Entre le circuit commercial et l'IFT, le public tunisien se délecte des primeurs du 7e art. Les salles obscures tunisiennes sont à la page et gardent la cadence des sorties ciné les plus attendues à l'échelle internationale. A l'instar de «Barrakah meets Barrakah», le film saoudien coup de poing, programmé depuis le 8 février au cinéma le Rio, on peut découvrir «La La Land» de Damien Chazelle, la dernière comédie musicale en vogue cette année, qui continue de sévir dans les salles de ciné mondiales mais aussi tunisiennes. Un phénomène cinématographique 100% américanisé, qui peut plaire à un nombre considérable de spectateurs dont la seule passion est de consommer, mais peut également fortement déplaire et interpeller les cinéphiles, venus comprendre la recette d'un tel succès. Parallèlement, l'Institut français de Tunis organise de nombreuses projections de films pour tout public chaque semaine. Jeudi dernier, a eu lieu la première séance du cycle ciné consacré à la filmographie de l'actrice française Isabelle Huppert. Le ciné-médiathèque a projeté successivement «La cérémonie», de Claude Chabrol (1995) et «L'avenir», de Mia Hansen-Love (2016). Une aubaine pour les cinéphiles venus découvrir le parcours de celle qui est à l'affiche du film «Elle», golden globes du meilleur film étranger et qui continue de cartonner. Mais qu'est-ce donc ce «La La Land» ? Cette appellation courante dans les médias, maintes fois répétée dans les sketchs en ligne ou dans les plateaux télé les plus regardés au monde ? Il s'agit de l'intitulé d'un film événement, qui a vu le jour en ce début d'année. Cette production hollywoodienne, qui continue de recevoir plusieurs récompenses dans divers festivals au monde, a cartonné lors de la dernière cérémonie des Golden Globes. Ce film est parvenu même à rafler jusqu'à 14 nominations pour les Oscars de 2017, ce qui le désigne comme étant le film qui a récolté le plus de nominations dans l'histoire du cinéma, surpassant de loin le «Titanic» de James Cameron. A l'occasion de sa sortie mondiale, le spectateur tunisien peut aussi se permettre d'aller le découvrir dans les salles de ciné... Une chose est certaine : si vous n'êtes pas fan de comédies musicales, passez votre chemin... immédiatement. D'une durée de deux heures, le film s'ouvre directement sur une scène de chorégraphie, tirée de l'âge d'or hollywoodien, et plonge le spectateur dans l'univers de la musique jazz où les comédies musicales «made in Hollywood» battaient leur plein et attisaient la foule. Ce dont on est sûr, c'est que le spectateur va être servi, visuellement parlant, sur fond de sonorités Jazzy, interprétées et chantées par l'équipe du film et le tandem Ryans Gosling et Emma Stone. Du spectacle haut de gamme, certes, pour une histoire d'amour niaise. Le spectateur frôle l'ennui et n'accroche pas forcément. A la découverte du couple Stone et Gosling, on s'attend à du rebondissement ! En contrepartie, on se retrouve entraîné dans une romance, plate, fade dont on arrive à voir la fin dès le départ. Mia (Emma Stone) est une actrice ratée enchaînant les castings les uns après les autres entre lesquels elle doit se résoudre à servir des cafés au beau milieu des studios d'Hollywood, Sebastian (Ryan Gosling) est un bon pianiste condamné à exercer ses talents où le vent le mène parce que son seul tort est d'être passionné pour un genre musical qui se meurt. Ces deux ne vont pas tarder à se retrouver. Seulement, le scénario prend son temps, et au lieu d'en faire un long métrage pétillant, accrocheur, comme ont pu le faire les comédies musicales des années 50, on se retrouve à subir les aléas d'une romance gentillette qui, à défaut de tourner au conte de fées, cède la place à la vie de couple ordinaire, au rythme ordinaire, ponctuée par des chorées et des passages musicaux agréables mais dont on finit par se lasser. Le cycle Isabelle Huppert, orchestré par l'IFT, nous a, par ailleurs, permis de découvrir «L'Avenir», de Mia Hansen Love. Un long métrage qu'on peut classer dans la lignée des «comédies de mœurs». Prenant comme personnage Nathalie (Isabelle Huppert), professeur agrégée de philo, qui se retrouve confrontée aux tournants brusques d'une vie ordinaire qu'elle croyait bien gérer jusqu'à la cinquantaine: maladie de sa mère, rupture avec son mari après plus de 20 ans de mariage, enfants quittant le nid pour d'autres horizons... Un film sans prétention, réaliste, dans lequel tout le monde pourra un peu se reconnaître. On est ému, on sourit, on s'interroge... comme dans la vie... Ce film a été précédé par une œuvre de Claude Chabrol, rassemblant Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire. Troublant, tant par sa perfection que par la dureté de son histoire. Il esquisse une très belle histoire d'amitié attachante et introduit le spectateur dans l'univers d'une famille bourgeoise française. Lutte de classe, fausse charité... et autant de thématiques finement traitées, donnant lieu à un drame psychologique saisissant, à la fin tranchante. Toujours dans le cadre de cet hommage rendu à Isabelle Huppert, la prochaine séance événement, prévue le 16 février, permettra aux fidèles de ce ciné-médiathèque de découvrir son dernier film phare «Elle», précédé de «Valley of Love».