Il n'est pas interdit de nous adresser à ceux qui ont de l'expérience pour nous conseiller. Le sport guérit les complexes et encourage les prises de décisions collectives. Nous avons besoin d'asseoir le professionnalisme, mais en l'adaptant aux conditions économiques et financières de notre pays... Qu'est-ce qui se prépare ? Nous éprouvons, à chaque fois que la rumeur devient persistante, une certaine inquiétude. Il paraît que l'on se prépare à « revoir la loi régissant les associations sportives et surtout celles qui s'adonnent au sport professionnel ». Au vu de la foire d'empoigne qui règne actuellement, cette décision serait salutaire surtout que nous assistons chaque semaine à des agissements invraisemblables et que, sous le couvert d'une « responsabilité » que l'on s'est arrangé à endosser moyennant d'ingénieux noyautages, on a agi pour faire perdurer une situation qui s'assimile à une gangrène inguérissable conduisant à un véritable pourrissement de la situation. La loi régissant les associations sportives doit absolument évoluer. Il n'en demeure pas moins que cette fois-ci on ne devrait pas se tromper d'objectif. Celle, actuellement en vigueur, n'a jamais été appliquée scrupuleusement. En effet, on autorise la création des associations sportives sans tenir compte des critères de viabilité qui sont absolument incontournables. Les problèmes que vivent les associations sportives actuellement ne sont que la conséquence de la négligence qui a été de rigueur sous couvert de la liberté et de la démocratie : «Nous avons le droit de créer une association sportive au moment où un groupe de citoyens répondant aux normes se décident à le faire ». Personne ne conteste cette liberté mais...il s'agit d'une association appelée à encadrer et à former des jeunes. S'il n'y a pas d'installations sportives dans les environs immédiats, si celles qui existent sont incapables d'abriter les entraînements d'une nouvelle association avec toutes ses sections, si les moyens financiers, nous entendons ressources propres, ne sont pas clairement énoncés, et que l'on compte sur des subventions de fonctionnement provenant des autorités de la ville, de la tutelle ou du...Promosport, il ne s'agit plus de liberté mais bien de crainte pour le devenir de ces jeunes. Peut-on parler de formation ou d'entraînement lorsque toutes les sections se partagent un seul terrain, mal équipé, sans vestiaires, sans eau courante, avec un matériel vétuste et insuffisant, des tenues que les catégories utilisent à tour de rôle ? Comment satisfaire deux ou trois associations (parfois plus), pratiquant la même discipline dans un périmètre réduit et avec des moyens limités, des dirigeants volatils et qui finissent par baisser les bras, faute d'apports et de supports ? D'autres nations autrement mieux nanties l'ont compris, et les critères de viabilité qui englobent tout ce et dont a besoin une association sportive pour jouer son rôle formateur sont scrupuleusement respectés. Cela a conduit bien de bonnes volontés à être plus conséquentes et à tenir compte de ces incontournables nécessités pour jouer pleinement ce rôle de formation. Cela, pour les équipes qui se limitent à s'adonner à un sport amateur pur et dur et qui n'ont pas des ambitions de devenir un de ces jours « professionnel ». Professionnel ? Parlons-en. Nous connaissons la situation actuelle et il serait inutile de s‘écrouler en pleurs sous le mur des lamentations qu'ont érigé ceux qui rêvent de faire perdurer cette situation qui les arrange et qui leur permet de tout contrôler, grâce au flou régnant, à l'absence de poigne et de décision, à la navigation à vue qui caractérise tout ce qui est actuellement entrepris. La refonte de nos clubs en société à objet sportif allait se faire au lendemain de la révolution. Une poignée de « volontaires » a réussi à convaincre le ministre de l'époque d'y aller, en lui soumettant des statuts plagiés sur ceux de la FFF. Des statuts cannibalisés qui prouvaient tout simplement que leurs glorieux auteurs n'avaient rien compris. Notre journal, « La Presse », avait immédiatement réagi et posé une question qui avait eu le mérite de bloquer la catastrophe qui se préparait. Dans quelles conditions va-t-on revenir à ce projet ? Pour résumer les conditions de création d'une association à objet sportif (A.O.S.) en France, il faudrait savoir que l'opération s'effectue entre un club amateur qui viendrait poser sur la table son nom, ses installations et ses adhérents, (cela représente en quelque sorte le fonds de commerce) en manifestant sa volonté de s'associer à une société formée par un groupe de personnes qui sont disposées à assurer les moyens de subvenir aux besoins divers d'un club professionnel. Il est alors question de ressources propres (recettes de stade, un stade digne de ce nom !), marchandising, mise en place d'un véritable centre de formation avec des antennes agissantes sur tout le territoire et même à l'étranger, vente et achat de joueurs, actions publicitaires, image future du club, subventions de la ville en retour de ce qui se fera pour exalter l'action en faveur du sport et de la jeunesse de la région, etc. Le club amateur détiendrait, dès lors, 51°/° des actions de la société et demeure majoritaire. Les bénéfices et dividendes sont réinjectés dans le budget du club. Un accord est alors signé sur cinq ans renouvelables et en cas de non satisfaction d'une des parties chacun reprend sa liberté. Le club n'est donc pas appelé à se dissoudre ou à disparaître. Le législateur a pris la précaution de protéger les clubs, leur histoire, leur notoriété et l'attachement de leurs fans contre le pouvoir de l'argent et des mainmises qui transforment les clubs à renom, en outils de propagande pour les personnes malintentionnées. Notons que la fermeté des dispositions a encouragé le rapprochement entre les clubs d'une même région, la mise en commun des moyens et l'émergence de groupements bien structurés et bien encadrés. Sommes-nous capables d'appliquer les fondements d'un sport non assisté qui ont donné leurs preuves ? Combien de clubs actuellement « professionnels » sont-ils en mesure de répondre à ces critères ? La fédération est-elle capable d'appliquer à la lettre les dispositions futures (si elles sont appelées à aller dans le bon sens) sans se laisser intimider par les pneus brûlés et les débordements populaires ? Il faudrait se poser la question et ne pas enrober cette future initiative de jolies intentions qui risquent de nous fourvoyer dans une impasse dans le cas où on prendrait la chose à la légère en optant pour les demi-mesures. Il n'est pas interdit de nous adresser à ceux qui ont de l'expérience pour nous conseiller. Le sport guérit les complexes et encourage les prises de décisions collectives. Nous avons besoin d'asseoir le professionnalisme, mais en l'adaptant aux conditions économiques et financières de notre pays, en posant de solides garde-fous, surtout qu'indépendamment du football, les autres sports collectifs ont franchi le pas vers l'inconnu et leur situation n'est guère reluisante.