Peut-on parler d'effritement qualitatif du groupe? Un fait est certain : l'efficacité et la solidité clubistes ont fondu comme neige au soleil. La première moitié de la saison vient tout juste de se terminer et le rendement du CA a de toute évidence été atypique. Alors que des outsiders trustent les places d'honneur (ESM, SG,OSB), le CA peine à décoller et à recoller aux premières loges, du moins à accrocher la quatrième place. Une tendance vérifiée et vérifiable tout au long de ces dernières semaines avec un champion sortant qui n'a pas encore gagné en déplacement. Neuvième jusque-là, le CA affiche un bilan décevant (cinq victoires, quatre parités et six défaites). De même, le club de Bab Jedid est à quatre longueurs de son adversaire du jour, le CAB et à dix-neuf points de l'Etoile! Le champion d'automne étoilé a ainsi engrangé le double des points du champion sortant ! C'est dire la différence de palier entre les deux représentants tunisiens en Ligue des champions. Mettons les statistiques de côté, oublions les aléas d'ordre conjoncturel (blessures, staff technique qui saute au gré des humeurs) et intéressons-nous aux fondamentaux du football, le jeu du CA. Pour les Clubistes, au vu des dernières prestations, la possession de la balle n'est plus une variable significative. Cela étant, le lien positif entre taux de victoire et taux de possession n'est plus ce révélateur de la bonne santé d'une équipe. Cependant, en début de compétition, et à l'exception des deux feux d'artifice face au ST et la JSK, l'équipe dominait sans pour autant gagner. Qu'il semble loin le temps où les théories étaient simplistes. Du temps, où pour marquer, il fallait avoir la balle. Or, actuellement, au CA, la très grande majorité des buts était amenée après une phase offensive de seulement quatre passes: dominer le jeu ne fait pas tout, l'important est d'être réaliste. Ce n'est plus la possession et le contrôle du jeu qui comptent mais les tentatives. En clair, vouloir à tout prix la balle est ubuesque. En comparant le «style» clubiste avec celui de l'Etoile et de l'Espérance à titre d'exemple, l'on note des différences criardes volet amorces et cachets des individualités. Pour le duo précité, la force se situe dans l'enchaînement et la suite dans les idées. ESS et EST tentent en permanence jusqu'à égarement et épuisement de l'adversaire. Bref, construire le jeu ne sert à rien, attendre une brèche est inutile, il faut créer la chance en lançant ses joueurs offensifs à l'abordage. D'un point de vue global, l'on remarque que les meilleures équipes ne sont pas forcément les plus dominatrices (CSS) et celles qui contrôlent le jeu ne s'assurent pas forcément la victoire. Le réalisme est ici l'indicateur le plus pertinent. D'ailleurs, récemment, face aux Requins du Nord, et comme dans tout Classico qui se respecte, le CA a démarré le match avec beaucoup d'intensité et une attention particulière de la part d'une équipe consciente que le moindre aléa technique ne sera pas toléré. Cependant, sur une pelouse presque impraticable, les séquences de jeu étaient débridées, les deux formations se donnant coup pour coup et haussant le ton par à-coups. En dépit d'une débauche d'énergie réciproque, qui plus est, sur un terrain limité, il a manqué au CA ce joueur décisif, cet élan final de générosité pour arracher la victoire, et ce, malgré un léger mieux, un jeu de meilleure facture vers la fin. L'on retiendra que le CA a manqué d'imagination pour faire basculer l'issue de ce match, reculant tantôt jusqu'à des hauteurs peu habituelles pour lui, révélateur de la régression d'un champion qui manque sensiblement de leaders et de génie dans le jeu. Un club sous tension En attendant et en aspirant retrouver son rang en 2016, le CA doit absolument se remettre en question et analyser les raisons de sa régression. Il est maintenant de notoriété publique que des choix incohérents ont précipité ce «début de la fin», ces aléas et autres dérives fatidiques à terme. Sanchez, un entraîneur qui a tiré son groupe vers le haut, est débarqué. Dhaouadi, un élément expérimenté, capable de terroriser les surfaces adverses, est libéré. Tour à tour, Khelifa, Djabou, Agrebi, Belaid, Haddedi et Mikari grossissent les rangs de l'infirmerie alors que, bien avant, le directeur sportif et le président de la section football disparaissent des radars. Des cadres influents, une défense de fer, un banc complet, tout ce qui faisait trembler les adversaires du CA a quasiment disparu. Plus encore, le mercato des «strass et des paillettes» réalisé n'a commencé à être mis à profit que sur le tard. Ala Dahnous? Un élément de décoration. Le trident Nouioui-Kader-Chenihi compétitif que tardivement et Ben Yahia en excès de poids. Seul Bouslimi est à féliciter pour sa rigueur et sa disponibilité. Cependant, peut-on parler d'effritement qualitatif du groupe? Un fait est certain! L'efficacité et la solidité clubistes ont fondu comme neige au soleil. Le fossé entre le CA de la saison passée et l'actuel s'est forcément creusé. Pourtant, il n'y pas eu de cure d'austérité mais un CA qui a encore flambé en été sur le marché des transferts. Trouver l'erreur reviendrait donc à chercher du côté de l'exécutif avec des tensions internes et des dissensions, sorte de désaccord sur la politique globale (d'où le départ de Montassar Louhichi et Elmi). La relation avec le patron du CA a fini par atteindre un point de non-retour, et même l'ambiance au sein du vestiaire n'a plus été au beau fixe. Il est indéniable que ce manque de cohésion a eu un énorme impact sur la phase aller de cette saison. Maintenant, au-delà et indépendamment du jeu, le CA doit retrouver une solidarité à toute épreuve pour renaître de ses cendres. Alors, le retour sera-t-il celui du renouveau? Premiers éléments de réponse dans quelques semaines...