Appel à la vigilance contre les faux-pas politiques dans le monde, et les tentatives antiféministes L'Union nationale de la femme tunisienne (Unft) abrite, hier et aujourd'hui à Tunis, les travaux de la Réunion annuelle internationale du Centre européen du Conseil international des femmes (Cecif). Ce dernier étant une organisation non gouvernementale, créée en Suisse en 1961 et dont les objectifs épousent les principes fondamentaux du Conseil international des femmes (CIF), à savoir la lutte pour l'égalité de genre, le renforcement du rôle de la femme et de ses acquis et l'instauration de la paix à travers le monde. L'Unft a choisi de placer cet événement sous le signe de la corrélation étroite entre l'apport de la femme comme moteur de changement et vecteur de paix et la réussite de la transition démocratique. Dans son allocution de bienvenue, Mme Radhia Jerbi, présidente de l'Unft, a salué le militantisme de la femme tunisienne quant au renforcement de ses acquis et leur préservation contre toute menace sexiste et obscurantiste. En effet, les événements du 14 janvier 2011 ont sitôt cédé la place à une phase idéologique critique, menaçant aussi bien les acquis juridiques, économiques et sociaux de la femme tunisienne que l'Unft. L'une et l'autre n'ont pas baissé les bras et ont su faire face à cette menace. «La femme tunisienne a toujours joué le rôle d'un véritable moteur de changement tout en étant la gardienne de la paix par excellence», a indiqué Mme Jerbi. Pour la soutenir davantage dans son parcours pour une meilleure autonomie et une meilleure participation à la vie collective, l'Unft a focalisé son travail sur la participation de la femme rurale dans la vie civique. Elle a œuvré pour une meilleure représentativité de la femme dans les postes de décision. L'oratrice a rappelé la marche féministe, en date du 13 août 2013, qui fut organisée en signe de protestation conte la première version de l'article constitutionnel numéro 46; laquelle version risquait de vouer la femme au statut de complément de l'homme. Le combat se poursuit Ouvrant la rencontre, Mme Naziha Laâbidi, ministre de la femme, de la famille et de l'enfance a salué l'Unft pour sa résistance et pour son apport de taille dans la lutte pour l'indépendance et pour la liberté. Citant les figures féminines phares de l'Histoire de la Tunisie, notamment Alyssa, Kahina, Aroua la Kairouanaise, mais aussi Bchira Ben M'rad et Manoubia Menchari, elle a affirmé la contribution féminine dans l'instauration de la culture tunisienne ; une culture placée sous le signe de la tolérance et de la liberté. La ministre n'a pas manqué de passer en revue les plus saillantes mesures législatives prises en faveur des femmes, notamment l'abolition, en 1993, du principe de la soumission «Taâ» et sa substitution par le respect mutuel entre l'homme et la femme. D'un autre côté, l'obligation de l'Etat quant à la protection et au renforcement des acquis de la femme, via l'article 46 de la Constitution, dit long sur la détermination de l'Etat à poursuivre le parcours pro-féministe, lequel représente l'une des principales fiertés de notre pays. «Actuellement, nous sommes dans l'attente de l'adoption du projet de loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Nous œuvrons aussi pour une meilleure autonomisation aussi bien politique qu'économique des femmes ; un défi qui fait l'objet d'un programme au niveau du ministère et qui consiste en la formation, la sensibilisation et l'encadrement de 3.500 familles pour réussir une nouvelle étape de la transition démocratique, à savoir les prochaines élections», a-t-elle indiqué. Prenant la parole à son tour, Mme Kim Jungsook, présidente du Centre international des femmes (CIF), a exprimé son admiration quant aux efforts fournis par l'Etat pour la promotion de la femme. Ayant franchi des pas considérables en termes d'émancipation et de participation à la vie collective, la femme est appelée, aujourd'hui, à renforcer sa contribution dans la vie politique, économique et sociale. Pour Mme Jungsook, la situation de la femme ne peut évoluer vers le mieux sans la garantie de l'égalité de genre. Tous les chemins mènent à l'égalité de genre De son côté, Mme Cosima Schenk, présidente du Centre européen du Conseil international des femmes (Cecif), a indiqué que le 21e siècle est marqué par une grande mobilisation politique des femmes à travers le monde, ce qui impacte positivement l'aspect social et, juridique. Elle a indiqué que le combat des femmes tunisiennes et des femmes européennes est le même. Plus encore : selon l'oratrice, la démocratie peut être mesurée par l'intérêt qu'accorde un pays aux femmes et à l'amélioration de leurs conditions. «La voie de la liberté et de la tolérance est strictement liée à l'égalité de genre », a-t-elle souligné. Mme Schenk a prévenu, néanmoins, contre les tentatives de remise en question des acquis de la femme à travers le monde, comme c'est le cas pour les femmes européennes et le droit à l'avortement. Aussi a-t-elle appelé à faire preuve de plus de vigilance contre les faux pas politiques, et ceux antiféministes en particulier. D'où le rôle du Cecif dans la protection des droits de la femme dans les 23 pays membres. Mme Saïda Zniber, représentant l'Union nationale de la femme marocaine, a présenté cette organisation. L'Unfm s'active depuis des décennies pour la lutte contre l'analphabétisme et pour soutenir la femme marocaine dans son combat pour la dignité. Elle est présente dans 63 annexes nationales et dans trois bureaux implantés en Italie, en Hollande et en France. L'oratrice a appelé au développement des réseautages entre les ONG féministes pour une lutte féministe plus efficiente.