Les chutes de grêle du mois de juin ont achevé le reste de la récolte, détruisant le peu d'espoir qui restait pour sauver un tant soit peu la campagne des grandes cultures Chute record de la production des céréales, réduction des superficies irriguées des cultures maraîchères et baisse sensible du niveau de l'eau dans la région, tel est le topo peu réconfortant du bilan de la saison agricole 2016-2017 qui, au demeurant, n'a rien apporté aux professionnels du secteur agricole, excepté les mésaventures et la déprime. Avec un bilan pratiquement inédit pour les cultures céréalières, Le Kef a été déclaré cette année zone entièrement sinistrée, en ce que plus de 80 pour cent des superficies emblavées ont été perdues, suite à la sécheresse et la gelée printanière qui ont eu des conséquence néfastes sur la récolte encore en herbe. A cela s'ajoutent les chutes de grêle du mois de juin qui sont venues achever le reste de la récolte, détruisant le peu d'espoir qui restait pour sauver un tant soit peu la campagne des grandes cultures. Pis, les rendements ont été incontestablement négligeables avec des moyennes au-dessous de 10 quintaux par ha et même nettement en dessous, avec 3 à 5 quintaux par ha sur certaines superficies récoltées. Déjà sur les 190 mille ha emblavés, 105 mille ont été totalement détruits par la longue période de rétention d'eau de mois de mars et d'avril, excepté dans les zones en altitude où le manque d'eau ne s'est pas fait sentir comme partout ailleurs, notamment dans le sud du gouvernorat où toutes les superficies ont été totalement détruites poussant les agriculteurs et leur représentation syndicale à intervenir auprès du gouvernement pour déclarer la région zone sinistrée afin que les cultivateurs, déjà très éprouvés par le bilan de l'année 2015-2016 et fortement endettés, soient dédommagés. C'est ainsi que le président du Syndicat des agriculteurs, Abderraouf Chebbi, a lancé une alerte au gouvernement sur la déroute des céréaliculteurs et même les cultivateurs maraîchers ou autres éleveurs de bétail, et ce, suite au manque cruel d'eau et surtout, explique-t-il, en raison également de la persistance des conditions climatiques défavorables à l'activité agricole dans la région. Il a même appelé le gouvernement à effacer la dette, jugée lourde et coercitive pour les agriculteurs , mettant l'accent sur la nécessité de venir en aide aux cultivateurs comme ce qui a été fait pour les hôteliers lorsque la crise a frappé le secteur touristique en 2015 et 2016. La baisse sensible des superficies réservées aux cultures de la tomate de saison et d'arrière-saison inquiète également les agriculteurs. Elles ont été réduites de plus de la moitié avec près de 500 ha seulement contre plus d'un millier d'hectares, et ce, en raison de la baisse du niveau de l'eau dans les nappes phréatiques de la région. Ce qui a affecté le secteur de la transformation de la tomate, en poussant le principal transformateur de la région à s'approvisionner dans les régions avoisinantes (Kairouan, Sidi Bouzid, etc.) Seule satisfaction : le lancement au mois de juin de la première grande expérience de la culture de la pomme de terre intermédiaire qui mûrit au début du mois d'octobre. L'expérience pilotée par l'Allemagne va permettre la production d'importantes quantités de pomme de terre sur les hauteurs de Sra Ouertene (sud du Kef) à partir de semences allemandes. La récolte interviendra ainsi à un moment où la pomme de terre manque sur le marché, car la cueillette de la tubercule se déroule en deux temps, en juin et en novembre. D'autres parcelles de démonstration ont été cultivées dans les régions de Sakiet, Touiref et le Sers en raison de la ressemblance du climat de ces régions, avec celui de Sra Ouertene où l'expérience a donné des résultats meilleurs que ceux de l'année dernière. En gros, la saison agricole 2016-2017 n'a pas été à la hauteur des attentes aussi bien des professionnels que des pouvoirs publics, d'autant que plusieurs autres secteurs, comme la betterave à sucre et les pastèques, ont été affectés par les conditions climatiques à Jendouba, ce qui rend le bilan de cette année agricole médiocre, voire peu reluisant.