L'un est quelque peu flexible dans sa méthode. L'autre semble plus dogmatique dans son approche. La rencontre entre le Club Africain et l'US Ben Guerdane verra une nouvelle fois Chiheb Ellili opposé à Chokri Khatoui. Deux entraîneurs bien différents. Mais aussi deux techniciens en dessous de leurs standards habituels. Khatoui n'a pas réussi à suivre la cadence du play-off de la L1. Et Ellili a mal négocié la dernière ligne droite de cette même compétition. Les deux head-coachs vont cependant en découdre pour un match couperet où le vainqueur va forcément sauver sa saison! Et la dynamique globale sera forcément plus attrayante que lors des matchs du championnat. Quelques mois après leurs duels en L1 marqués par la dimension supérieure du CA, le destin a offert un nouvel affrontement entre deux coachs qui rêvent désormais à voix haute. Si le technicien clubiste est quelque peu flexible dans sa méthode, à l'inverse, Khatoui semble plus dogmatique dans son approche, même s'il a aussi montré à travers certains matchs être capable d'une certaine souplesse, très visible lors de son match face à l'Espérance. Bref, des nuances existent entre les deux entraîneurs même s'ils se rejoignent dans certains points, comme l'idée d'une intelligence pratique et l'organisation d'une philosophie en fonction de l'objectif. Les deux techniciens ne sont pas des précurseurs à ce niveau mais sont pragmatiques et sensibles à l'évolution des choses. Paradoxe et contrastes sont cependant présents dans ce cas d'espèce. A ce stade de la compétition, Khatoui a tout à gagner et Ellili tout à perdre. Si le technicien clubiste tentera une opération séduction pour effacer les derniers déboires en Coupe de la CAF, Khatoui a rempli sa part du contrat (play-off atteint et finale de la Coupe de Tunisie). Pour lui, cette apothéose, c'est du bonus. Ce n'est vraisemblablement pas le cas du coach du CA qui voudra gagner sur le fond et sur la forme. Ce qui fait qu'il a une double exigence que Chokri Khatoui n'a pas. Une exigence que se fixe le timonier clubiste à lui-même d'ailleurs, et que, du coup, on lui fixe par miroir! En clair, les fans clubistes ne toléreront pas un CA qui jouerait mal. Quand Khatoui doit gagner, Ellili doit vaincre et convaincre ! Et c'est ce qui rend la tâche un peu plus difficile pour ce dernier. Tonalité et contraste Face aux médias maintenant, les deux techniciens ne sont pas des tribuns, même si Chiheb Ellili est plus loquace. Les deux hommes adoptent un comportement similaire, les mêmes postures mais pas le même ton. Ce faisant, ils font généralement preuve de retenue et ne se lancent pratiquement jamais dans des envolées oratoires qui pourraient influencer la perception globale à leur égard ! Pas vraiment populistes et nullement aristocratiques, les deux techniciens s'adressent rarement à la base, aux supporters. Cependant, face aux médias, il y a une réelle distinction dans leur manière de communiquer. C'est même étonnant de saisir le contraste. Chiheb Ellili est quelqu'un qui écoute et focalise, c'est assez particulier dans ses points de presse. Le moment où il te regarde, c'est même assez troublant. Avec Ellili, tout est dans ses yeux ! Quant à Khatoui, c'est exactement le contraire. Il vous fuit du regard. Quand tu poses une question, il va t'écouter un peu vaguement, tout en essayant de prendre la tonalité pour répondre! Ellili a un sens pédagogique en tentant de ramener son vis-à-vis à la raison par la parole. Khatoui, quant à lui, croit peut-être plus en la passion. Au-delà de toutes ces particularités, de la posture et du discours tenu, il n'est pas seulement question de méthodes à valider. Non, ce qui valorise au final, c'est uniquement la victoire. Tout compte fait, on a beau être un pédagogue à sa façon, prêcher et à la limite «évangéliser», s'il y a une différence entre ce que l'on dit et ce que l'on fait, tout sera remis à plat et le fusible tout désigné devra forcément sauter !