Cela ne fait que creuser les inégalités Les heures creuses dans les établissements scolaires sont la principale source d'inquiétude des parents d'élèves, car leurs enfants, notamment collégiens et lycéens sont contraints de les passer à l'extérieur au lieu d'être dans une salle de permanence. En effet, la perspective que leurs enfants passent leur temps libre en dehors de l'enceinte de l'établissement dans lequel ils étudient plutôt que dans une salle de classe vide ou même dans la cour, fait de ces interclasses non surveillées le sujet de préoccupation majeur des parents d'élèves au cours de chaque nouvelle année scolaire. Le fait de devoir rester à l'extérieur car une professeur est absente ou parce qu'ils n'ont pas cours entre deux matières les exposent à tous les risques possibles et imaginables liés à la rue : racket, braquage, accident de la route, altercation avec des malfrats qui rôdent autour de l'établissement, achat et consommation de stupéfiants.... « Ma fille étudie au lycée, a relevé Asma, cadre dans une institution publique. Je ne peux pas à chaque fois aller la chercher lorsqu'il y a une heure creuse parce que je travaille. Une fois, elle a du rester quatre heures à l'extérieur parce qu'elle avait non seulement des heures creuses entre les cours mais parce que l'une de ses professeurs s'était également absentée ce jour là ». Le problème des heures creuses se pose également pour d'autres parents d'élèves comme Malika qui au début ne cessait de s'inquiéter pour sa fille à chaque fois qu'elle se retrouvait à l'extérieur de son lycée situé à Khaznadar à cause d'une heure creuse ou d'un professeur absent avant de finir par se résigner. « Finalement ma fille s'est inscrite dans une bibliothèque pour pouvoir y réviser ses cours pendant les heures creuses ou lorsqu'un professeur est absent, a relevé Malika. Il n'empêche que les heures creuses sont une véritable source d'inquiétude pour les parents. On imagine toutes sortes de scénarios, braquage, individus peu recommandables qui rôdent et qui guettent les élèves qui restent à l'extérieur afin de les intimider ou les harceler. Je me rappelle que lorsque j'étais jeune, on restait dans de grandes salles de permanence. Il faut vraiment trouver une solution au problème des heures creuses ». Dès la rentrée, dans certains collèges et lycées, de nombreux élèves ont été, de facto, confrontés à des emplois du temps manifestement aménagés en faveur du corps enseignant, se traduisant par des « heures creuses » qui sont soit dispersées dans la journée, soit, au contraire regroupées, les forçant à rester à l'extérieur de l'établissement faute de pouvoir effectuer l'aller-retour à leur domicile. Face au manque de salles de cours ou de locaux de permanence, la solution résiderait dans la possibilité pour les élèves de participer à des clubs à toute heure de la journée selon Karim, un fonctionnaire quadragénaire au sein d'une institution publique. Cette mesure permettrait aux élèves d'exercer une activité ludique tout en évitant de rester à l'extérieur de l'établissement. «Il est impératif d'aménager de grandes bibliothèques au sein des établissements scolaires. Les élèves pourraient y consacrer leur temps libre à la lecture, à la révision de leurs cours… Je me souviens très bien que, lorsque nous étions enfants, nous passions toutes nos heures creuses dans la bibliothèque, qui était alors gérée par une bibliothécaire », ajoute le trentenaire. Du côté du ministère de l'Education, les heures creuses ne figurent manifestement pas parmi les objectifs prioritaires, l'institution préférant se concentrer davantage sur l'état des infrastructures (salles de classe, clôtures...) et les conditions matérielles dans lesquelles étudient les élèves (nombre de salles de classe disponibles et opérationnelles....). Qu'en est-il de la gestion des plages horaires vides ? Ce point sera-t-il pris en compte dans les futurs programmes ? À ce stade, le ministère n'a fourni aucune réponse. Affaire à suivre.