Le derby a été vécu comme une grosse désillusion par le microcosme clubiste. Quand on regarde le déroulement de la rencontre, il y a tout lieu d'être déçu puisque malgré tout, l'EST n'était pas irrésistible, juste bien organisée et appliquée. C'est plutôt le CA qui était brouillon, impatient d'en découdre et impulsif avec des nerfs à fleur de peau. Le CA a perdu dimanche dernier le match qu'il n'aurait pas dû perdre. Cette défaite ternit la belle performance face au CSS à Sfax même et atténue la ferveur née du beau jeu proposé jusque-là, depuis peu. Outre que cela place le CA dans une situation complexe en championnat, il va forcément falloir retrousser les manches pour du moins sauver l'honneur face au champion sortant, un adversaire que le CA n'a pas battu depuis un bon bout de temps. Bref, il faut se remotiver et repartir. Le onze clubiste n'a pas le choix. Exigence de rendement et de performance Maintenant, vu l'ambiance qui prévaut autour du club, les choses vont être plus compliquées pour des joueurs tendus et redevables envers des supporters qu'ils ont déçus. Cette pression supplémentaire sera-t-elle bénéfique pour autant? Les joueurs sont-ils suffisamment piqués au vif pour se transcender? L'amour-propre jouera-t-il un rôle dans ce cas d'espèce ? Certains affirment que l'ennemi du groupe aujourd'hui serait cette fatalité ambiante, ce sentiment d'impuissance. Et pourtant, il y a de quoi se remobiliser. Tout d'abord, c'est un match à enjeu, avec en toile de fond le podium et une place d'accessit pour une compétition continentale. Puis, quand on joue le champion en titre, on ne peut qu'être motivé et déterminé. Il faut être à la fois revanchard et calme. Chiheb Ellili a dû d'ailleurs s'y atteler en un temps record pour recoller les morceaux et requinquer le moral du groupe. Relever la tête et repartir malgré tout. Contrôler le tempo pour mieux annihiler la force de frappe d'un solide adversaire. Garder sa sérénité en cours de jeu et exploiter ces temps forts. Tout est question de moyens, mais pas seulement. Il y a aussi le tempérament et l'humilité qui ont manqué face au leader. Quant à la construction, il va falloir corriger les ratés signalés face à l'EST. Car il aura suffit que les sentinelles «sang et or» musèlent Darragi pour que le réacteur clubiste se grippe dimanche dernier. Il aura fallu que Ghandri soit en méforme pour que le ballon ne circule plus ou peu (manque de fluidité). Et le jeune Dkhillali ? Pourquoi l'un des meilleurs joueurs clubistes du moment a-t-il été maintenu en réserve ? Que d'erreurs stratégiques à corriger forcément. Face à l'EST, nous eûmes droit à des séquences qui en disent long sur le manque de discernement des joueurs. Approximations techniques qui pullulent. Hésitations défensives, lenteur au niveau du repli et lecture du jeu défaillante. Bref, mis à part deux ou trois rushs, la prestation n'était pas à la hauteur des attentes. En clair et pour résumer tout cela, l'on constate que le CA a commencé par s'immerger dans ce match bouillant. Puis, il a été touché et a fini par couler. Maintenant, il doit boucler sa saison en faisant honneur à ses couleurs, en ravalant sa fierté après avoir digéré cet échec retentissant. Pour le staff technique, la différence (le redressement) ne peut que tenir à la concurrence. Pour obtenir un peu de répit dans les critiques et atténuer la tension, le CA est condamné à sortir le grand jeu. La mission séduction passe par la victoire face au champion sortant. Les joueurs, quant à eux, doivent tout donner. Comme le dit un observateur des arcanes du club de Bab Jedid : «Si on cherche la tranquillité, on ne signe pas au Club Africain. Car tout s'y passe dans l'excès». L'exigence est d'autant plus nourrie par les supporters qui demandent du rendement, du redéploiement et de la performance! Bref, tous les leviers doivent être utilisés pour faire avancer l'équipe.