Groupe chimique pour des postes dans ses différents sites situés à Tunis, Sfax, Skhira, Gabès, M'dhila et Gafsa. Toutefois, revient-il à l'affaire, les résultats tels qu'annoncés le 4 février dernier n'ont pas été dans les règles. « C'est bizarre de nous voir exclus de la liste des admis au profit de 79 candidats, déjà refusés aux épreuves écrites », ainsi réagit Akram face à cette injustice dont lui et 81 autres candidats sont victimes. Du côté du GCT, silence radio ! Seulement un communiqué, tout flou, a été rendu public le jour des résultats, soit le 4 février 2017, dans lequel le Groupe chimique tunisien y présente ses excuses pour l'erreur matérielle qui s'est glissée au niveau du traitement informatique des notes attribuées aux candidats dans certaines spécialités. Et là, la responsabilité semble être imputée à l'Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (Enit), où s'étaient déroulées les épreuves écrites et orales. Et partant, il a été question de tout refaire : l'on procédait, alors, à une deuxième correction couvrant toutes les épreuves faites par les 6264 candidats, lit-on encore dans le même communiqué. Et c'est là que le bât blesse : la liste des admis a été ainsi révisée, enfonce le clou le jeune Amir Kessemtini, diplômé en droit privé. Arrivé tard à la salle de conférence, l'attaché de presse auprès du GCT, Mourad Sellimi, n'a rien à dire à ce sujet, il n'est, carrément, pas au courant des faits. Et même pas une réponse du ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Y a-t-il anguille sous roche ? Entre-temps, les jeunes diplômés indiquent qu'ils ont déposé une plainte à l'ARP et auprès de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc). Et ce n'est pas tout. Les plaignants comptent porter l'affaire devant le Tribunal administratif.