● Pourquoi il faut créer un champion bancaire ?.. ● Les spécificités du secteur bancaire : C'est un système diversifié, équilibré, fortement ancré Pourquoi parle t-on aujourd'hui plus qu'avant de restructuration bancaire dans les pays émergents ?.. En réponse à cette question, M. Mohamed Rekik, Directeur à la Banque Centrale de Tunisie, a récemment donné une conférence, dans laquelle il a surtout signalé qu'il faut chercher la réponse dans les nouvelles stratégies économiques de ces pays, qui tendent à une ouverture de plus en plus grande sur l'extérieur. Ce qui suppose des exigences plus élevées aux banques pour accompagner les entreprises et répondre à leurs besoins financiers. Ainsi, en Tunisie, cette restructuration a pris des formes multiples qui, se croisent entre elles, tels que : Le désengagement (partiel ou total) de l'Etat du secteur bancaire, l'accès des banques étrangères au marché local, l'ouverture du capital des banques, le décloisonnement de l'activité bancaire vers une diversification de la gamme des services, le rapprochement et le regroupement pour rechercher une plus grande rationalisation des ressources, etc. Les spécificités du secteur bancaire : Notre système bancaire présente certains atouts : - C'est un système diversifié : par le nombre des institutions, ce qui permet de couvrir les besoins de tous les acteurs économiques sans exclusion aucune. Actuellement, le système bancaire tunisien regroupe 43 établissements de crédit : 21 banques universelles de détail disposant d'un large réseau (1250 agences) dont 3 sont spécialisées dans la micro-finance, le financement de petites et moyennes entreprises et la finance islamique ; 14 établissements financiers spécialisés dont 10 sociétés de leasing, 2 établissements de factoring et 2 banques d'affaire ; et 8 banques off-shore. - C'est un système équilibré : comme le montre la structure d'actionnariat partagée entre l'Etat (26,5%), les actionnaires privés tunisiens (39,1%) et les actionnaires étrangers (34,4%) et aussi le nombre des institutions selon la nature du capital (5 banques publiques, 5 privées, 5 à capitaux mixtes et 6 à capitaux à majorité étrangère). - C'est un système fortement ancré : sur le marché local en tant que base arrière sur laquelle il peut s'appuyer pour accéder au marché extérieur avec. (un total actif qui représente presque une fois le PIB ; des crédits qui sont totalement couverts par les dépôts ; et une forte bancarisation de l'économie comparée aux pays similaires).Mais C'est un secteur qui reste fortement atomisé avec : 4 grandes banques gérant 51 % des actifs du secteur et détenant chacune une part d'actifs dépassant 10%; 5 banques moyennes accaparant ensemble 34% du total actif du secteur ; 11 petites banques partageant les 15% restants du total actif. Quelles perspectives de restructuration pour l'avenir ?.. : Le processus de reconfiguration du système bancaire tunisien constitue l'un des axes stratégiques du programme présidentiel. Trois objectifs stratégiques sont recherchés à travers cette reconfiguration : - Une contribution efficace du secteur bancaire dans la réalisation des objectifs macro-économiques surtout en matière d'impulsion de l'investissement et d'emploi à travers un secteur bancaire public mieux structuré, efficace et compétitif. - Un accroissement de l'efficience et de la compétitivité du secteur bancaire en encourageant les opérations de rapprochement et de regroupement. - Une extension de l'activité bancaire pour atteindre les pays du Maghreb et de l'UMAO (Union Monétaire des pays de l'Afrique de l'Ouest) en s'appuyant sur des expertises évidentes. Partant de ces choix stratégiques, certains axes ont été arrêtés dont : (L'orientation vers une fusion entre la STB et la BH en visant la réalisation des économies d'échelle et un financement plus approprié des secteurs stratégiques. Ainsi, la création d'un pôle spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises, sous la forme d'un holding qui regroupe la BFPME, la SOTUGAR et les SICAR régionales afin d'harmoniser l'intervention de ces différentes structures et de faciliter davantage l'accès au financement. (Ce pôle vise à renforcer l'efficacité du dispositif de création, de développement, d'innovation et de transmission des PME et ce, en offrant à la fois des services de financement, de garantie et de conseils aux promoteurs). Outre, la création de « Tunisian Foreign Bank» suite à la restructuration de l'« Union Tunisienne des Banques » pour renforcer sa présence en France et en Europe surtout à travers les services financiers offerts aux tunisiens résidents à l'étranger. On peut evoquer ainsi, la création d'un pôle bancaire Tuniso-Libyen à partir des banques tuniso-libyennes (ALUBAF-NAIB-BTL) et l'implantation d'une structure filiale de ce pôle en Libye. Pourquoi il faut créer un champion bancaire ?.. L'annonce en juin dernier, de la création du groupe « Moubadara » et, plus récente, de l'étude d'un projet de fusion entre la Société Tunisienne de Banque (STB) et de la Banque de l'Habitat lance le mouvement de rapprochement entre banques –pour l'instant publiques seulement- depuis longtemps recommandé par les experts. Il est opportun pour la Tunisie d'avoir des banques de plus grande taille», parce qu'elles sont actuellement beaucoup plus petites que celles de pays ayant le même niveau de développement que la Tunisie. Avoir des banques de grande taille cela permet, de «professionnaliser les processus et de prendre des risques plus importants» en matière de financement. Les grandes banques sont de «formidables ambassadeurs à l'étranger d'un pays, et la Tunisie en est privée», aujourd'hui.