L'Unft chargera, au sein de l'ARP, une commission spécialisée pour suivre de près le processus d'examen et d'adoption du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes. «Certains s'amusent à véhiculer des préjugés sur fond moral. Ils accolent au projet de loi l'intention implicite d'appuyer et de légitimer l'homosexualité. D'autres pensent que le projet de loi est une entrave aux principes religieux. Pourtant, il n'existe pas de religion pro-violence et pro-discrimination à travers le monde», souligne la présidente de l'Unft. L'Unft vient de lancer sa campagne de sensibilisation à la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Ce lancement a été annoncé hier au Centre d'écoute et d'orientation des femmes, lors d'une conférence de presse tenue en marge d'une journée portes ouvertes. Ladite campagne a pour finalité d'informer et de sensibiliser les femmes à l'impératif de réclamer leurs droits à la dignité et à l'intégrité corporelle et morale en dénonçant désormais toute atteinte susceptible d'offenser ces droits. « Plus jamais de silence...la loi me protège» : tel est le slogan adopté et qui servira aussi bien d'incitateur à la dénonciation, à la revendication des droits qu'à la lutte contre la violence exercée sur le genre. Il sera aussi le principe clé d'un plaidoyer aussi bien féministe que collectif, appelant à l'adoption par le Conseil de l'ARP, du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Ouvrant la rencontre, Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft, a rappelé l'organisation antérieure d'une campagne similaire et qui avait pour slogan « Plus jamais de silence ». « Cette année, nous insistons davantage sur la composante législative, laquelle représente, indéniablement, un outil efficient à la lutte contre la violence sur fond de genre », a-t-elle rappelé. La violence va crescendo ! La présente campagne de sensibilisation sera, en effet, destinée au public, en général, et à celui féminin relevant de cinq gouvernorats, à savoir Tunis, Sfax, Médenine, Kairouan, Gafsa et Jendouba. Ces régions bénéficieront ainsi de plusieurs activités d'information et de sensibilisation, visant le renforcement de l'estime de soi chez les femmes vulnérables, notamment celles vivant sous l'emprise et de la dépendance économique et de la violence sexiste. « Il faut reconnaître que la violence prend, de plus en plus, un tournant inquiétant. Ces crimes, devenus les manifestations quotidiennes d'un phénomène de société, vont crescendo. Les témoignages que nous recueillons quotidiennement tant au Centre d'écoute et d'orientation « espace 13 Août » que dans les bureaux régionaux de l'Unft dévoilent non sans désarroi le recours à la violence à l'encontre des femmes, des personnes âgées et même des nouveaux-nés. Cela revient en grande partie à la banalisation de la violence et à l'impunité des coupables », a-t-elle expliqué. S'agissant du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, la présidente de l'Unft a souligné les arguments stériles qu'avancent certaines parties dans l'optique d'entraver au processus de l'adoption du projet, dont la question relative à la terminologie du genre. « Certains s'amusent à véhiculer des préjugés sur fond moral. Ils accolent au projet de loi l'intention implicite d'appuyer et de légitimer l'homosexualité. D'autres pensent que le projet de loi entrave aux principes religieux. Pourtant, il n'existe pas de religion pro-violence et pro-discrimination à travers le monde », a-t-elle souligné. Aussi, l'Unft formera-t-elle une commission spécialisée pour suivre de près le processus d'adoption dudit projet de loi et plaider pour atteindre cet objectif. Une stratégie de plaidoyer De son côté, la représente du ministère des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance a indiqué que le projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes promet la protection, non seulement des femmes, mais aussi de toute la famille. Elle a rappelé que le ministère a instauré une stratégie de plaidoyer pour soutenir l'adoption de ladite loi. Elle a souligné la gravité de la violence implicite, quotidienne, infligée sur les femmes et dont les répercussions psychologiques sont tout aussi alarmantes que celles résultant de la violence physique. Le ministère met à la disposition des familles en difficulté deux centres de réconciliation sociale, dont l'un est situé à la Cité Ettadhamen et l'autre à Béja. « Le ministère vient de signer une convention de partenariat avec le Centre tunisien des études stratégiques pour l'élaboration d'une étude nationale portant sur le coût de la violence. Nous avons en outre, poursuit-elle, des programmes de partenariat avec le ministère de l'Education pour prévenir la violence dès les premières années de scolarité ». La conférence de presse a été l'occasion pour diffuser un film documentaire intitulé « Non à la violence ! ». Ce document audiovisuel a permis à plusieurs femmes victimes de violence de témoigner de leur vécu et de leurs souffrances. Violence physique, morale, psychologique, économique et sexuelle ; autant de moyens dont use l'agresseur pour dévaloriser sa victime, réduire son estime de soi et la condamner au statut de subordonnée.