Le Parc national de l'Ichkeul a rouvert ses portes aux visiteurs et aux chercheurs, le 1er avril . Une cérémonie s'est tenue à l'entrée du parc, en présence du gouverneur et des cadres régionaux. Ainsi, après près de quatre mois de fermeture et de mise en quarantaine, le parc de l'Ichkeul retrouve ses amoureux et ses amis. En effet, la décision de le fermer a été prise le 2 décembre 2016, après avoir décelé deux cas de grippe aviaire que portaient deux oiseaux migrateurs. Maladie avérée après dissection et analyse. Coïncidant avec l'arrivée massive des oiseaux migrateurs et le risque grandissant d'infection, la mesure était opportune et stoppait net tout risque d'épidémie. Le parc connut donc un répit de quelques mois, à l'issue desquels une nouvelle réunion a regroupé tous les intervenants le 16 mars dernier, et c'est à la lumière des rapports positifs présentés que le gouverneur prit la décision de cette réouverture. Une réouverture qui semblait tant attendue et qui était loin de passer inaperçue, puisque le jour même, il y avait de nombreux visiteurs à sillonner les chemins du parc par groupes ou en familles, il y avait aussi beaucoup d'étrangers. En fait, la renommée du parc ne remonte pas à hier : créé en 1980, il n'a cessé d'avoir un rayonnement grandissant. Il a été inscrit, en effet, sur des listes internationales dont celles du patrimoine mondial de l'Unesco, de la réserve de la biosphère et zone humide d'intérêt international dans le cadre de la convention de Ramsar (du nom de la ville iranienne où s'est tenu pour la première fois le congrès sur la protection de l'écosystème en 1971). Considéré comme zone humide unique au monde, ce parc se distingue par cette caractéristique des apports d'eau douce et d'eau salée de la mer. Lorsque la salinité tombe au début du printemps, c'est une végétation qui croît et qui nourrit les principales populations d'oiseaux migrateurs (une colonie estimée à plus de 200 mille). Situation alarmante? Aujourd'hui, le lac Ichkeul se trouve confronté à plusieurs problèmes : d'abord sa gestion bicéphale entre la direction des forêts et l'Agence nationale de protection de l'environnement (Anpe). Il y a, en effet, empiètement sur les rôles, voire conflit quant à la stratégie et aux objectifs. De tels tiraillements risquent de freiner la bonne gestion du site. Or, à l'heure actuelle, ce parc, unique dans le monde, risque de perdre sa vocation essentielle et de disparaître avec l'augmentation de la salinité et du niveau d'eau du lac qui sont déterminants de son équilibre. Avec le barrage de Sejnane, dont la mise en eau a eu lieu vers les années 1990, on contrôle 46% de la superficie du bassin versant (d'eau douce); on en contrôlera 70% si jamais les trois autres barrages prévus (Melah, Ticre et Douimis) sont construits. C'est donc une salinisation irréversible et, en conséquence, la disparition progressive de la végétation spécifique qui alimente les population d'oiseaux migrateurs qui menacent la survie et donc la raison d'être du parc. D'autre part, la pression des pâturages, notamment de troupeaux venant de l'extérieur de l'Ichkeul, a entamé gravement la végétation naturelle. Le lac Ichkeul mérite donc une attention particulière et une véritable stratégie de sauvegarde avec surtout la sécheresse qui sévit et le déficit de plus en plus important de pluviométrie et leurs conséquences irréversibles sur le devenir de ce joyau unique de la nature.