Depuis le début de l'été, les clients ne se bousculent pas au portillon. La crise que vit le secteur textile ne surprend plus personne. Malgré la profusion de marchands et de boutiques vendant des articles de prêt-à-porter étrangers, les clients désertent de jour en jour les magasins qui se contentent de proposer de maigres remises de 20% à la clientèle qui rechigne à l'achat. Un jeune homme féru d'habits neufs, de marque et de qualité supérieure n'en démord pas quand il évoque une enseigne pour hommes située dans un des centres commerciaux de Tunis. «Ce magasin ne fonctionne pas normalement, il garde encore les habits d'hiver au fond de sa boutique et il n'a toujours pas exposé la nouvelle collection d'été», a relevé le jeune homme. Dans la plupart des centres commerciaux, les magasins affichent déjà des remises de 20% avant les soldes pour pouvoir écouler les stocks de vêtements de marque importés exposés sur les rayons et qui rebutent les clients à cause de leur prix trop élevé. En effet, lorsqu'il s'agit des produits importés et de grande qualité, ils se vendent peu ou mal, affirme un commerçant de prêt-à-porter qui s'inquiète de la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs. Un autre commerçant propriétaire d'une boutique dans le centre-ville renchérit: «La date des soldes a été décalée cette année par rapport à l'année dernière ce qui a poussé certaines boutiques qui vendent des vêtements importés de marque de faire des réductions en début d'été pour pouvoir écouler les articles dont le prix est élevé et inciter les clients à l'achat». Malgré l'affichage de réductions qui ne dépassent pas 20% pour certains articles, les consommateurs ne se bousculent pas pourtant au portillon. Pour la simple raison qu'acheter, à titre d'exemple, un polo à 100 ou 150 dinars même avec une remise automatique à la caisse de 20% n'est pas à la portée des bourses moyennes. En témoigne la faible affluence de ces derniers jours qui s'explique également par le fait que l'été coïncide avec le départ aux vacances des travailleurs et des fonctionnaires qui désertent la capitale pour aller séjourner dans les villes balnéaires. D'autres vendeurs de prêt-à-porter qui se réjouissent de faire de bonnes affaires se félicitent du décalage de la période des soldes car cela leur permet de continuer à écouler leurs articles aux mêmes prix. Promesse de renouveau En parcourant le centre-ville au niveau des rues Charles de Gaulle ou Jamel Abdenasser, on est saisi par la propreté des chaussées enfin débarrassées des étals anarchiques. Pas un vendeur à la sauvette à l'horizon. Ils ont tous quitté les lieux suite à la campagne de lutte contre les étals anarchiques menée par le gouverneur de Tunis. Un commerçant de chaussures et maroquinerie ne cache pas sa joie de voir la chaussée en face de sa boutique vidée des étals anarchiques alors qu'elle était, il y a quelques semaines, constamment occupée par les vendeurs à la sauvette. «Les gains générés cet été sont bien meilleurs que ceux des années précédentes, notamment depuis le début de la révolution en 2011 qui a instauré la gabegie», a souligné ce vendeur d'articles de maroquinerie qui en a profité pour raconter une série d'anecdotes amusantes sur les vendeurs ambulants qui avaient non seulement monopolisé l'espace public et qui, de surcroît, ne se gênaient pas pour dicter leur loi et imposer leurs règles aux commerçants allant jusqu'à utiliser les sanitaires des boutiques se trouvant à proximité de leurs étals. Lui, par contre, il a décidé de faire de la résistance en interdisant l'accès de sa boutique à ces vendeurs à la sauvette. «Jamais je n'ai autorisé l'un d'entre eux à accéder à mon magasin sous aucun prétexte». La plupart des commerçants de cette ruelle commerçante se réjouissent des soldes prévus le 7 août prochain qui permettront probablement de booster une activité commerciale en berne.