Une ouverture à la hauteur des attentes du public de ce festival appelé à en conquérir un nouveau en toute urgence. « C'est très difficile de chanter une composition de Lotfi Bouchnaq en présence de Lotfi Bouchnaq», dira Leïla Hjaiej après avoir interprété «Ajabi», le morceau d'ouverture et qui donne le nom au spectacle d'ouverture du festival de la Médina. C'est avec cet excellent mouachah sur un texte de Adam Fethi et une composition de Lotfi Bouchnaq que Leïla Hjaïej a démarré son spectacle. Un spectacle qui, ouvre en même temps le festival de la Médina. Un festival qui, depuis son lancement en 1982, n'a cessé et de dénicher et de lancer des talents tunisiens mais qui, force est de le croire, a perdu de la vitesse au milieu des autres festivals de la médina. Mais le festival semble croire en ses chances et en son public et poursuit dans la veine qui l'a vu naître. Un public présent mardi soir certes mais pas assez nombreux pour une ouverture du festival de La Médina tel qu'on l'a connue quelques années plus tôt. Un public de mélomanes qui semble acquis à l'esprit du festival et qui est venu pour écouter de la musique arabe et tunisienne par la voix d'une chanteuse qui milite en quelque sorte pour le «tarab» dans sa version classique. Leïla Hjaïej a été fidèle à elle-même, à son répertoire et à sa conception du « tarab» qui tire sa force aussi bien des morceaux des plus grands répertoires arabes que des compositions tunisiennes. Après l'ouverture avec «Ajabi», l'artiste interprétera « Wahdi» et « Moutanahida» avant de rendre hommage à la chanteuse tunisienne Nâama en interprétant quelques-unes de ses chansons . Accompagnée par une troupe de musiciens chevronnés sous la houlette de Abedelbasset El Metsahel, Leïla Hjaïej interprétera comme à son habitude Om Kalthoum et Abdelwaheb. Mais l'artiste a voulu innover cette fois en introduisant dans son spectacle le piano et c'est à travers un grand artiste tunisien qu'elle le fera puisque c'est Mehdi Trabelsi (invité d'honneur de la soirée ) qui accompagnera Leïa Hjaïej pendant la deuxième partie de la soirée. Un défi gagné pour la chanteuse tunisienne qui semble avoir voulu démontrer que le monde du «tarab» n'est pas enfermé dans des carcans «oubliables» mais qu'il est toujours ouvert à d'autres instruments et à d'autres expériences . C'est ainsi qu'on entendra des morceaux de Fairouz et de Abdelhalim dans la deuxième partie de la soirée: à travers cette innovation que l'artiste a voulu introduire et qui, à notre sens, a eu son effet sur les mélomanes présents au Théâtre municipal. Le spectacle de Leïla Hjaïej aura donné le ton au festival de la médina mardi soir. Une ouverture à la hauteur des attentes du public de ce festival appelé à en conquérir un nouveau en toute urgence.