Le Club Africain ne doit plus se livrer à un formatage sportif qui le pénalise plus qu'il ne le sert. En s'imposant à Ben Guerdane, le CA s'est offert une place d'accessit continental. Forcément, Chiheb Ellili va accorder un répit à quelques-uns de ses cadres. Et ce ne sera pas du luxe. On ne sait pas vraiment si c'est mérité ou poussif, mais qu'importe. L'essentiel est là. En déplacement, le CA s'est montré efficace à défaut d'être flamboyant. La justesse technique qui lui a fait défaut face aux Etoilés était au rendez-vous. Fluidité, recherche de la profondeur, attaque de zone (dans les intervalles), projection, retour au charbon et maîtrise, le CA a retrouvé certaines vertus du jeu. Et cela a forcément déteint sur le rendement d'ensemble traduit par un succès probant. Maintenant, et une fois le premier tour de chauffe de la phase de groupe de la Coupe de la CAF bouclé, face à l'ESM en championnat, un petit répit pourrait faire le plus grand bien à certains organismes. Cela d'autant plus que par la suite, le CA devra enchaîner avec le dernier carré de Dame coupe et le reliquat des rencontres continentales. Pour revenir à la tendance clubiste du moment, les coéquipiers de Ben Mustapha ont rendu une copie plutôt propre à Ben Guerdane. Ils ont su exploiter leurs temps forts et ne relâchèrent pas l'étreinte jusqu'au second but de Belkhiter. Solides derrière, ils se sont appuyés sur un bon Ben Yahia, surtout lorsqu'il a décroché d'un cran pour jouer en relayeur axial. Devant, Rusike, remuant à souhait, s'est illustré par son abattage. Bref, les Clubistes ont su imposer un pressing très haut et plutôt efficace. Même s'ils ont un peu ralenti la cadence vers la fin, ils ont parfaitement réagi après les deux revers face à l'Etoile et l'EST. Vieux démons! La récente histoire du CA montre une constante qui tend à se répéter depuis quelque temps. Dès que l'objectif initial n'est pas atteint à terme. Le CA se retrouve de nouveau empêtré dans un «reformatage sportif» qui le pénalise plus qu'il ne le sert. Profondes mutations d'avant-saison, rupture avec le plateau technique et grosse purge de l'effectif. Ce n'est pas comme ça qu'on construit un groupe et que l'on façonne une équipe. Le changement doit s'opérer dans la continuité de ce qui a été bâti. Bref, la rupture brutale doit être l'exception et non la règle. Et ce n'est pas un hasard si la bipolarisation actuelle de notre sport-roi met aux prises deux clubs visiblement stables (stabilité de l'effectif et du staff technique). Le résultat est tel que le CA doit forcément en prendre de la bonne graine. Il ne faut pas se voiler la face. L'Etoile et l'Espérance se livrent un duel âpre, arbitré par une pincée de points en fin de course. Ce duel auquel participe ponctuellement le CA depuis quelques années n'est pas près de se dissoudre si les «Rouge et Blanc» ne changent pas de vision et de stratégie. Pour ne plus laisser son appétit à la peine, le CA ne doit plus reproduire les mêmes erreurs et retomber dans ses travers. Et s'il venait à faire la démonstration inverse, il aurait des raisons supplémentaires de croire en la renaissance et non plus en la résistance !