La situation politique reste le domaine le plus défavorablement perçu avec une proportion importante d'entreprises égale à 51%, la considérant comme instable et une contrainte majeure pour le développement de leur activité. «Le climat des affaires : résultat de l'enquête compétitivité 2016» est le thème du point de presse organisé hier à Tunis par l'Institut tunisien de la compétitivité et des études qualitatives (Itceq). Cette enquête sur le climat des affaires est la 17e du genre et a concerné 1.200 entreprises structurées du secteur privé, réparties sur tout le territoire national. La perception des entreprises sur le climat des affaires a un impact important sur l'investissement et la création de nouveaux emplois. L'enquête a ciblé les entreprises opérant notamment dans les secteurs des services et de l'industrie, les entreprises exportatrices, partiellement exportatrices ou travaillant pour le marché local. Plusieurs domaines ont été retenus pour mesurer la perception des chefs d'entreprise au sujet du climat des affaires, comme, à titre d'exemple, l'environnement réglementaire et institutionnel dans lequel ils opèrent, en plus de l'infrastructure de base, de la situation sécuritaire, des ressources humaines, des procédures administratives, ainsi que du système judiciaire, des pratiques dans le marché, de la corruption, et du climat politique et social. Une contrainte majeure A noter que c'est depuis 2000 que l'Institut en question effectue une évaluation annuelle de la qualité du climat des affaires en Tunisie à la faveur d'une enquête de terrain. Les perceptions des chefs d'entreprise des différents domaines sont mesurées par un indicateur synthétique de perception du climat des affaires (Ipca) élaboré depuis 2007. Cet indicateur varie de 0 à 100, et plus il se rapproche de 100, plus le climat des affaires est jugé favorable. Le suivi de l'évolution dudit indicateur dans le temps permet de voir s'il y a une amélioration de la perception portée sur l'environnement des affaires. Les premiers résultats montrent clairement que l'indicateur de perception du climat des affaires a connu un recul pour passer de 60,7 en 2015 à 58,7 en 2016. Sur 11 domaines couverts par l'enquête, 7 ont connu une baisse de leur indicateur partiel contre une légère amélioration pour trois domaines. Climat social nuisible S'agissant du climat politique, la perception des chefs d'entreprise s'est améliorée pour atteindre 41,6 en 2016 contre 38,9 en 2015. Cependant, cette situation politique reste le domaine le plus défavorablement perçu avec une proportion importante d'entreprises égale à 51%, la considérant comme instable et une contrainte majeure pour le développement de leurs activités. L'instabilité politique a amené les entreprises à adopter une attitude attentiste en reportant ou en annulant toute initiative susceptible de dynamiser l'activité économique. Parmi les entreprises qui n'ont pas réalisé d'investissement en 2016, pas moins de 39% des chefs d'entreprise l'expliquent par l'instabilité du climat politique. Pour ce qui est du climat social, l'indicateur de perception a connu une augmentation pour se situer au niveau de 43,2 en 2016 contre 40,5 une année plus tôt. Malgré cette amélioration, l'indicateur est considéré comme faible, d'autant plus que la moitié des entreprises estiment que le climat social est nuisible à leur développement et près du tiers des entreprises qui n'ont pas investi en 2016 imputent leur décision à l'instabilité sociale. La situation sécuritaire préoccupe aussi les chefs d'entreprise qui ont salué les opérations réussies de lutte contre le terrorisme effectuées l'année dernière et qui ont eu un impact positif sur la perception portée à ce domaine. L'indicateur y afférent a connu une augmentation relative pour atteindre 51,8 en 2016 contre 49,3 l'année précédente. Près de la moitié des chefs d'entreprise interrogés dénoncent, néanmoins, le terrorisme en Tunisie et le considèrent comme un obstacle majeur à leur développement, alors que 48% estiment que la situation en Libye continue à nuire au climat des affaires et freine leur activité. Par ailleurs, l'indicateur de perception relatif à la corruption a accusé une baisse de 5 points entre 2015 et 2016, passant respectivement de 58,2 à 53,0. Seuls 7 des chefs d'entreprise interrogés déclarent que la corruption s'est relâchée par rapport à 2015, alors que 56% pensent qu'elle s'est accentuée. Certains chefs d'entreprise affirment avoir été contraints en 2016 d'effectuer des paiements informels (pots-de-vin, cadeaux) dans le cadre de leurs opérations avec des institutions publiques, soit un taux de 25% au lieu de 29 en 2015. Cet écart entre la perception et la réalité pourrait s'expliquer par la lenteur de l'application des mesures anti-corruption. Quant au financement bancaire, l'indicateur de perception a connu une baisse importante de plus de 8 points, se situant à 56,9 en 2016 contre 65,5 en 2015. Les entreprises, notamment les PME, rencontrent encore des problèmes, notamment au niveau des crédits bancaires. Aussi, 41% des chefs d'entreprise considèrent les coûts comme des contraintes majeures et nuisent à leur compétitivité. Pour ce qui est des procédures administratives et du système judiciaire, l'indicateur de perception a accusé un recul «remarquable» en 2016 pour se situer à 63,5 au lieu de 68,4 une année plus tôt. Cette situation serait due à la complexité des procédures administratives et à la longueur des délais. Une part importante des chefs d'entreprise estime que les délais de résolution des litiges commerciaux sont longs et que l'application des décisions judiciaires reste encore difficile. Ces indicateurs de perception peuvent servir comme socle pour remédier à certaines lacunes et aplanir ainsi les handicaps rencontrés par certains chefs d'entreprise intéressés par l'investissement.