Le dossier des jeunes disparus à Lampedusa qui tarde à être résolu est-il en train de mettre à mal la cohérence du gouvernement provisoire ? Contactés par les familles, les ministères des Affaires Etrangères, des Droits de l'Homme et de la Transition Démocratique n'ont pas apporté de réponses convaincantes et définitives à cette question épineuse. Qu'en est-il des autres intervenants, notamment les ministères de l'Intérieur et des Affaires Sociales concernés directement par le sujet ? En fait, pour gérer ce dossier, une commission technique de la migration dirigée par le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger au sein du ministère des Affaires sociales a été créée à l'issue d'un conseil ministériel restreint. Regroupant plusieurs intervenants à savoir : les ministères des Affaires Sociales, de l'Intérieur, de la Justice, des Affaires Etrangères et de la Défense Nationale, la commission s'est réunie pour la première fois jeudi après-midi. « Pour l'instant, notre objectif est de chercher les disparus et de coordonner entre les différents concernés », déclare Houcine Al Jaziri, secrétaire d'Etat chargé de l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger. Avoir des informations fiables sur les disparus, reste une priorité pour les familles. Mais quand et comment ? Toute la question est là. C'est à ces interrogations que ladite commission apportera, des réponses lors des prochains jours. « Nous examinons le dossier avec nos partenaires », signale M. Al Jaziri tout en annonçant que « la liste des empreintes digitales des disparus recherchés par leurs familles sera prête au cours de la semaine prochaine ». « Reste qu'il faut respecter les procédures exigées », précise le secrétaire d'Etat. « Cela nécessite l'intervention du ministère de la Justice lequel sera sollicité par le secrétariat d'Etat à l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger afin de présenter une requête dans ce sens », ajoute M. Al Jaziri tout en expliquant que les autorités italiennes seront contactée pour fournir des informations sur les disparus dès que les listes des empreintes digitales et des ADN seront prêtes.
Informations
A cet effet, le responsable précise que « les informations seront transmises au ministère des Affaires Etrangères pour qu'il assure par la suite le contact avec les autorités italiennes ». « Nous nous penchons sur la question. Nous travaillons en silence, et les choses commencent à se clarifier », rassure-t-il. Et le secrétaire d'Etat d'enchaîner : « nous sommes conscients que les familles vivent un drame, sauf que nous leur demandons d'être patienes et ceux qui imaginaient que la question pourrait être résolue au bout d'une semaine ont tort ». A cet égard M. Al Jaziri signale que 2000 Tunisiens -parmi ceux qui ont émigré clandestinement- ayant présenté des demandes d'asile politique en Suisse. Cela complique la tâche car, les conventions internationales les protègent en interdisant la fourniture de leurs données personnelles.
Proposition d'une réunion
A la lumière de cela, les familles auront à patienter davantage. Reste qu'elles ne savent plus où donner de la tête. « Il importe dès lors de tout expliquer aux proches des disparus dans une réunion générale », propose Abderrahamane Hedhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux. « Nous sommes d'ailleurs, prêts à appeler toutes les familles concernées à cette réunion, rien que pour les informer et leur présenter la feuille de route du travail », ajoute M. Hédhili. Et d'enchaîner : « les familles des disparus sont éperdues. Elles ne reçoivent que des promesses alors qu'il est temps de clarifier les choses avec elles ». A rappeler dans ce cadre que les proches des disparus se sont présentés hier devant le ministère des Affaires Etrangères revendiquant le transfert des empreintes digitales de leurs proches. Elles ont été accueillies par Touhami Abdouli, secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes mais, « rien de nouveau », témoigne Faten Charni. « Toujours les mêmes prétextes ». Sana FARAHAT