Concert de clôture de la saison culturelle 2015-2016, par l'Orchestre symphonique tunisien, dirigé par Hafedh Makni avec, à l'affiche, la harpiste française Maia Darmé, jeudi dernier, à La salle Le Rio. Voilà une saison écoulée, durant laquelle l'Orchestre symphonique tunisien a su garder la même pertinence et la même assiduité dans sa démarche, continuant d'aiguiser toujours la curiosité des mélomanes et l'impatience des accoutumés, amoureux du classique. Chaque concert offrait de belles révélations nationales et internationales dans des programmes où les œuvres célèbres font bon ménage avec des partitions rares, des programmes riches et attractifs au travers desquels les membres de l'OST donnaient le meilleur d'eux-mêmes et de la musique. Avant-hier donc, les œuvres de Mozart, idéalement graduées et interprétées par les membres de l'OST dirigé par le maestro Hafedh Makni, donnaient le ton de ce dernier concert mensuel de l'année. On a pu découvrir la toute première symphonie du génie, celle qu'il a composée à l'âge de 6 ans. Nos musiciens ont pu ressortir les multiples facettes d'un Mozart brillant, léger et bouleversant : ils ont offert aux mélomanes du classicisme intelligent dont l'intensité poignante de chacune des phrases a été jouée avec une sorte d'élasticité qui éclairait son propos. Le dialogue entre les instruments est d'une surprenante fraîcheur et permet surtout, plus qu'il ne laisse, des mélodies ou des phrases s'incruster dans la mémoire, de créer d'étonnants et savoureux contrastes. D'autant plus que la concentration extrême, la parfaite osmose entre les instrumentistes, ont pleinement révélé les œuvres dont la souplesse offre joie et gravité, recueillement et fantaisie. Le public a pu faire, ensuite, une belle découverte, celle d'une jeune virtuose du violon. Une jeune fille qui exerçait sa passion depuis l'âge de 3 ans. Elle a d'abord été encadrée par Hafedh Makni puis par le premier violoniste Hichem Makni. Aujourd'hui, âgée de 13 ans, la virtuose Ghofrane Ben Miled, soutenue par les membres de l'OST, a interprété le 3e concerto pour violon en Sol Majeur de W.A. Mozart. Pour cette partition, le maestro obtient de ses musiciens une mise en place rythmique impeccable, tout en laissant à la jeune violoniste l'ajustement de touches mélodieuses tendres et gracieuses. Le public a été conquis par l'échange en forme de dialogue violon-orchestre mené avec une grande subtilité jusqu'aux derniers airs qui concluent ce concerto, avant d'aborder la grande pureté des lignes mélodiques qui vont suivre. La harpe celtique en place, une harpe qui a été remise en état partiellement il y a une année, a-t-on appris, et qui vient d'être restaurée : un instrument que la harpiste française Maia Darmé, qui vient de rejoindre l'OST, ainsi que les différents experts ont qualifié d'exceptionnel et rare. Maia Darmé a commencé la harpe celtique en Bretagne avant de poursuivre une formation classique dans les conservatoires d'Epinal, de Bordeaux et de Paris. Elle bénéficie de l'enseignement des plus grands noms de la harpe. En Australie, elle se perfectionne auprès d'Alice Giles et rejoint le très apprécié Seven Harp Ensemble(SHE). Elle poursuit ensuite ses études à New York et s'immerge dans la musique électroacoustique au Computer Music Center. Maia collabore en tant que soliste ou harpiste principale avec des orchestres comme l'Orchestre National de la République Dominicaine, l'Orchestre Philarmonique du Maroc, l'Orchestre Symphonique de Tunisie, le Secession Orchestra. A travers ce somptueux instrument, donc, qu'est la harpe, aux sons exquis et romantiques à souhait, la jeune virtuose nous a interprété des mouvements du concerto pour harpe et orchestre de François Adrien Boieldieu. Tout au long de l'œuvre, l'équilibre était précis, clair et d'une grande majesté de forme. Des mélodies riches et satinées dont le lyrisme et l'expressivité allaient comme un gant à cette jeune musicienne dont l'exécution est venue fluide, lumineuse et de haute facture technique. Puis on a eu droit, également, à une composition aux sons hétéroclites et originaux du compositeur italien Mario Castelnuovo Tedesco. Nous nous évadons à travers cette artiste confirmée qui nous transporte dans l'intimité d'un monde fait de rêve, d'imaginaire et de poésie, grâce à une palette riche en sonorités profondes, en touches flottantes et en cordes soyeuses. Une soirée de clôture réussie, marquée par le romantisme, le lyrisme et la virtuosité. Le public était conquis !