Le chef du gouvernement estime que la démission parentale constitue l'un des facteurs propices à la violence et autres phénomènes sociaux redoutables qu'il convient de combattre Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance (Mffe) et le Bureau international du travail (BIT) ont organisé hier à Gammarth, sous le haut patronage du président de la République, une conférence nationale sur l'éducation parentale comme pilier de la sécurité et de la paix sociale. Cette rencontre a été l'occasion, pour les parties prenantes aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, de souligner le rôle capital que joue la famille dans l'éducation et l'orientation des jeunes générations vers les valeurs sûres. Cette conférence s'inscrit dans le cadre de la célébration, par la Tunisie, de la Journée mondiale de la famille. Le mot d'ouverture de la conférence devait être prononcé par M. Youssef Chahed, chef du gouvernement, qui s'est absenté pour d'autres engagements. Lu par Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, cette allocution traduit l'intérêt qu'accorde le gouvernement à la promotion du rôle de la famille comme principal noyau social et sociétal. Le chef du gouvernement y a souligné la nécessité d'évaluer les programmes réalisés jusque-là en matière de promotion de la famille. Il a insisté sur l'indentification des problématiques liées à ce dossier appelant, ainsi, au développement des mécanismes de la protection de la famille tunisienne. L'article 7 de la Constitution reconnaît et appuie le rôle fondamental de la famille et responsabilise l'Etat quant à sa protection. Aujourd'hui, et à l'instar des pays à travers le monde, la Tunisie évolue dans un contexte à dominante mutante, ce qui impacte sensiblement la famille et ses différents membres. Aussi, convient-il de mettre en place de nouveaux mécanismes et outils au profit d'une famille à la fois moderne et cohérente; une famille qui doit être bien armée contre les phénomènes menaçant son équilibre et sa stabilité, à savoir le terrorisme et l'extrémisme. Plan national pour la promotion de la famille 2017/ 2020 Pour ce faire, l'Etat s'engage dans la réalisation d'un plan national pour la promotion de la famille, pour la période 2017/ 2020. Parmi les grandes lignes directives dudit plan figure la révision du cadre législatif relatif au congé parental; l'instauration d'un code de protection des droits des personnes âgées; le renforcement du rôle de la famille dans un climat favorable de dialogue et de solidarité. Ce plan implique, en outre, la préparation des jeunes à la vie conjugale et par conséquent à la vie familiale; la création de programmes spécifiques aux loisirs et au bien-être familial; le renforcement des capacités des familles ayant à leur charge des personnes à besoins spécifiques ainsi que l'instauration de programmes spécifiques aux familles tunisiennes résidant à l'étranger. Le plan national pour la promotion de la famille comprend également la création d'une base de données portant sur la famille tunisienne, et ce, conformément aux normes internationales et aux spécificités de la société tunisienne. L'on envisage aussi de mettre en œuvre un programme de communication et de sensibilisation à cet effet. L'Etat projette aussi la mise en place d'une stratégie nationale à long terme portant sur la famille. M. Chahed a indiqué, par ailleurs, que la démission parentale constitue l'un des facteurs propices à la violence et autres phénomènes sociaux redoutables qu'il convient de combattre. D'ailleurs, le Centre tunisien des études stratégiques est sur le point d'élaborer une étude sur le coût de la violence. 2017 : l'année de l'enfance Pour sa part, la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance a rappelé que la présente rencontre s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la famille, tenue annuellement le 15 mai. S'appuyant sur le Hadith mais aussi sur la littérature arabo-musulmane, elle a souligné le rôle de la famille dans la garantie de la cohésion et de la solidarité sociales. Elle a indiqué que, depuis 2006 et jusqu'à nos jours, la Tunisie ne dispose point d'une stratégie nationale sur la promotion de la famille. Pour remédier à ce vide politique, le ministère entame une nouvelle page avec des chantiers touchant aussi bien au domaine de l'enfance qu'à celui des personnes âgées. «Je tiens, d'abord, à féliciter la société tunisienne pour son succès. Notre pays chapeaute la liste des pays arabes et africains en matière de promotion de l'enfance. A l'échelle mondiale, il se positionne en 9e place sur une liste comptant 165 pays», a-t-elle indiqué. Et d'ajouter que le ministère procède désormais à une nouvelle stratégie pro-infantile. «L'année 2017 est baptisée année de l'enfance par excellence. Nous nous penchons, en effet, sur la multiplication décentralisée des jardins d'enfants dans le but d'élargir la couverture de l'éducation préscolaire, laquelle demeure insuffisante et limitée à seulement 35% de la population infantile», a-t-elle ajouté. Investir dans la famille M. Ahmed Adhoum, ministre des Affaires religieuses, a salué le choix du thème de la conférence et de l'étroite corrélation entre l'éducation parentale et la paix sociale. «Nous sommes dans le vif du sujet. Nous ne pouvons tabler sur la sécurité, la paix sociale, la démocratie sans pour autant disposer du principal pilier à savoir l'éducation parentale», a-t-il noté. Le ministre a souligné, en outre, que l'Islam n'est pas synonyme de terrorisme et d'extrémisme. «Ces derniers sont des phénomènes éphémères qui finiront par s'atténuer», a-t-il indiqué, confiant. Il a appelé à la révision du congé parental lequel, à son sens, serait un moyen de lutter contre la démission parentale. «Il faut investir dans la famille tunisienne», conclut-il. M. Mohamed Ben Youja a lu l'allocution de M. Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales. Le ministre a passé en revue les mesures prises par l'Etat afin de préserver et de consolider les droits de la femme et sa protection. Il a indiqué que l'équilibre entre le travail parental et les responsabilités familiales des parents représente le fondement d'une société harmonieuse. D'où les efforts fournis pour la garantie de l'égalité des chances entre les genres tant au travail qu'à la rémunération. «Le législateur a banni le travail risqué et ardu aux femmes. D'un autre côté, la loi en date du 14 février 2007 a permis de fixer les limites maximales des poids que portent la femme ouvrière. Le législateur a aussi interdit le travail nocturne des femmes enceintes», a-t-il noté. Il a ajouté que plus de 115 mille femmes reçoivent régulièrement des aides pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le ministre a rappelé, en outre, que les familles réfugiées bénéficient également de mesures de protection contre toute menace susceptible de nuire à leur harmonie et à leur bien-être. Mme Badra Alaoua, représentant le bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) dans les pays du Maghreb, a donné un bref aperçu sur la lutte de l'Organisation pour l'égalité des genres et pour la garantie du droit des femmes à la dignité, et donc au travail. Le premier bilan du BIT a montré que 70% des femmes et 66% des hommes dans la région aspirent à travailler hors domicile. En Tunisie, 68% des femmes et 61% des hommes ont les mêmes attentes. Or, la réalité est tout autre : seulement 26% des femmes ont accès à l'emploi. L'oratrice a évoqué par ailleurs les questions relatives au bien-être maternel et infantile. Elle a soulevé la question du congé de maternité, des prestations matérielles et médicales qui reviennent de droit à la maman. L'introduction de la notion du congé paternel, puis celle du congé parental dit long sur l'acheminement progressif et sûr vers une meilleure prise en considération des besoins de la famille au bien-être.