Accroître la taille des banques tunisiennes et consolider leur positionnement à l'extérieur, tels sont les objectifs de la Tunisie qui postule à devenir une place financière régionale. Dans cette perspective, la restructuration du secteur bancaire s'impose La communication présentée par M. Mohamed Rekik, directeur général de la supervision bancaire à la Banque centrale de Tunisie lors de la clôture du séminaire organisé à Tunis par Ineum Consulting sur le thème "La reconfiguration du système bancaire pour soutenir le développement des pays émergents de la Méditerranée : exemple de la Tunisie" a, justement, permis de répondre à plusieurs questions. Dans les pays émergents, le thème de la restructuration bancaire est, actuellement, très débattu et souvent abordé. Pourquoi? A ce propos, M.Rekik souligne qu'il convient de chercher la réponse dans les nouvelles stratégies économiques de ces pays qui tendent vers une plus grande ouverture sur l'extérieur. Cela suppose de plus grandes exigences au niveau des banques pour accompagner les entreprises et répondre à leurs besoins financiers. D'après lui, le développement des marchés dans cette nouvelle configuration des économies émergentes impose obligatoirement un système financier solide et efficace. Par ailleurs, l'intégration économique dans un espace économique régional ou international est le plus souvent précédée par l'élargissement de l'activité financière dans cet espace, en tant que complément d'une base arrière locale profonde. La recherche de gains de productivité est devenue un leitmotiv partagé par tous les acteurs économiques et particulièrement par le secteur financier grâce à la libéralisation de l'activité bancaire et à la diversification des services financiers. Cette restructuration se manifeste, selon l'intervenant, à travers plusieurs manières et a pris des formes multiples qui, le plus souvent, se croisent entre elles selon les orientations stratégiques de chaque pays. Concernant les choix de la Tunisie dans la restructuration de son secteur bancaire, il a indiqué que la restructuration bancaire a toujours répondu aux orientations stratégiques arrêtées pour l'économie nationale. A ce titre, il a cité la création d'un compartiment off-shore en 1976, la création des banques mixtes tuniso-arabes, la rationalisation de l'intervention de l'Etat dans le secteur bancaire à travers la fusion-absorption par la STB de la BDET et BNDT, et la privatisation de 3 banques publiques (UIB, BS et BTK), ainsi que l'élargissement et la diversification de l'offre financière pour répondre à des besoins spécifiques, tels que le financement de leasing et la micro-finance. Des atouts certains Pour ce qui est des spécificités de l'architecture actuelle du secteur bancaire tunisien, M.Rekik a relevé que la restructuration est un processus continu et de toute configuration, émergent de nouvelles priorités et de nouvelles ambitions. Il a, dans ce cadre, mis en exergue les atouts que représente le système bancaire national qui serait, avant tout, diversifié par le nombre des institutions, les domaines de ses interventions et la clientèle cible, ce qui permet de couvrir les besoins de tous les acteurs économiques sans exclusion aucune. Il rappelle qu'actuellement, le système bancaire tunisien regroupe 43 établissements de crédit composé de 21 banques universelles de détail, 14 établissements financiers spécialisés (dont 10 sociétés de leasing, 2 établissements de factoring et 2 banques d'affaire) et 8 banques off-shore. C'est aussi un système équilibré comme le montre la structure d'actionnariat partagée entre l'Etat (26,5%), les actionnaires privés tunisiens (39,1%) et les actionnaires étrangers (34,4%) et aussi le nombre des institutions selon la nature du capital (5 banques publiques, 5 privées, 5 à capitaux mixtes et 6 à capitaux à majorité étrangère). C'est, par ailleurs, un système fortement ancré sur le marché local en tant que base arrière sur laquelle il peut s'appuyer pour accéder au marché extérieur. Cependant, ce secteur ne représente pas que des atouts. En effet, il reste fortement atomisé avec 4 grandes banques, gérant 51 % des actifs du secteur et détenant chacune une part d'actifs dépassant 10%, 5 banques moyennes accaparant ensemble 34% du total actif du secteur et 11 petites banques partageant les 15% restants du total actif. Les axes stratégiques Selon M.Rekik, 3 objectifs stratégiques sont recherchés à travers cette reconfiguration: une contribution efficace du secteur bancaire dans la réalisation des objectifs macro-économiques (surtout en matière d'impulsion de l'investissement et de l'emploi), un accroissement de l'efficience et de la compétitivité du secteur bancaire (en encourageant les opérations de rapprochement et de regroupement) et une extension de l'activité bancaire pour atteindre les pays du Maghreb et de l'Union monétaire des pays de l'Afrique de l'Ouest (Umao). Partant de ces choix stratégiques, certains axes ont été arrêtés dont l'orientation vers une fusion entre la STB et la BH, la création d'un pôle spécialisé dans le financement des PME, la création de «Tunisian Foreign Bank» , la création d'un pôle bancaire tuniso-libyen et l'encouragement de toute initiative d'exportation de l'expertise tunisienne. Dans ce cadre, l'adoption du Code de prestation des services financiers aux non-résidents ne peut qu'accélérer la réalisation de l'objectif de faire de Tunis une place financière internationale. Pour une restructuration utile M.Rekik s'est penché sur les marges de manœuvre pour une restructuration utile. D'après lui , il est évident que toute initiative de restructuration bancaire ne doit pas éloigner le système bancaire de sa mission essentielle, à savoir la continuité de financement de l'économie et la contribution à la réalisation des objectifs macro-économiques. Il est ainsi essentiel que le renforcement des capacités financières des banques soit complété par un renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles pour une maîtrise parfaite du risque. Il est, en outre, nécessaire de rester fidèle à notre tradition dans l'adoption des meilleures pratiques et standards internationaux en matière de régulation financière.