Trois fois sélectionneur national, deux fois directeur technique national (1969-1970 et 1983-84), Ameur Hizem a marqué de son empreinte l'histoire de notre football. Formé à la prestigieuse école allemande dans les années 1960, il invite à s'inspirer de l'exemple de ce pays. «Si l'on veut avancer, il est nécessaire de se recycler et se perfectionner. Malheureusement, les techniciens tunisiens oublient trop souvent dans leur écrasante majorité cette obligation. Cela fait que notre football n'avance pas. Une ou deux fois par saison, les entraîneurs allemands participent à des stages et séminaires de formation. Une première absence est tolérée. A la seconde, la licence technique est tout simplement retirée à l'entraîneur défaillant. Le foot, c'est comme la mode; il est en constante évolution. En Allemagne, c'est à l'association des entraîneurs professionnels que revient la charge d'organiser ces stages. Un organe indépendant soucieux de placer toujours à l'avant-garde ses affiliés: ils supervisent et étudient les nouveautés introduites au cours de toutes les grandes manifestations: Euro, Coupe du monde, Jeux olympique...Chez nous, je ne sais pas où en est l'Association des entraîneurs de football et ce qu'elle fait. Quand j'étais Directeur technique national, je mettais sur pied chaque mois un stage de recyclage. Tous les entraîneurs des L1 et 2 y prenaient part. On assurait des cours théoriques le matin, et pratiques l'après-midi. J'y invitais des sommités techniques internationales. A mes débuts comme DTN, j'ai même invité chez nous le mythique entraîneur allemande Dettmar Cramer qui a donné entre 1975 et 1977 au Bayern Munich ses lettres de noblesse sur la scène européenne. Je lui ai fait visiter les écoles de football dans les clubs, devenues obligatoires. Autrement, le club qui n'en possède pas est exclu du championnat. Pour rendre aux clubs la charge moins lourde, je leur fournissais du matériel: ballon, médecine-ball...Nous avons également exigé que l'entraîneur soit diplômé de l'Institut du sport. Le ministère prenait en charge leurs salaires. Il y avait également le concours du jeune football qui a révélé pratiquement tous les grands joueurs de l'époque». «J'ai participé à 25 stages !» «Personnellement, tout le long de ma carrière, j'ai fait au moins 25 stages de formation et de recyclage à l'étranger: en Allemagne, en Angleterre, en France, en Algérie...Vous ne pouvez pas savoir combien c'est utile. Chez les entraîneurs actuels, il y a sans doute moins d'envie de se recycler. L'Internet qui permet de le faire à distance. La première fois où j'ai été DTN, cela a paru étonner beaucoup de gens car je n'avais alors que 32 ans. Toutefois, le ministre des Sports, Mondher Ben Ammar m'a assuré que je ne devais pas accorder beaucoup d'importance au scepticisme des milieux du foot. «En Tunisie, nous n'avons pas d'entraîneurs disposant de vos diplômes. Foncez, travaillez tranquillement», m'avait-il assuré. Résultat: la base de l'équipe 1971 et ce qui s'en suivra jusqu'à l'épopée argentine. Il faut donc aller le plus loin possible dans la formation et le recyclage. Nos jeunes coaches ne doivent jamais s'en lasser. Sans cela, ils n'iront pas très loin».