Concert « Musique allemande » organisé par l'Orchestre symphonique tunisien, dirigé par le maestro Hafedh Makni, avec les solistes Youssef Messaoudi (clarinette) et Amine Triki (violon) présenté mardi dernier à la salle Le 4e Art à Tunis. Encore une fois, l'Orchestre symphonique tunisien s'est montré à la hauteur des attentes sous l'énergique baguette du maestro Hafedh Makni. Une soirée de haute facture autour du répertoire classique allemand menée avec brio par les membres de l'Orchestre et les jeunes solistes Amine Triki au violon et Youssef Messaoudi à la clarinette. Devant une salle pleine, la soirée débutait avec les notes enivrantes de L.V. Beethoven. Dès "l'Ouverture Egmont", le dynamisme et la concentration de chacun des musiciens se sont exprimés avec justesse et jubilation. Une œuvre contrastée qui ouvre la porte, ensuite, à la «Rêverie» de R. Shuman. Une partition magnifique dont l'orchestre a su livrer toute la poésie. Le "Concerto N°2" pour clarinette de C.M.Weber trouve, ensuite, en Youssef Messaoudi un interprète totalement accordé au lyrisme et à l'onirisme de cette partition poétique, taillée dans le diamant. Un jeune virtuose de la clarinette, diplômé de l'Institut supérieur de musique de Tunis, et du Pôle de l'enseignement supérieur de la musique en Borgogne. Il est actuellement assistant d'enseignement artistique à l'Ecole de musique de l'Auxois Morvan et clarinette solo à l'Ensemble Orchestral de Dijon. L'envol rustique de la clarinette, ses sonorités fruitées et l'excellence de l'interprétation du Concerto Orchestre-clarinette étaient saisissants. Youssef Messaoudi donnait une brillante lecture de la partition grâce à une légèreté et une grâce qui épousent idéalement l'âme de son instrument. De même pour le jeune virtuose du violon, Amine Triki, ancien élève du professeur Hichem Makni, il est titulaire du diplôme de musique arabe et du diplôme de violon. Il a joué avec plusieurs formations symphoniques tunisiennes et étrangères. Son défi et celui de l'Orchestre dans ce concert était de s'attaquer à une œuvre de Brahms, son concerto pour violon en "Ré Majeur" qu'il écrivit pendant l'été 1878 avec et pour un des plus grands violonistes de l'histoire : Joseph Joachim. Le dernier mouvement de ce concerto est si difficile pour le soliste que l'œuvre fut surnommée en son temps "Concerto contre le violon". Le jeune violoniste soutenu par un orchestre et un chef sans faille, s'en est bien sorti au grand plaisir du public présent qui était entièrement captivé par une lecture musicale où la complicité sonore entre le violon et l'orchestre est immédiatement perceptible, par le soin apporté aux couleurs, l'équilibre des forces et la qualité même de la substance orchestrale. Le jeune violoniste, une fois pleinement entré dans l'œuvre, démontre la formidable précision de son jeu déployant de très belles couleurs. Une belle interprétation qui s'est distinguée par la précision des timbres et l'équilibre entre la sonorité chaleureuse et éthérée du violon et la fluidité d'un orchestre rigoureux et raffiné. Le programme de la soirée s'est achevé toute en beauté à la manière dont il a commencé, «Danses Hongroises» de J.Brahms a réuni tous les instrumentistes dans un magnifique moment de partage et de complicité. Les regards se croisent à tout instant, les respirations se confondent pour laisser chacun parler à son tour, avec un parfait équilibre. A la fin du concert, le maestro Hafedh Makni a exprimé sa fierté d'avoir de si brillants solistes tunisiens, jeunes et pleins de talents. Il a exprimé, également, sa gratitude à la direction de la Salle Le 4e Art qui a fait preuve de beaucoup de professionnalisme, selon lui, en accueillant l'orchestre dans ses lieux. Le prochain rendez-vous avec l'orchestre aura lieu le 14 mars prochain avec un concert Musique de Chambre, ainsi que le concert de clôture de la saison également dans la même salle, en attendant de le retrouver au Théâtre de la ville de Tunis dès que les travaux de restauration prendront fin.