En présence de quelque 37 dirigeants de pays arabes et musulmans, mais aussi du président américain qui lui consacrait son premier déplacement à l'étranger depuis son investiture, le Sommet qui s'est tenu hier dans la capitale saoudienne a tracé la voie à une stratégie globale en matière de lutte contre le terrorisme Le président Essebsi a fait valoir aux dirigeants présents que la lutte contre le terrorisme constituait en Tunisie une priorité nationale afin de protéger le processus démocratique encore jeune et de sauvegarder les conditions du développement économique. Il a appelé à une coopération qui, au-delà des aspects sécuritaires, s'étende aux aspects économiques... Le Sommet arabo-islamo-américain, dont le point d'orgue a eu lieu hier après-midi à Riyad en présence du président Caïd Essebsi et de dizaines d'autres dirigeants arabes et musumans, avait deux grands objectifs : premièrement, mettre en place les bases d'une coopération durable en matière de lutte contre le terrorisme et, deuxièmement, définir une stratégie commune dans ce domaine entre tous les pays participants. Et, bien sûr, les éléments de cette stratégie, les options qui la sous-tendent, sont des données qui sont de grande importance et qui vont certainement susciter beaucoup de commentaires et de débats dans la période qui vient. Y compris chez nous, où certains thèmes sont pour le moins sensibles. La désignation de l'Iran comme une source du terrorisme par le financement ou l'idéologie figure parmi ces éléments. Dans son allocution d'ouverture, le roi saoudien Salmane Ibn Abdelaziz a eu des propos sans ambiguïtés à ce sujet, laissant entendre que l'Iran joue un rôle de destabilisation dans toute la région à travers le soutien à des groupes terroristes : un «fer de lance du terrorisme depuis l'avènement de la révolution de Khomeïni», dit-il. Le président américain, qui a longuement parlé dans la suite, a dénoncé à son tour ce rôle en Syrie, en Irak, au Yémen et au Liban. Et personne n'a omis de noter qu'en évoquant les groupes terroristes face auxquels il appelle à diriger ensemble une politique de lutte il a mentionné — aux côtés de l'Etat islamique et d'Al-Qaïda —, le Hizbollah, les Houthis ainsi que le Hamas, qui bénéficie ou a bénéficié dans le passé des aides iraniennes. Cette position commune, dans la force avec laquelle elle s'affirme désormais, a été très remarquée et elle avait été préparée par d'autres déclarations, la veille, comme celle du secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, qui a «salué» l'élection de Rohani en demandant à l'Iran de «démanteler son réseau de terrorisme». Un autre élément de cette stratégie commune renvoie à la possibilité de mener la guerre contre le terrorisme avec un pays qui a longtemps été considéré par beaucoup de pays arabes comme un ennemi éternel. Le discours de Trump n'a pas mentionné explicitement le nom d'Israël comme allié potentiel dans le cadre de cette stratégie nouvelle, mais cela s'entendait, se laissait deviner assez aisément. «La guerre à mener n'oppose pas une civilisation à une autre, mais la civilisation à la barbarie, le bien au mal», a affirmé en substance le président américain, qui a poursuivi en soulignant la nécessité pour toutes les forces du bien de s'unir contre le mal. C'est cette alliance élargie que les Etats-Unis entendent soutenir, semble-t-il, à la fois par le conseil et par l'armement. Mais sans se substituer aux pays intéressés, souligne Trump : «Les pays du Proche-Orient ne doivent pas attendre que les Etats-Unis écrasent l'ennemi pour eux». Investir dans l'avenir... Trump rappelle encore à ce propos que les premières victimes du terrorisme par le nombre se trouvent dans des pays arabes et musulmans... Sous-entendu : l'obligation de préserver sa population contre le mal dicte de ne pas s'engager dans des considérations qui pourraient briser l'élan ou réduire la détermination. S'adressant au roi saoudien au moment de conclure, il a salué une initiative qui vise à investir dans l'avenir d'une région du monde qui est chargée de civilisation et de libérer les peuples de la violence et du terrorisme... Aujourd'hui, Donald Trump quitte Riyad pour Israël où il doit rencontrer Benjamin Netanyahou. Demain, il rencontrera Mahmoud Abbas. Et, durant ce séjour, son parcours sera ponctué par la visite de lieux à valeur sacrée, comme le Mur des Lamentations, situé dans une partie palestinienne de la Ville Sainte, et néanmoins annexée par Israël : le président américain, apprend-on, s'y rendra sans être accompagné par des représentants de l'autorité israélienne... L'inscription de cette visite dans l'agenda du président américain immédiatement après le sommet de Riyad indique clairement, en langage diplomatique, que la partie israélienne n'est plus à considérer comme une ennemie. Tout au contraire, il y aurait une invitation implicite adressée à la communauté des pays arabes et musulmans que rassemble la lutte commune contre le terrorisme : invitation à prêter son concours à l'accomplissement de l'œuvre de paix au Proche-Orient entre Arabes et Juifs en terre de Palestine. Le Sommet de Riyad, qui avait attiré toutes les attentions samedi par l'importance des contrats signés entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite — dont 110 milliards de dollars consacrés à l'armement — et qui avait donné lieu aussi à des rencontres bilatérales avec le président américain, a donc pris une tournure résolument politique, ou géopolitique, dans la journée d'hier. Les chefs d'Etat présents ont eu l'occasion de décliner leurs positions et d'affirmer leurs propres combats dans une guerre où chacun porte à la fois des blessures et des victoires, tout en aspirant sans doute à plus de cohésion stratégique avec les autres pays de la grande famille arabe et musulmane. La Tunisie, présente pour l'occasion, a souligné par la voix de son président la nécessité d'une «action commune» mais aussi «l'accélération des processus de règlement politique des crises» et, plus spécialement, «une solution juste à la cause palestinienne». Le président Essebsi a fait valoir aux dirigeants présents que la lutte contre le terrorisme constituait en Tunisie une priorité nationale afin de protéger le processus démocratique encore jeune et de sauvegarder les conditions du développement économique. Il a appelé à une coopération qui, au-delà des aspects sécuritaires, s'étende aux aspects économiques...