• Les enquêtes montrent que les femmes jouent un rôle déterminant au niveau de la transmission du savoir numérique à leur entourage Placée sous le haut patronage de Mme Leïla Ben Ali, présidente de l'Organisation de la femme arabe (OFA), une conférence internationale sur le thème «La femme arabe face aux défis de la société de l'information» a eu lieu, hier, à Tunis. «Droit des femmes pour accéder aux TIC», tel a été le thème de la première session qui a vu la participation de plusieurs juristes qui s'intéressent à la question des TIC. Dans ce cadre, Mme Jaouida Guiga, consultante juridique, a indiqué que la femme tunisienne bénéficie d'une bonne assise juridique en matière de droit d'accès aux TIC grâce aux lois spécifiques, aux amendements partiels et à la promulgation du code des télécommunications qui permettent à la femme d'accéder au monde de l'information. Il faut, d'après elle, consolider ces textes par d'autres mécanismes comme le renforcement du rôle de la femme dans la sphère numérique et les instances informatiques et l'élaboration de programmes spécifiques pour permettre à la femme de jouer pleinement son rôle. Mme Samia Maktouf, avocate d'affaires internationales, a, quant à elle, fait une évaluation de la situation actuelle de l'accès de la femme à l'information et a souligné l'importance d'éliminer graduellement la fracture numérique pour permettre à la femme de s'émanciper, d'apprendre et d'être active. «Le droit d'accès à l'information permet à la femme d'avancer. Le législateur a fait un pas extraordinaire en Tunisie pour rompre cette fracture en aidant la femme à avoir un libre accès aux différentes formes de technologies», a-t-elle indiqué. Cependant, beaucoup de femmes sont complètement dépassées par le monde numérique, ce qui entraîne leur isolation. «Ce ne sont pas les technologies et les outils de communication qui manquent. Ce qui manque, c'est la sensibilisation de la femme à ce droit qui lui est pourtant accordé», a-t-elle relevé en insistant sur la nécessité de lutter contre l'analphabétisme numérique. Fracture numérique Lors d'une autre session intitulée «Combler la fracture numérique femme-homme : réalités et perspectives», Dr Fatimetou Mint Mohamed Seleck a donné une explication claire et exhaustive de la fracture numérique qui serait «une inégalité entre les femmes et les hommes face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC». Elle a aussi expliqué les raisons de ce retard par l'absence de formation en informatique, l'inadéquation de la formation délivrée, l'analphabétisme et les mécanismes de langues dominantes. Mme Imen Belhadi, directrice générale du Credif, a, quant à elle, révélé les résultats de certaines études qui montrent le manque d'initiative de la part des femmes dans le domaine des TIC et le fait que l'utilisation de ces technologies demeure relativement faible en ce qui concerne les femmes chefs d'entreprise au niveau de leurs projets. L'intervenante a, en outre, souligné que 78% des femmes tunisiennes possèdent un téléphone mobile, 45% d'entre elles ont un ordinateur tandis que 34% utilisent Internet. Elle a aussi profité de l'occasion pour mettre en exergue le rôle important dévolu aux centres d'études et de recherches au niveau de la sensibilisation des femmes et la réduction de la fracture numérique qui s'apparente, selon elle, à «une fracture au niveau du développement». Pour ce qui est des facteurs déterminants au niveau de la fracture numérique, Mme Riadh Zghal, professeur émérite en sciences de gestion et membre de la Chambre des Conseillers, a affirmé que cette fracture est la résultante d'autres fractures d'ordre économique, social… «Les TIC sont, aujourd'hui, tellement transversales et pénètrent tous les domaines de la vie, qu'il faut être vigilant pour prévenir une éventuelle fracture numérique sociale. Ces technologies sont de véritables opportunités dont l'absence peut s'avérer être une véritable source de disparités», a-t-elle relevé. Elle a également insisté sur le fait que les femmes sont de véritables acteurs sociaux ayant la capacité de changer les choses. Les enquêtes que l'intervenante a citées ont, d'ailleurs, démontré que les femmes jouent un rôle déterminant au niveau de la transmission du savoir numérique à leur entourage. Cette conférence a permis aux intervenants de discuter, de débattre et d'échanger leurs expériences et leurs visions en approfondissant d'autres thèmes tous aussi importants.