Même si elle a été surprenante du fait qu'elle n'était pas inscrite dans le projet du départ, l'accession du COM est des plus méritées et loin d'être volée. Le charme du football, c'est qu'il peut parfois ne pas respecter la logique et la hiérarchie, déjouer tous les pronostics, sortir de l'ordinaire et confirmer qu'il n'est pas une science exacte. En effet, qui aurait imaginé que le Club Olympique de Médenine, qui venait à peine de retrouver la Ligue 2 au terme de la saison 2015-2016 après une rude traversée du désert en Ligue 3, passerait tout de suite à l'étage supérieur et retrouverait cette Ligue 1 qu'il a quittée depuis plus de 15 ans (saison 2001/2002)? L'époque des années 2000 était une date charnière dans l'histoire du club, marquée par l'empreinte d'un président pas comme les autres, Béchir Ben Amor, qui n'a pas lésiné sur les moyens pour faire du COM un club respectable et redoutable. La rétrogradation en 2002 a laissé ses traces et ce fut d'abord l'enlisement en Ligue 2 puis une véritable plongée dans les sables mouvants de la Ligue 3. Aussi, l'objectif de départ après le retour en Ligue 2 et au moment du démarrage de l'actuelle saison était de bien ancrer ses pieds dans cette division, d'assurer le maintien et d'en finir avec la rude épreuve et la terrible souffrance du football amateur et des étages inférieurs. Le club n'avait pas les moyens financiers colossaux pour redorer rapidement son blason et renouer avec un passé lointain lumineux et personne n'a voulu de ce «cadeau empoisonné», pas même la figure emblématique du club, Béchir Ben Amor, qui a dit non à ceux qui l'ont courtisé pour reprendre le flambeau et rééditer ses précédents exploits à la tête du club. Le seul repreneur dans des conditions financières pas très encourageantes, voire médiocres et inquiétantes, a donc été Mohamed Saïdi, un bleu sur toute la ligne et simple petit bénévole, doté d'une seule arme : l'amour des couleurs «Jaune et Noir». Le mérite de cet inconnu, c'est qu'il n'a pas eu peur de cette mission qui pesait lourdement sur ses épaules et a foncé la tête en avant. Il a engagé un entraîneur qui connaît comme sa poche les principaux circuits et rouages de la Ligue 2, Othman Chhaïbi, et qui, à l'instar de ce qu'a fait Lassaâd Maâmmer lors de sa première saison à Sidi Bouzid, a fait un casting de joueurs très réussi pour constituer une bonne ossature avec une colonne vertébrale solide basée sur Anis Jelassi dans les buts, Amine Ben Abdallah en défense, Nizar Touil au milieu et une paire de fers de lance en pointe, Azzeddine Ben Abid et Amine Waïli. Othman Chhaïbi a mis la première pierre d'une équipe capable de se hisser à un niveau qui lui a permis de prendre d'emblée le taureau par les cornes et d'entrer de plain-pied dans la compétition. Quand Afouen Gharbi a pris le relais lors du mercato d'hiver, la passation a été facile et il a été très vite intégré par le groupe, ce qui lui a permis de continuer le travail de son prédecesseur et de peaufiner davantage cet ensemble hétérogène pour le rendre plus collectif, avec trois lignes très regroupées et très solidaires au niveau du travail défensif comme de l'animation offensive, ajoutant deux petites touches décisives : une discipline de fer et la rage de vaincre. De toutes les équipes de la Ligue 2, le COM, même s'il ne possède pas les meilleures individualités et les grands noms dans le paysage sportif, a produit le football le plus collectif, le plus séduisant et le plus spectaculaire. C'est une véritable machine qui tourne durant les 90 minutes, avec un jeu court et posé, avec lucidité et assurance, sans précipitation même si elle court parfois derrière le score et se trouve devant l'obligation de sceller le sort d'une rencontre décisive. Le deuxième but qui a tué le match barrage face aux Marsois en est la parfaite illustration. Jolie prouesse technique de Amine Farhat qui remet instantanément vers Azzeddine Ben Abid qui ne temporise pas une seule seconde et sert le mieux placé que lui, Sabri Lounis, côté gauche lequel n'a plus qu'à conclure et crucifier le portier Aymen Souii. Ce genre d'actions limpides se répète tant de fois dans chaque match et ce n'est pas un hasard si le COM a inscrit 33 buts durant cette saison de l'accession et n'en a encaissé que 15. Dans ce rouleau compresseur qui broie tout sur son passage, il y a deux pièces maîtresses qui en ont assuré le bon fonctionnement : Azzeddine Ben Abid, un vrai créateur de jeu et aussi un redoutable finisseur, et Amine Waïli, avant de pointe, bon technicien, virevoltant, insaisissable et qui a un flair du but remarquable. A eux deux, ils ont marqué presque la moitié des buts du COM. A eux deux, ils ont pris la grosse part pour que ce grand retour en Ligue 1, qui n'était au départ qu'un simple rêve qui semblait sans lendemain, devienne réalité.