Trois entorses à la règle sur les bancs de Ligue I qui veut que l'entraîneur en chef soit titulaire d'un diplôme de 3e degré. En sport, il y va comme des diplômes universitaires : les fameux degrés servent de visa pour un poste d'entraîneur. Du 1er et 3e, on monte en grade, la législation imposant depuis quelques années de n'accorder la fameuse licence technique (une sorte de carte de travail) pour les entraîneurs en chef des Ligues I et 2 qu'aux titulaires d'un 3e degré. Mais il y a, comme un peu partout, des astuces pour contourner la loi : même un entraîneur de 2e degré peut aisément diriger à partir du banc de touche ses joueurs sans bénéficier de la licence technique. Puisque chaque club doit répondre à ce critère, autant user de paravent, ou de prête-nom : l'entraîneur-adjoint doit, dans ce cas, avoir passé le 3e degré, et c'est lui qui fait figure sur le papier d'entraîneur en chef. N'importe quelle personne, de simple accompagnateur de l'équipe séniors par exemple, peut faire l'affaire pour «dépanner» le Chead-coach. Ainsi, la prochaine saison, l'entourloupette va servir pour au moins trois clubs : la JSK, le ST et l'ESZ à la tête desquels Mourad Okbi, Nabil Kouki et Tarak Thabet vont diriger les affaires techniques sans pour autant détenir le précieux sésame du 3e degré. Six autres techniciens officiellement engagés n'auront, en revanche, guère besoin de contourner la règle du jeu, étant titulaires du diplôme le plus élevé. Dans le cas des deux étrangers, Rachid Belhout et Gérard Buscher, le mécanisme des équivalences devrait les autoriser à jouir d'une licence technique. Le dernier étranger débarqué en Ligue I, le Suisse Zermatten (ASG), n'a toujours pas déposé ses diplômes à la DTN. Enfin, quatre clubs (CSS, OB, CSHL et EGSG) n'ont pas encore fixé leur choix sur le manager pour l'exercice 2011-2012. Il se trouve ainsi qu'un important nombre de techniciens titulaires du 2e degré se retrouvent bloqués à ce niveau. «La difficulté consiste en une difficile disponibilité. C'est le temps qui leur manque pour monter en grade : le 3e degré exige 240 heures de stage, quatre modules répartis sur 4 semaines», souligne Wahid Mnif, responsable à la direction technique nationale, chargé des diplômes et du football de base. «Le grand chantier ouvert ces derniers mois à ce niveau concerne l'équivalence des licences CAF (Confédération africaine). Le 1er degré équivaut à la licence C, le 2e à celle B, alors que le 3e donne droit à la licence A. Dans les pays du Golfe, le processus a été enclenché depuis belle lurette, les équivalences octroyées par la fédération asiatique (AFC) arrivant à terme d'ici la fin de cette année. Sur le continent noir, on organisera les 19, 20 et 21 du mois le dernier tour des licences CAF «B». Par ailleurs, quatre sessions sont prévues au mois de janvier 2012, le programme devant néanmoins recevoir le feu vert de la CAF pour tout ce qui concerne la disponibilité des instructeurs…», avance Wahid Mnif, cheville ouvrière de la DTN. En tout cas, ce ne sont pas seulement les clubs qui recrutent des techniciens de second degré. Le staff des sélections des jeunes comprend bien avant l'arrivée du nouveau DTN, Kamel Kalsi, un technicien de 2e degré, Ali Ben Neji. Si une mise à niveau de tous ces techniciens urge (allez, un petit effort!), il n'en reste pas moins vrai qu'on note la présence au plus haut niveau du foot mondial de sélectionneurs et d'entraîneurs de clubs sans diplômes et choisis sur leur CV d'ancienne gloire ayant marqué leur époque. L'état des lieux en L1 EST : Nabil Maâloul, 3e degré ESS : Mondher Kebaïer, 3e degré CA : Faouzi Benzarti, 3e degré CAB : Maher Kanzari, 3e degré JSK : Mourad Okbi - 2e degré, l'adjoint Sami Ghabhab, 3e degré, en couverture ST : Nabil Koubi, 2e degré, l'adjoint Moncef Ben Saïd, 3e degré, en couverture ESZ : Tarak Thabet, 2e degré, Noureddine Bourguiba, 3e degré, ou Anis El Baz, 3e degré, en couverture USM : Rachid Belhout, Algéro-Belge, formateur au sein des clubs «pros», soit l'équivalent du 2e degré ASM : Gérard Buscher, Français, ancien DT des jeunes à l'EST, soit a priori l'équivalent du 3e degré ESBK : Lotfi Kadri, 3e degré ESHS : Sofiène Morjène, 3e degré ASG : Gristian Zermatten, Suisse, diplômes non encore vérifiés par la DTN CSS : Probablement Reinhard Stumpf, Allemand, diplômes non encore vérifiés par la direction nationale technique CSHL : Entraîneur non encore désigné. Nabil Tasco, 2e degré, assure l'intérim durant cette phase de préparation d'avant-saison. OB : Entraîneur non encore désigné, le Français Christian Sarramagna a renoncé à venir à Béja pour des raisons familiales ESGS : Probablement Chibeb Ellili, 3e degré. Les deux enfants du club, Ezzeddine Khemila et Sami Radhouani qui assurent généralement les phases d'intérim, sont tous deux titulaires d'un troisième degré. ------------------------------------------------------------------------ En toute impunité 1er degré, 2e degré, 3e degré : on distribue les diplômes d'entraîneurs en Tunisie comme on distribue des prospectus dans la rue. Cela nous donne un bon paquet de techniciens à la formation académique calamiteuse qui «sévissent» tant au niveau des séniors que des catégories des jeunes. Mais il y a pire encore : les règlements sont bafoués à tous les niveaux. Tenez, on trouve des entraîneurs en Ligue 1, chez les séniors, qui n'ont même pas le 3e degré, dont la couverture est un autre entraîneur qui, lui, dispose de ses trois degrés. Tout le monde s'y accommode : la FTF et la direction technique qui sont doublement coupables (distribution généreuse des degrés et des yeux fermés sur ce trafic au grand jour au niveau du cadre technique des séniors) mais aussi les clubs qui n'ont aucun scrupule à «légaliser» ce trafic. Loi et sport sont bafoués. S.A.