Le dinar a subi un choc exceptionnel et imprévu ces derniers mois, ce qui s'est répercuté directement sur le budget alloué à la subvention des hydrocarbures. Les chiffres officiels font état de subventions à hauteur de 1.2 milliard de dinars, contre 650 millions de dinars prévus initialement pour l'exercice 2017. D'où un trou relativement important à combler avant la fin de l'année. Le secteur énergétique ne cesse de faire la une de l'actualité nationale et de susciter inquiétudes et interrogations aussi bien au niveau des finances publiques que de la consommation. Après une majoration de 100 millimes sur le prix du litre d'essence le 2 juillet 2017, c'était au tour de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz, vendredi, de préparer l'opinion publique à une levée progressive des subventions sur l'énergie électrique, éventuellement à partir de 2018. La Steg a rassuré, en effet, qu'il n'y aura pas d'augmentation de prix d'ici la fin de l'année. A première vue, cette évolution réservée à la hausse des prix des hydrocarbures va à l'encontre de la tendance des cours internationaux du pétrole qui, très sensibles au contexte géopolitique des principaux pays producteurs, s'oriente plutôt vers la baisse, compte tenu de plusieurs facteurs, dont notamment la reprise de la production en Libye, l'expansion du schiste aux Etats-Unis et le désaccord opposant les pays du Golfe arabe. La conjugaison de tous ces facteurs a empêché les cours de monter au-delà de la barre symbolique de 50 dollars le baril depuis plusieurs semaines et discrédité, d'une quelconque manière, les prévisions tablant sur 60 dollars le baril d'ici la fin de l'année. Pourquoi les prix augmentent donc en Tunisie, alors qu'à l'international la situation est plus clémente pour les pays importateurs ? Les arguments avancés par les autorités de tutelle pour expliquer ce paradoxe sont principalement de deux ordres. D'abord, c'est la valeur du dinar par rapport au dollar qui est principalement responsable de cette anomalie. Car, faut-il rappeler, la monnaie tunisienne a subi un choc exceptionnel et imprévu ces derniers mois, ce qui s'est répercuté directement sur le budget alloué à la subvention des hydrocarbures. Les chiffres officiels font état de subventions à hauteur de 1.2 milliard de dinars, contre 650 millions de dinars prévus initialement pour l'exercice 2017. D'où un trou relativement important à combler avant la fin de l'année. Une dimension structurelle Deuxièmement, au niveau structurel, c'est tout le système de compensation qui fait l'objet aujourd'hui de réflexion en vue d'une réforme durable et efficace. Depuis le choc pétrolier de 2008, où les cours du Brent ont dépassé les 147 dollars le baril, la compensation des matières de base constituait un vrai casse-tête pour les autorités, non seulement par l'augmentation de son volume, mais essentiellement parce qu'on est persuadé que l'enveloppe allouée à la compensation ne va pas essentiellement aux cibles qui en ont vraiment besoin. Cela est aussi vrai pour les hydrocarbures que pour les produits alimentaires, en l'occurrence le pain et l'huile végétale... Et les finances publiques d'allouer des ressources de plus en plus importantes pour couvrir cette rubrique sur le compte d'autres priorités, l'investissement et le développement... Bien entendu, le fait que l'un des principaux intrants, l'énergie, ne soit pas comptabilisé au prix coûtant faussait tous les calculs relatifs à la compétitivité, la rentabilité et les revenus à l'export. Car au final, c'est le contribuable qui assume la perte... Aujourd'hui, tout cela fait l'objet de réformes. Et le gouvernement est pertinemment conscient qu'une éventuelle levée subite de la compensation risque de s'avérer fatale si elle n'est pas bien étudiée, surtout pour certaines catégories socioprofessionnelles plutôt vulnérables. L'idée est de rationaliser l'enveloppe allouée à la compensation tout en trouvant des mécanismes d'atténuation de l'impact par endroits. Les sommes économisées devraient alimenter les budgets alloués au développement et à l'investissement ou du moins atténuer le déficit budgétaire. Certes, des effets collatéraux sur le pouvoir d'achat de la classe moyenne ne seraient pas évitables. Mais à long terme, le rééquilibrage des finances publiques ne peut qu'être bénéfique pour la communauté, pourvu, évidemment, que continue la lutte contre toutes sortes de fraudes dont font l'objet ces mêmes finances publiques.