L'équivalent de 12% de la population tunisienne vit à l'étranger. La valeur des transferts de cette communauté vers la Tunisie atteint 4 mille MDT. Une grande capacité d'investissements économiques que l'Etat, à travers une batterie de mesures incitatives et de facilitation, tente de faire participer au développement du pays Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a mis en exergue l'importance de la participation de la communauté tunisienne vivant à l'étranger dans le processus du développement économique du pays et l'édification d'une IIe République démocratique, basée sur le respect des libertés et des droits de l'Homme, de la justice et de la bonne gouvernance. Il a affirmé, dans son allocution d'ouverture des travaux du Forum annuel des Tunisiens à l'étranger qui s'est tenu hier vendredi 28 juillet au Palais du Congrès à Tunis, que le dossier des Tunisiens à l'étranger revêt un intérêt capital. La réconciliation entre tous les Tunisiens et les institutions du pays après la révolution ne pouvait que pousser l'Etat à opter pour une politique participative pour débattre de ce dossier. Une batterie de mesures incitatives et de facilitation Placé sous le thème « Les Tunisiens à l'étranger, fidèles à l'identité nationale et déterminés à contribuer au développement », les travaux d'ouverture ont vu la participation de Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, ainsi que Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, et Hichem Elloumi, vice-président de l'Utica. Plusieurs représentants de la communauté tunisienne à l'étranger ont pris part aux travaux. Une batterie de mesures Youssef Chahed a évoqué le rôle crucial et important de cette communauté, qui représente 12% de la population tunisienne, dans le secteur de l'investissement (plus de 1.250.000 citoyens). Une grande capacité économique, a-t-il souligné, ajoutant que les Tunisiens à l'étranger participent au transfert, vers notre pays, d'environ 4 mille millions de dinars. Le chef du gouvernement a parlé de la nouvelle loi sur l'investissement entrée en vigueur le 1er avril 2017 et qui vise à favoriser la promotion des investissements et la création des entreprises et des emplois, ainsi que la réalisation d'un développement durable. Cette nouvelle loi offre à la communauté tunisienne plus d'opportunités et de liberté d'investissements et permet aux hommes d'affaires tunisiens établis à l'étranger d'être les ambassadeurs de leur pays. Un workshop s'est d'ailleurs tenu à ce propos après la séance d'ouverture en présence d'experts. Une stratégie nationale migratoire selon une approche qui respecte notre culture et consolide l'appartenance au pays est en cours d'élaboration, a confirmé le chef du gouvernement. Il a souligné les efforts que mène le gouvernement en vue de consolider les activités culturelles orientées vers la communauté tunisienne à l'étranger. Pour cette raison, un deuxième workshop a été aussi organisé en marge de ces travaux, avec la participation du ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine. Plusieurs mesures ont été annoncées durant le forum par le chef du gouvernement ainsi que le ministre des Affaires sociales, dont la gratuité d'entrée aux musées, la réduction de 50% sur les billets de voyage durant la période estivale, la création de centres culturels (Dar Tounes) dans plusieurs pays, la modernisation du système d'apprentissage de la langue arabe. Plusieurs partenaires sociaux œuvrent aussi, en coopération avec le gouvernement, à la création d'un conseil national des Tunisiens à l'étranger, a annoncé Youssef Chahed. Le ministre des Affaires sociales a, de son côté, insisté sur la nécessité de faire participer les Tunisiens issus de la deuxième et de la troisième génération dans la prise de décision et les recruter dans certains postes pour qu'ils puissent prendre le relais et établir le lien entre notre communauté à l'étranger et les institutions du pays. Il a annoncé l'ouverture de « Dar Tounes » à Genève (Suisse) et à Saint-Etienne (France) et en Allemagne. Marginalisation = émigration clandestine Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, s'est démarqué du discours des intervenants en s'attaquant frontalement aux raisons qui poussent le citoyen tunisien à quitter son pays et aller chercher du travail ailleurs pour se libérer de la marginalisation dans son pays et des disparités sociales. Il a évoqué le phénomène de l'émigration clandestine qui commence à prendre des proportions alarmantes ces dernières années. Ce phénomène traduit l'échec de tout un système de développement, a-t-il souligné. Plusieurs recommandations ont été formulées à l'issue du forum, dont la nécessité de soutenir les Tunisiens à l'étranger, les encourager à investir dans leur pays, leur faciliter les procédures administratives relatives à la création de projets, mieux encadrer les attachés sociaux pour qu'ils puissent informer nos citoyens à l'étranger des nouvelles lois d'investissement, et la multiplication des rencontres économiques avec les hommes d'affaires. Une cérémonie de remise de prix et d'hommage aux Tunisiens qui se sont distingués à l'étranger et dans leurs pays d'accueil a ponctué les travaux du forum. Il s'agit des jumeaux Slim et Kheireddine Kati (Suisse), Nadia Bou Othman (lauréate au bac, 20/20, en France) ainsi que Tahar Mannai qui a pu hisser le drapeau tunisien au sommet de l'Everest.