Un véritable évènement pour l'histoire de l'art en Tunisie qui propose de recenser quelque 250 artistes du XIXe siècle à nos jours Le projet est ambitieux et nécessaire. C'est en travaillant sur le corpus de la collection d'art arabe de la Fondation Kamel-Lazaar, une collection de quelque mille œuvres d'art moderne et contemporain, qu'Elsa Despiney a ressenti la nécessité de ce travail de scribe, ingrat certes, mais passionnant et pertinent: une encyclopédie de l'art en Tunisie. Bien peu de choses ont été faites à ce jour pour donner connaissance et visibilité à nos artistes : quelques monographies, dont certaines, anciennes, dans les collections Cérès, ont le mérite d'exister, mais n'ont pas été suivies. Quelques beaux livres dont ceux consacrés à l'Ecole de Tunis, à Gorgi, ou, plus récemment le très bel ouvrage sur Jellal Ben Abdallah. Quelques initiatives dispersées, louables certes, mais insuffisantes. Et depuis quelque temps, un silence assourdissant sur une scène artistique pourtant sonore. Ce qui explique le mal qu'ont souvent nos galeristes, commissaires d'exposition et agents d'artistes à accéder aux collections de musées ou de fondations, ou à imposer leurs artistes dans les foires et salons internationaux. Cette encyclopédie, dont la sortie est prévue pour la rentrée prochaine, sera un véritable évènement pour l'histoire de l'art en Tunisie. Elsa Despiney, historienne d'art, se propose de recenser quelque 250 artistes du XIXe siècle à nos jours. Mais comment procéder dans ce genre d'ouvrage pour sélectionner les artistes ? «A première vue, on pourrait penser décider en fonction de la qualité de l'œuvre. Mais ceci est un critère forcément objectif. Ce qui nous a guidés, c'est la visibilité du travail à l'échelle nationale et internationale, et l'influence qu'a pu avoir cet artiste.» 250 artistes tunisiens ou ayant vécu en Tunisie et ne pouvant être occultés de la scène artistique feront l'objet d'une notice biographique et de la représentation d'une de leurs œuvres. Mais pour éviter l'effet catalogue pouvant être fastidieux, on a choisi de rythmer l'ouvrage par de grandes sections lui donnant un souffle : la naissance de la peinture, l'Ecole de Tunis, la période abstraite, la naissance de la photo, la calligraphie, la peinture sous-verre, l'art après 2011, et le rôle des galeries. On évoquera également, dans cette encyclopédie que l'on veut la plus complète que faire se peut, le rôle de différents ministères de la Culture, celui de lieux consacrés à l'art comme le Centre d'Art Vivant, ou celui de Radès. Et l'on y rendra hommage à ces gens passionnés, gens de référence ayant participé à cette histoire de l'art en Tunisie et à sa reconnaissance.