L'enseignement classique a montré ses limites et ses faiblesses. Les dizaines de milliers d'élèves qui décrochent chaque année en sont une preuve. Les rangs des jeunes ayant quitté l'école sans formation et sans aucun moyen de s'intégrer dans la vie professionnelle se renforcent, de jour en jour. Ce qui crée, à n'en point douter, des dangers pour les personnes en question, mais également pour la société dans son ensemble. La Réforme du système éducatif initiée par le ministère et des partenaires de la société civile pourra-t-elle être menée à bien après les bouleversements causés par le refus de certains contradicteurs ? Aujourd'hui, l'école est confrontée à des défis qu'elle ne peut relever sans un véritable aggiornamento. Or, le ministère est à un stade très avancé de sa réforme et il serait irraisonnable de bloquer tout le processus qui a été conduit jusqu'ici. La lutte engagée pour le départ du ministre de l'Education n'était qu'un prétexte aux yeux de beaucoup d'observateurs. Car, ce n'était pas tant la personne du ministre qui était visée que le contenu de la Réforme. Menaces sur la Réforme Si les détracteurs ont eu gain de cause c'est tout simplement qu'ils ont gagné une bataille dans leur projet qui vise à torpiller tout effort visant à faire bouger les choses dans le bon sens. De toute évidence, ce n'est un secret pour personne que notre école continue d'accumuler les échecs. Certains s'en réjouissent et veulent que ça continue voire que ça empire. Ils essayent donc de manipuler leurs agents sous divers prétextes pour faire échouer toute rénovation ou modernisation. Malheureusement, ces personnes semblent imposer, par la force des menaces, leur vision. Toutes les mesures prises ou annoncées par le ministère sont bloquées ou rejetées. Durant ces deux dernières années, l'institution éducative a subi tous les assauts imaginables. Le temps précieux qu'elle a perdu est inestimable et il pénalisera à jamais des centaines de milliers de nos enfants. Déjà on peut le voir avec les taux d'abandon scolaire enregistrés chaque année. Les écoliers victimes de ce fléau sont les plus vulnérables vu qu'ils ne disposent d'aucun outil pouvant les aider à s'intégrer. Ils sont, le plus souvent, abandonnés à leur propre sort. C'est ainsi que nous constatons qu'il y plus de 6.500 élèves du primaire qui quittent l'école dont 1.200 environ sont en sixième. Dans le cycle préparatoire, le taux d'abandon scolaire avoisine les 9,2 % (5,1 % en 9e). Quant au secondaire, les chiffres sont plus alarmants : le taux global dans ce cycle est de 12,8 % avec 23,6 % rien que pour les élèves de quatrième année secondaire. Passerelles C'est ce qui soulève la grave interrogation : que va-t-on faire de ces effectifs ? La réponse a été donnée lors des discussions sur la Réforme. Il s'agit de créer des passerelles entre les deux systèmes (celui de l'Education et celui de la Formation professionnelle). Cela devrait permettre de dispenser des formations en alternance dans les centres de l'Agence tunisienne de la formation professionnelle (Atfp) et dans les entreprises économiques en faveur des collégiens et des lycéens. Des incitations devraient permettre aux détenteurs de BTP de passer un bac professionnel et de s'inscrire dans les établissements publics. Le ministre de la de la Formation professionnelle et de l'Emploi a été plus explicite en annonçant qu'à partir de l'année scolaire 2017-2018, ceux qui abandonnent leurs études, et qui sont âgés entre 16 et 18, seront obligés de suivre une formation professionnelle. C'est une façon de repêcher certains malchanceux, mais en même temps de leur redonner une seconde chance. Car on s'achemine vers l'instauration des bases de l'orientation volontaire en tant que choix vers la formation professionnelle d'ici 2020. Cette étape serait accompagnée par la création d'un bac professionnel d'ici deux ans qui permettra à ceux qui choisissent ce parcours de poursuivre leurs études supérieures techniques et professionnelles dans les facultés. Cette option vers la reprise en main du secteur de la formation professionnelle a été confirmée récemment. Il est question d'instaurer l'obligation de la formation professionnelle pour ceux qui décrochent. Sachant, aussi, que l'école de base est obligatoire jusqu'à 16 ans, il y aura une récupération des effectifs afin de leur permettre de bénéficier d'une chance d'insertion dans la vie professionnelle. Capacité d'accueil Toutefois, la question qui se pose est la suivante : la formation professionnelle publique est-elle capable de résorber les flux massifs qui sortent chaque année de l'école ? Se limitera-t-on à quelques niveaux seulement ? Autrement dit, cette obligation s'adressera-t-elle, uniquement, aux élèves de 9e année ? On sait, par ailleurs, que la formation professionnelle offre près de 180.000 postes entre privé et public. Il y a, environ, 1.134 établissements de formation dont 136 relèvent de l'Atfp. En tout cas, les modalités seront déterminées et fixées en temps opportun entre les ministères de l'Education et celui de la Formation professionnelle. Des «retouches» concerneraient, alors, le système d'orientation. Dans ce contexte, la lutte contre l'échec et le décrochage scolaire est inscrite dans la stratégie de réforme. Cette stratégie se propose d'assister les élèves exposés à ces risques et de réinsérer ceux qui en sont touchés dans le système éducatif et de formation. Les enseignants auront un rôle à jouer dans cette phase qui consiste à assurer une mission de reconnaissance et de prévention. Les conseils de l'institution et les conseils pédagogiques veilleront à débattre, au cas par cas, en vue de trancher en faveur de leur orientation vers la formation professionnelle en cas de décrochage. Bien sûr, l'avis de l'élève et de ses parents sera pris en considération. Les conseils de classes ou des instances chargées d'examiner les dossiers des élèves concernés décident en connaissance de cause. L'affectation vers un centre de formation sera contenue comme on peut le deviner dans le bulletin de fin d'année. Il y aura, sûrement, des recours pour les intéressés leur offrant la possibilité de réagir.