Confitures, marmelades, chocolats ainsi que de nombreux autres produits à base d'agrumes étaient exposés sous le chapiteau ouvert au grand public devant le vieux Fort de la cité balnéaire. Le week-end dernier, la ville de Hammamet a vécu au rythme de la 6e édition du festival des agrumes qu'organise chaque année l'Association d'éducation relative à l'environnement de Hammamet (Aere). Ainsi, une quinzaine d'exposants entre vendeurs de produits de transformation à base d'agrumes (confitures, marmelades, jus, produits cosmétiques, gâteaux et chocolats) et petits producteurs se sont donné rendez-vous dans la grande tente dressée devant le Fort de cette cité balnéaire. « Cet évènement a eu pour principal but de sensibiliser les citoyens et surtout les jeunes à la préservation du patrimoine agricole local, notamment les variétés rares. Le volet commercial vient au second plan. Notre festival veut contribuer à la diversification de l'attractivité touristique de Hammamet tout en promouvant la région à travers son terroir et son identité», a souligné Nabil El-Asmi, membre de l'Aere-Hammamet. Malheureusement, comme l'a déjà bien mentionné M. Salem Sahli, secrétaire général de cette même association , les vergers et les collines hammamétoises qui produisent des agrumes en majorité biologiques sont aujourd'hui sous la menace d'une urbanisation de plus en plus anarchique. « Cet héritage est aujourd'hui fortement menacé par le développement intensif, l'urbanisation galopante, la spéculation foncière, le morcellement des terres, les conflits autour de l'eau, le manque de sensibilisation des citoyens et la faiblesse, voire l'absence de l'action publique », avait-il signalé. Outre ces problèmes exogènes, l'agriculteur local est confronté à un autre casse-tête chinois: une production record. Transformation d'agrumes et épicerie fine Devant un tel problème, certains petits producteurs ont trouvé la parade: les produits qui ciblent l'épicerie fine. C'est le cas de Jamel Ben Zahra, un jeune agriculteur hammamétois rencontré dans l'espace dédié aux exposants. « Vu que cette année nous avons fait face à une production record, avec l'aide de mon épouse, j'ai été contraint de transformer une partie des agrumes en marmelades et confitures de pamplemousse, de bergamote et de maltaise. Et j'ai mis en place un coin dans ma boutique proposant des jus frais dont les prix défient toute concurrence : je le vends à 700 millimes le verre », fait-il savoir. En revanche, Jamel déplore la frilosité du secteur de la gastronomie devant une telle manne. « Sous d'autres cieux, les chefs pâtissiers innovent et réinventent des recettes de gâteaux à base d'oranges. Malheureusement, malgré l'abondance des agrumes, je n'ai pas vu de pâtisseries proposer des produits nouveaux intégrant notre bonne maltaise et les autres variétés dans leurs produits », a-t-il ajouté. Et si la remarque de Jamel est assez pertinente, Mme Inès Chaouch, une artisane chocolatière faisait tout de même l'exception à travers l'exposition de coffrets de chocolat fourré de pâte à base d'agrumes. « Ça fait deux mois que je me suis mise au chocolat. Mes débuts étaient avec les cakes à l'orange et au citron. Et mes produits ne contiennent ni additifs ni produits chimiques. C'est du fait maison», a-t-elle précisé. Enfin, avec des prix assez attractifs — bergamote (2,5d/kg), thomson (1,6d/kg), maltaise douce (1,6d/kg), citron (0,6d/kg) et maltaises pour jus d'orange (0,5d,kg) — les visiteurs étaient plutôt satisfaits. « Ce festival est une bonne occasion pour entrer en contact avec les producteurs et bénéficier de prix assez bas. Chaque année, je ramène ma famille pour joindre l'utile à l'agréable. Passer un week-end dans un hôtel et acheter des agrumes à bas prix», a conclu M. Kamel Souissi, un visiteur rencontré au festival. Le tourisme intérieur et le commerce équitable ne peuvent être que bénéficiaires avec de telles initiatives qu'il faut encourager et pérenniser.