Par Boubaker Benkraiem * La promotion «Bourguiba», la première promotion d'officiers de la Tunisie indépendante, vient de perdre son 57e membre, le Colonel(r) Béchir Ben Aïssa. Celui-ci, formé par la prestigieuse école spéciale militaire interarmes de St Cyr Coëtquidan, vient de nous quitter pour un monde meilleur le 27 mars. Ses grandes qualités morales, intellectuelles et professionnelles ont fait de lui un cadre supérieur remarquable qui a servi le pays, dans plusieurs domaines, avec compétence, abnégation et patriotisme. En effet, fondateur et premier directeur de l'Institut de défense nationale et ancien ambassadeur représentant de la Tunisie à l'OUA à Addis Abeba, il a été l'un des neuf jeunes officiers qui, lors de la guerre de Bizerte, du 19 au 22 juillet 1961, et bien que n'ayant qu'une très mince expérience, ont relevé le défi, en tenant tête à la toute puissante armée française qui, utilisant tous les moyens aériens, maritimes et terrestres à sa disposition, et ne se conformant pas aux instructions du gouvernement tunisien qui lui a interdit tout déplacement hors de la base et notamment tout survol du territoire national, a tenté de dégager nos troupes pour occuper la totalité de la ville de Bizerte. Ces jeunes officiers ont mené, brillamment, et malgré le déséquilibre flagrant des forces en présence, un combat retardateur jusqu'à la médina de Bizerte qu'ils ont transformée en point d'appui et grâce à leur courage, à la détermination de leurs hommes et à la justesse de leur cause, ils se sont battus comme des lions, défendant héroïquement leurs positions et empêchant ainsi les troupes françaises d'y mettre pied. C'est ainsi qu'ils ont sauvé l'honneur des Tunisiens, d'une part, et ils ont permis à notre représentant à l'ONU, feu le grand militant Mongi Slim, de négocier d'égal à égal avec le représentant de la France, le cessez le feu, décidé par le Conseil de sécurité de l'ONU, d'autre part. Notre camarade Béchir Ben Aissa est parti rejoindre certains de ses compagnons, ces héros de Bizerte rappelés à Dieu avant lui dont l'immortel, feu le colonel Hamida Ferchichi (ancien commandant de la brigade commandos et de la police militaire), le père incontesté des paras-commandos tunisiens, feu le général Abdelhamid Escheikh (ancien ministre et ancien chef d'état-major de l'armée de terre), feu le colonel Abdelhamid Lajoued (ancien commandant de la brigade saharienne), et feu le colonel Noureddine Boujellabia (ancien ambassadeur). Qu'ils reposent, tous, en paix et que Dieu le tout puissant leur accorde Son infinie Miséricorde. * Colonel (r), président du comité du cinquantenaire