Le Ftdes organise, aujourd'hui, à son siège à Tunis, une conférence de presse pour revenir sur la question et faire part de sa position quant à « la confusion douteuse » qui plane sur le travail de la commission d'enquête et de suivi du désormais célèbre dossier des disparus en mer Tout comme l'affaire Sofiène et Nadhir, deux journalistes enlevés en Libye, il y a maintenant plus de trois ans, celle de nos concitoyens disparus en mer depuis 2011 fait encore du surplace. La commission ad hoc d'enquête et de suivi du dossier de plus de 500 jeunes embarqués clandestinement pour les côtes italiennes n'a pas remis, jusqu'ici, son rapport d'enquête, alors que son mandat, déjà renouvelé d'un an, touchera bientôt à sa fin. Créée le 4 juin 2015, sur arrêté du ministre des Affaires sociales, la commission n'arrive pas à calmer la colère des familles en deuil permanent, en tranchant sur le sort de leurs enfants. Six ans péniblement passés, le mystère reste encore entier sur une vérité tant souhaitée. Où sont nos enfants ? Morts ou vivants ?, ainsi scandaient et continuent de le réclamer en colère leurs parents et proches qui espèrent, non plus vraiment, un signe de vie, mais des réponses à leurs questions. Du côté du gouvernement tunisien, silence radio. De même pour la partie italienne. Aucune suite n'a été donnée à ce dossier tenu secret, mais aussi entouré de confusion. « On n'en peut plus, la coupe est désormais pleine... », s'emporte Imed Soltani, fondateur de l'association « la Terre pour tous », dénonçant vivement une telle passivité à l'égard d'un dossier qui s'érige bien en « affaire d'Etat » manquée. L'homme a juré de ne pas lâcher prise. Il ne cessera jamais de mobiliser, comme il peut, les familles des disparus. « On est arrivé à un point de non-retour... », disait-il. Elles ont manifesté partout et à maintes reprises, sur le parvis du Théâtre municipal au centre-ville, devant l'ambassade d'Italie à Tunis, au siège du ministère des Affaires sociales et sur l'esplanade de La Kasbah. Mais en vain. Leurs voix n'ont pas été entendues. Juste pour faire taire ! « C'est de la mascarade.. ! », qualifiait, en ces termes, M. Abderrahmane Hedhili, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), reconnu comme le seul représentant de la société civile qui a su, au départ, jouer les bons offices avec le gouvernement tunisien. Ayant épuisé tous ses moyens pour aboutir à des solutions, le Ftdes a fini par se retirer de ladite commission d'enquête sus-mentionnée dont il était membre. Il a dit avoir fait de son mieux, aux côtés d'autres membres qui la composent, relevant des ministères de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires sociales, de la Justice, des Affaires étrangères, d'un médecin légiste de la santé publique, d'un universitaire spécialiste en droit international, ainsi qu'un porte-parole des familles des disparus. Cependant, au bout de deux ans d'existence, cette commission n'a abouti à rien. Quid de la réalité et la transparence des investigations menées? «Ce n'était que pour la forme, juste pour faire taire les protestataires...», confiait M. Hedhili, peu avant le retour de la délégation qui s'est rendue, fin février dernier, à Rome pour suivre le dossier. Tout semblait prêt, mais Depuis, aucun mot n'a été prononcé sur la question. Sauf qu'une sous-commission technique et scientifique mixte tuniso-italienne a été, alors, envisagée, « afin de procéder aux opérations de comparaison et de confrontation de toutes les informations recueillies avec celles de la banque italienne de données des immigrés clandestins», avait lancé, au terme de la mission de ladite délégation, Moez Sinaoui, ambassadeur de Tunisie à Rome, sur les ondes de Mosaïque Fm. Et de préciser que quelques centaines d'empreintes digitales propres aux jeunes tunisiens disparus et d'analyses génétiques ADN de leurs familles, auxquelles se sont ajoutés des photos, vidéos et des documents ont été déjà transmis aux autorités italiennes. Le président du Ftdes a parlé de toute une base de données portant 300 analyses ADN et plus de 250 empreintes digitales identificatrices des victimes mises à la disposition du ministère de l'Intérieur. Sans réponse. Pourquoi, alors, ce retard injustifié ? Y a-t-il anguille sous roche ? De toute façon, le Ftdes prévoit d'organiser, aujourd'hui, à son siège à Tunis, une conférence de presse pour revenir sur la question. D'autant qu'il y fera part de sa position quant à « la confusion douteuse » qui plane sur le travail de ladite commission. Et les familles, comment vont-elles réagir ?