Dans un paysage souvent déconcertant, le derby qui oppose l'EST au CA apparaît comme une véritable opportunité d'apaisement. Voire de consolation. Faut-il encore rappeler que l'on y respire ici un air plus léger que dans d'autres matches ? D'une épreuve à l'autre, d'une histoire à l'autre, les principes de base subsistent aussi bien pour l'Espérance que pour son adversaire du jour, le Club Africain. Ce n'est pas seulement une question de timing, ou encore de rendez-vous toujours attendu. Mais c'est la flamme qui ne cesse de briller, la passion qui va bien au-delà des promesses de tous les jours. Le championnat ne saurait jamais se passer de ce genre de match. Un derby en fait justement l'histoire, la diversité et surtout la qualité. Pour évoquer les attentes de l'EST, il faudrait commencer là où les pensées de jeu et tout ce qui leur donne un sens s'enclenchent. L'équipe construit son destin jour après jour, bousculant sans cesse les limites pour extraire le meilleur, pour se démarquer de la suffisance. De par son statut d'équipe à battre, son entraîneur, ses joueurs sont obsédés par le moindre détail. Ils sont tellement assoiffés de progression et de victoires jusqu'au bout. L'arrivée de Benzarti est certainement de nature à favoriser de nouveaux principes de jeu. Mais il ne faut pas aussi oublier le passage d'autres entraîneurs qui, même s'ils ne sont plus là, ont, de toute évidence, préparé le terrain. Même absents, ils restent impliqués dans ce qui se conçoit aujourd'hui. Indépendamment des noms, la vocation espérantiste ne change pas. On pensera à tous ce qui s'accomplit sur le terrain comme dans les bureaux, dans les choix tactiques comme dans les discours des hommes, des meneurs d'hommes. Là où le football est constamment réinventé, les objectifs se renouvellent et pointent de plus en plus à l'horizon. En prévision du derby de la deuxième journée du play-off, on ne s'attend point à un changement de l'équipe rentrante. Avec les mêmes acteurs, les mêmes priorités et considérations tactiques aussi, l'EST tentera de préserver un jeu à la fois brillant et gai, inspiré et efficace. Là où chaque point a une importance particulière, l'équipe se donne essentiellement une obligation de résultat. Ecrire l'histoire La génération actuelle se trouve aussi dans l'impératif d'écrire sa propre histoire dans un monde bien plus vieux. Tels qu'ils se revendiquent, les joueurs ne cherchent pas les scénarios déjà épuisés. Le football change et avec lui c'est toute l'équipe qui prend une nouvelle dimension. Surtout de nouvelles alternatives de jeu. Ce qu'ils ont déjà accompli, ce qu'il leur reste encore à faire, nous enseignent qu'une grande équipe se construit au fur à mesure. Tout peut être amorcé sur le terrain. Dans le jeu que l'équipe ne cesse de développer, dans un derby comme celui de cet après-midi, la marge de liberté des joueurs est toujours importante. Elle n'est pas le résultat d'une simple conversion ou le produit d'un métissage technico-tactique imposé. Elle n'est pas non plus celle de ces acteurs venus manger le pain des autres. Simplement des joueurs pour qui couleurs riment avec valeur. Il serait tout à l'honneur de cette génération montante de refuser les solutions faciles, la suffisance. Faire valoir son potentiel et oser. Le programme d'action est clair. Si un match se prépare tactiquement et se gère souvent par la réflexion, il se gagne aussi et surtout par le goût du risque et du panache. Cette reconversion n'est pas passée seulement par les réformes techniques, mais également par la révolution des esprits. Le talent au croisement de l'histoire du jeu. De l'histoire tout court où il y a naturellement une place réservée à l'exploit, au surpassement. L'objectif est clair : gagner et chercher les consécrations et les titres. En football, les défaillances peuvent être aussi comblées par la force mentale des joueurs et notamment ceux qui sont censés donner l'exemple et montrer la voie. On ne peut prétendre être un grand club si on n'a pas l'ambition de jouer. Plus encore : de tout temps, l'une des principales exigences sur lesquelles s'est longtemps reposée la raison d'être de l'équipe espérantiste est de ne pas gagner n'importe comment et sans convaincre. Les bonnes choses sont éternelles. Elles restent toujours valables aussi bien sur le terrain qu'à l'extérieur. On sait que lorsque l'Espérance se donne des responsabilités, elle avance, elle progresse. Mais avant qu'il n'y ait une équipe, des joueurs sur le terrain, il en existe aussi une autre. Une équipe derrière l'équipe qui apporte les solutions, qui assure les meilleures conditions de réussite et qui rend les choses à leur juste valeur. Il s'agit d'un ensemble uni et consolidé autour d'une même cause. Ce ne sont pas seulement les meilleurs joueurs qui font les meilleurs résultats, mais aussi et surtout l'esprit de groupe. La répartition des rôles et le travail en commun. L'accomplissement de l'équipe espérantiste est, par conséquent, une forme de partage tellement belle à voir. Une sorte de fraîcheur dans l'expression. On a toujours pensé qu'elle a les qualités requises pour jouer les premiers rôles. Mais on oublie parfois qu'elle a surtout le mental pour le faire.