«Nous célébrons aujourd'hui le 61e anniversaire de l'indépendance. Une célébration un peu particulière cette année, certes parce qu'elle nous rappelle les sacrifices énormes de nos concitoyens pour gagner l'indépendance et bâtir la Tunisie, mais aussi parce qu'elle coïncide avec une conjoncture des plus difficiles par laquelle passe notre pays et surtout sur le plan économique qui a atteint un niveau très alarmant mettant en péril des acquis de plus de six décennies. Soixante ans durant, et même plus, le peuple tunisien, toutes catégories confondues, a fait preuve de patriotisme et de courage en réussissant à surmonter tous les obstacles qu'il a rencontrés aussi bien lors de sa lutte contre le colonialisme que lors de la construction de l'Etat moderne. A l'instar des autres forces vives du pays, les patrons et chefs d'entreprise tunisiens ont toujours répondu présent à l'appel de la Nation, notamment à travers leur organisation : l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) qui, depuis sa création, un 17 janvier 1947, s'est rapidement inscrite dans le mouvement national de libération, assumant pleinement ses responsabilités au cours des différentes étapes de l'histoire du pays, de la guerre d'indépendance à l'édification de la nouvelle Tunisie... L'Utica a joué un rôle primordial dans la mise en place d'un tissu industriel développé qui a réussi à s'imposer à l'export, malgré son jeune âge, grâce notamment à aux efforts louables aussi bien des chefs d'entreprise que des employés de l'entreprise. Après le 14 janvier 2011, la Tunisie a réalisé plusieurs acquis sur la voie de la démocratie et des libertés individuelles, mais elle peine encore à relancer son économie et à reprendre sa croissance. Et il s'agit là d'un des défis majeurs de cette Tunisie moderne, et peut-être le plus important actuellement, car sans une économie en croissance garantissant la création de l'emploi et l'amélioration de la qualité de vie des Tunisies, tous les autres acquis demeurent menacés. Notre Tunisie a besoin de lancer, d'urgence, les fondements des grandes réformes sur le plan économique et social permettant de libérer l'initiative privée et d'instaurer un climat favorable à l'investissement local et étranger, et de créer de nouveaux emplois pour les jeunes, notamment ceux diplômés des universités. Notre Tunisie a besoin de réformes structurelles pour remédier au déséquilibre financier de l'Etat, et au déficit budgétaire qui ne cesse de s'aggraver, et pour trouver des solutions adéquates aux difficultés des établissements publics et en particulier les caisses sociales. Nous avons besoin aussi de rétablir la valeur du travail et de mettre fin à tout ce qui bloque l'activité économique...Nous avons besoin d'instaurer une vraie paix sociale capable de préserver les droits des salariés et de développer la productivité permettant à l'entreprise de relancer son activité et de rattraper le temps qu'elle a perdu ces dernières années... Notre Tunisie a besoin, tout simplement, de faire régner la loi, condition sine qua non pour faire face au phénomène de contrebande et de commerce anarchique et parallèle qui ne cesse de nuire à l'économie formelle. Nous avons besoin de mettre fin à la diabolisation du chef d'entreprise, et de valoriser toute expérience réussie capable d'inspirer nos jeunes et de les stimuler à suivre le même chemin du succès. Ce sont là des défis et des challenges énormes non moins importants que la guerre d'indépendance. Nous en sommes conscients. Et pour réussir à les relever nous sommes appelés à nous doter du même enthousiasme, de la même solidarité et du même patriotisme, avec lesquels nos concitoyens ont remarquablement réussi à gagner notre indépendance et à bâtir notre pays.»