Un spectacle qui évite de tomber dans le folklorique pour accorder une grande marge à la création en déclinant le tango sur plusieurs états. On ne s'attendait pas à voir un nombre de spectateurs assez important pour un spectacle de ce genre. Nous entendons par genre le «Tango» que les Tunisiens connaissent bien mais qui n'est pas assez culturellement installé dans nos mentalités pour que cela vaille le déplacement. Mais voici que le public a relativement répondu présent. Peut-être parce qu'il y avait l'exotique qualificatif «argentina». Une Argentine qui s'est faite assez lointaine par sa présence culturelle ces dernières années en Tunisie notamment par (ne serait-ce) les manifestations cinématographiques. Un cinéma qui a marqué toute une génération de Tunisiens et qui continue à être créatif. Mais on croit savoir que les JCC réserveront un spécial Argentine cette année pour son cinéma et même pour sa cuisine. Bref nous étions contents de retrouver un peu de cette culture si porche et si lointaine de notre Méditerranée pendant la soirée du mardi 1er août au festival de Carthage. Argentina «Tango» est une comédie musicale créée et mise en scène par le Franco-Italien Alain Caro. Un spectacle qui réunit des chanteurs, des musiciens, et des danseurs qui ont fait leurs preuves dans les cabarets argentins et qui a assez tourné en Europe. Même avec des débuts timides, le spectacle à accroché le public tunisien notamment avec ses tableaux de tango chorégraphiés de manière très moderne. On a même assisté à une chanteuse d'opéra qui rythmait les pas des danseurs de Tango. Un morceau très réussi porté qu'il était par la voix de la soprano et qui a montré que cette danse pouvait s'intégrer à un art aussi élevé que l'Opéra. Le burlesque non plus n'a pas manqué dans quelques-uns des tableaux où le chorégraphe a emprunté un personnage chaplinesque pour danser le tango. Un autre personnage qui joue au «boiteux» exécutera un parfait tango sur un «ton» humoristique. Mais voilà qu'à peine une demi-heure de spectacle, une speakerine annoncera une pause de quatre minutes. Les quatre minutes dépassées, le public a commencé à s'impatienter. Pour le calmer, la speakerine annoncera que la pause sera prolongée encore de cinq autres minutes. Grande réponse narquoise du public. À raison d'ailleurs. Pourquoi ne pas annoncer tout simplement qu'il y avait des problèmes techniques ? Certains iront même jusqu'à soupçonner un conflit entre le groupe de musiciens et la direction. Tout cela en l'absence d'explication. Oui, on parle bien d'un groupe de musiciens. Car dès le début du spectacle, il y avait des instruments de musique sur scène et qui ont servi à interpréter un seul morceau. Les musiciens se sont présentés pour interpréter un excellent morceau de pure tradition argentine avant de disparaître dans les coulisses. Reprise ensuite du spectacle c'était un peu difficile de retrouver l'attention du public mais voici que les danseurs de «Boleadoras» animeront de nouveau la scène et arracheront de grands applaudissements aux spectateurs. Des spectateurs finiront par adhérer au reste du spectacle composé de tableaux de danse de tango certes mais aussi de morceaux de chants qui rendent hommage aux plus grands musiciens et poètes argentins. On aurait aimé trouver dans les décors ou dans les effets sonores les ambiances des faubourgs de Buenos Aires là où le Tango est né. Est-ce que le spectacle a réussi à passer ne serait-ce qu'un peu de l'âme argentine que nous sommes venus chercher ? Suffisamment à notre sens car on devine que son concepteur n'a pas voulu tomber dans le folklorique pour accorder une grande marge à la création en déclinant le tango sur plusieurs états.